Le rapport mère-fille est considéré par la plupart des théoriciennes féministes comme le rapport au centre d'une vie de femme ; peu étonnant alors que ce rapport se trouve au coeur de très nombreuses fictions de femmes dont ceux de Jovette Marchessault où l'empreintea de la mère est fondamentale. Dans l'ensemble de ses romans, l'autrice met en scène une mère et une grand-mère « réelles », mais aussi des mères légendaires reliées à un passé matriarcal à redécouvrir, notamment la Grande-Oursonne, créatrice du ciel et de la terre . Son théâtre fait aussi revivre des écrivaines et des artistes du passé, autant de modèles à suivre, de mères spirituelles. Les trois courts textes qui composent Triptyque lesbien tournent également autour de la mère : mère rangée de la «Chronique lesbienne du moyen-âge québécois», mère mi-soumise, mi-rebelle des «Vaches de nuit», mère libre des «Faiseuses d'anges». Tous ces textes doivent leur efficacité à la puissante convergence du réel et du mythique qu'illustre à merveille l'incipit du premier livre de Marchessault : « Je suis d'origine céleste et je suis née dans les années trente » (Comme une enfant de la terre, 1975).
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