"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
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Ode aux Clash !
J’avais feuilleté mon album photo de 1976 dans «Qu’as-tu fait de tes frères ?» de Claude Arnaud et retrouvé dans l’amphithéâtre de mes seize ans, les dérives de l’extrême gauche clandestine, les crises d’identités de l’adolescence, les drogues prometteuses et les illusions perdues.
Quand je serai grand, je ferai quoi : beatnik, mod, skinhead ou punk ?
J’avais visionné les diapositives de 1976 chez Benoît Duteurtre et son "Eté 76" et retrouvé le paradis artificiel de mes seize ans, les accords désaccordés du punk, les filles âgées de grands yeux et les désillusions apprivoisées.
Me voici survolant du haut de mes, hum, hum, cinquante ans bien tassés-passés-cassés-rangés, mes souvenirs de 1976 dans «Strummerville» de Bruno Clement-Petremann qui viennent de paraître chez mes chères Editions La Tengo.
Et là, je me suis régalé !
RE-GA-LE !
Oui mais attention, sans nostalgie camarade !
Et comme Pat, j’ai poussé dans une famille communiste et traîné mes guêtres dans les Fêtes de l’Huma à Paris.
Comme Pat, j’ai trouvé les discours trotskistes ennuyeux et trop certifiés conformes au Grand Maître Léon et préféré l’espoir triste des anars.
Comme Pat, j’ai punaisé des posters de l’iguane Iggy Pop, du Ziggy Bowie et l’étoile rouge et noire à cinq branches.
Comme Pat, j’ai traîné mes creepers dans Carnaby Street et je me suis branché sur l’air électrique du Swinging London.
Comme Pat j’ai fait le mur de mes études, un temps, pour refaire le monde.
Mauvaise herbe.
Bon, passons, je ne vais pas vous raconter ma life…
Et puis je ne suis pas Pat !
Pat, parlons-en.
1976 : finale de la Coupe d’Europe des Clubs Champions à l’Hampden Park de Glasgow : les Verts victimes des légendaires poteaux carrés predent 0-1 contre le Bayern de Munich.
Thierry Roland sévit, déjà…
Raymond Barre parle de crise, déjà…
L’immeuble où vivent Jean-Marie Le Pen, sa femme, ses 3 filles, ainsi que d’autres familles est éventré par 20 kilos de dynamite.
Pat rejoint la perfide Albion.
Ou plutôt il fuit la France, en proie aux longs ennuis où l’ombre de De Gaulle pèse comme un couvercle.
Une baston avec les étudiants du GUD qui a (très, très) mal tournée l’oblige à rejoindre la clandestinité.
Les enfants de 68 prennent du grade au Parti Socialiste (cherchez-les aujourd’hui dans les hémicycles veloutées de l’Assemblée Nationale) ou dérivent sans fin dans l’obsurantisme de l’ultra-gauche.
Action Directe sera le nouvel épouvantail : faire peur aux oiseaux de mauvaise augure du libéralisme.
«L’Archipel du Goulag» d’Alexandre Soljenitsyne est traduit en français et Patrik Modiano reçoit le Prix des libraires pour «Villa triste».
La France des Renault 8, R12 et R16.
La France du choc pétrolier.
Pat hésite : «La rondeur de ses fesses et la lourdeur de ses seins emportaient mon esprit bien loin des jeux obscurs des factions d’extrême gauche.»
Comme je le comprends.
Pat hésite : les Stones ? les Ramones ? les Buzzcoks ? les Who ?
Comme je le comprends.
Pat, dis-je, tombe, à pic, dans le Londres énervé de 1976.
Là, il va rencontrer Joe.
Non, pas Joe Dalton. Ni Joe Dassin.
Joe Strummer.
Le futur chanteur de The Clash !
Il sera roadie à tout faire du groupe : servir des bières, aller acheter des cigarettes, ravitailler en expédients, quelques bricoles…
Nous allons suivre, pas à pas, note après note, riff après riff, joint après joint, de port en port, les aventures explosives du plus grand groupe de rock de tous les temps !
Carrément !
The Clash. Joe Strummer, Paul Simonon et Mick Jones.
Un gang de rock politique au temps maudit de la Dame de fer.
Un disque mythique enregistré en deux semaines avec le producteur cinglé Guy Stevens : «London Calling» et sa pochette légendaire.
Nous allons suivre Pat : ses amis, ses amours, ses emmerdes.
Les tournées, les pubs, les squats, les enregistrements, sex drug and rock’n’roll.
Puis ce sera le clash au sein du groupe : mésententes entre égos démesurés, toxicomanie ravageuse…
Should I Stay or Should I Go ?
Mais le passé va rattraper Pat.
Les histoires d’amour finissent mal…en général.
Passage à la case prison : passer son tour pendant vingt piges !
Et le monde carcéral décrit ici fait terriblement froid dans le dos : camisole chimique, suicides, matons sadiques…
Il en connait un rayon notre auteur, Bruno Clément-Petremann,
puisqu’il exerce le métier de…directeur de prison !
Un romance échevelée, «amphétaminée», (désen)chantée à l’imparfait.
Un extrait de notre Histoire de France, un morceau de l’Histoire du rock.
J’applaudis. Bis. Rappel.
Exclusivement réservé aux fans de The Clash et aux enfants de Giscard !
Purement et simplement conseillé aux communs des mortels…
Ce premier roman vient d’obtenir le Prix Première Impression 2012.
J’ai encore fait trop long…je vous laisse, le temps de ressortir votre platine disque du grenier et de dépoussiérer vos vieux vinyls, et on se retrouve pour la suite du livre…
J’ai fait trop long, long comme un morceau sans fin de The Cure.
«Les groupes de ska éclataient en ville et soufflaient un peu de fantaisie et d’énergie sur la new-wave noire et froide.»
Comme le temps passe vite…
Z’écoutent quoi aujourd’hui les d’jeunes ?
Hasta la victoria siempre…
J’ai a-do-ré, vous dis-je !
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