"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Marc Martouret, jeune banquier né d'une mère russe antisoviétique et d'un père communiste français, porte en lui ces deux personnes énigmatiques dont on découvrira les secrets tout au long du roman qui nous emmène du Paris de Lénine en 1908 au Moscou de Poutine en 2015, ainsi que dans l'URSS de Brejnev pour le cinquantième anniversaire d'octobre 17. L'épopée révolutionnaire, ses héros et ses martyrs, ses exploits et ses crimes, ses nombreuses ambiguïtés, sont ressuscités au fil des pages. Trois histoires d'amour se croiseront et seule la plus improbable d'entre elles réussira. Tout le pouvoir aux soviets est aussi une réflexion, chère à l'auteur, sur les rapports entre le pouvoir politique quel qu'il soit et la littérature. Le titre est de Lénine et on doit la construction aux célèbres poupées russes.
L'histoire c'est celle d'un père, René et d'un fils, Marc. Ils ne se ressemblent pas, l'un travaille dans la finance, l'autre est un fervent communiste. Toutefois, ils sont à un passage de leur vie, où ils se reconnaissent de la situation de l'autre.
Marc vient de rencontrer une femme, en l'occurrence une Russe du nom de Tania. Coïncidence la mère de Marc s'appelle Tania et elle est également russe. La coïncidence ne s'arrête pas là. Marc, le fils de René Martouret et Tania n'est autre que l'arrière-petite-fille de Vladimir Dodikov, deux hommes qui ont partagé une amitié et plus d'un secret.
L'auteur nous raconte deux (ou plutôt trois) histoires (d'amour) en parallèle. Dans l'une, on retrouve des problématiques du présent. Dans les deux autres, on retrouve l’URSS de Brejnev, Lénine, Staline, le régime soviétique dans toute sa splendeur et sa paranoïa, avec ses énigmes, ses stratégies, ses combines politiques, ses menaces.
Les histoires se croisent, se complètent, se démentent. Le tout sous une écriture dynamique et entraînante bourrée de phrases âpres et acerbes sur différents comportements actuels ou passés. Le style vif avec des touches d'impertinences, notamment dans les dialogues qui se transforment rapidement en joutes verbales.
Marc Martouret, jeune banquier à qui tout sourit, possède le capital financier qui rend la vie si facile et le capital séduction qui fait tomber les femmes dans ses bras. En voyage en Russie, il rencontre Tania, une jeune femme qui porte le même prénom que sa mère. Il tombe immédiatement sous le charme et s’imagine déjà amoureux. Il comprend vite que Tania connait des amis de son propre père.
Car c’est à Moscou que son père, René, rencontre Tania, une traductrice appartenant sans doute au KGB, alors qu’il est en visite avec la délégation communiste française, pour les 50 de la révolution d'Octobre. René et Tania se marient aussitôt, puis partent à Paris, lui le communiste convaincu, elle l’anti communiste proclamée. C’est également là qu’il rencontre Dodikov, son guide et facilitateur, qu’il ira visiter dans sa datcha de Peredelkino. Là, il rencontre Natalia, la petite fille de Dodikov.
Dans « tout le pouvoir aux soviets, le lecteur croise aussi Lénine en exil à Paris, puis Lénine à Moscou, en 1917, la révolution russe et les bolchéviques. Enfin Poutine à Moscou, dans la Russie de 2015 où l’argent peut presque tout.
Dans ce roman, , malgré les années et les pays qui les séparent, les personnages se rencontrent et sont comme un pont entre le présent et le passé. Le lecteurs découvre une famille à travers le temps, mais avant tout des manipulations et des trahisons, des amours et des convictions. Le tout porté par une écriture incisive, une narration érudite et un contenu politique et historique bien construit.
Chronique complète ici https://domiclire.wordpress.com/2018/02/27/tout-le-pouvoir-aux-soviets-patrick-besson/
"Tout le pouvoir au Soviets" de Patrick Besson narre l'histoire de deux générations, celle de Renée Martouret (communiste français) et celle de son fil Marc, banquier, soit deux profils qui mettent en exergue l'évolution des mentalités, deux profils opposés. Au fil du récit on traverse l'histoire, de l'arrivée des Soviétiques avec l'ascension de Lénine jusqu'au « capitalisme » de la Russie d'aujourd'hui gouvernée par Poutine, le tout sur fond d’histoires d’amour. La première soviétique, la deuxième capitaliste et la troisième qui traverse les mœurs et les âges.
L'auteur possède une plume acerbe, emplie d'ironie et d'anecdotes bien placées. Il nous fait partager une âme russe, qui nous apparaît tout autant combative que paradoxale dans sa gouvernance. Ces russes aux visages fermés, dont il est difficile de cerner les intentions et les émotions (à l'instar du personnage de Tania Vassilievska, membre du KGB) se révèlent dans le récit. On y découvre deux femmes portant le nom de Tania qui traversent deux époques différentes, deux moments de l'histoire éloignés et pourtant si proches. Deux femmes qui vont chambouler le cœur de Renée et de Marc, deux femmes qui en imposent. J’apprécie par ailleurs l’importance que l’auteur leur donne, mettant en avance leur ténacité et leur force, cette force qui pousse les hommes à s’élever.
Les histoires d'amour de leur côté ne m'ont pas touchée plus que cela, un brin trop cérébrales, manquant de profondeur à mes yeux. En revanche, cela n'enlève en rien le talent de narration historique de l'auteur. Au travers de son récit, on réalise l'impact qu'a eu la dictature soviétique sur les modes de pensée d'une bonne partie du peuple russe et au-delà des frontières.
J'avoue avoir eu par moment quelques difficultés à me situer dans l’espace, je pense qu’il est nécessaire d’avoir de bonnes connaissances de l'histoire et de la construction de l'URSS afin de saisir les notes délicieusement acerbes de l'auteur ainsi que ses références littéraires.
En conclusion : oui c'est un très bon roman, bien construit, intéressant et révélateur d'une âme russe qui m'intrigue tout autant qu'elle me passionne. A lire et à relire.
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