"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« J'aimerais tellement pouvoir appeler Oma et lui poser des questions.
«À quel numéro ?» me demanderais-tu sans doute. Cela fait effectivement plus de trente ans que je n'ai pas pu lui parler. Mais le numéro de téléphone, ce n'est pas un problème. Je le connais encore par coeur. En revanche, il ne me vient à l'esprit qu'en portugais : meia-um-sete-zéro-meia-sete. 617067. Tu vois, j'ai une bonne mémoire. » À l'aide de lettres adressées à un frère qui ne répond jamais, Mathilde revient sur ses pas, de la Suisse où elle habite aujourd'hui, elle part retrouver le charme de São Paulo, de la chaleur brésilienne, le bruit assourdissant de la trop grande ville qui chante à ses oreilles, avec bonheur. Ce pays ou ses grands-parents allemands, fuyant la crise des années 1920, sont arrivés et où elle-même a passé son enfance.
Quand commence la saudade - mot portugais qui exprime une mélancolie empreinte de nostalgie -, ce sentiment qui transforme les souvenirs de Mathilde en regrets ? Mirage de l'enfance ? Déception de l'âge adulte ? Ursula Sila-Gasser nous livre ici un subtil texte sur les illusions et les éternels recommencements de la vie. La saudade devient une musique qui amène au bonheur intime.
"Les cris de papa continuent à me paralyser. Ils me remplissent de honte et font de moi une moins-que-rien. Mais même quand je suis moins que rien, j'ai encore l'impression que c'est trop. M'évaporer dans les airs ou m'enfoncer dans la terre, ce sont les seules chances de salut qui me restent quand mon père hurle en me fixant de ses yeux rouges."
Un premier roman réussi et dont j'ai pris plaisir à lire.
Je me suis laissée porter par l'histoire, m'imprégnant doucement des personnages.
Un récit qui m'a fait voyager entre l’Allemagne, le Brésil et la Suisse.
Un vrai dépaysement et une immersion culturelle qui m'a beaucoup plu.
J'ai particulièrement aimé les thématiques abordées par l'auteure.
Elles sont traitées judicieusement et d'une manière habile.
- L'absence d'amour et de dialogue au sein d'une famille.
- Le manque de considération
- La mise à l'écart
- Les différences
- Les non-dits.
C'est pourquoi j'ai apprécié cette lecture car Ursula Sila-Gasser arrive à mettre en avant, d'une manière subtile et réaliste, les répercussions que cela peut avoir sur un enfant en mal d'amour.
Les dommages sont irréversibles, laissant des traces indélébiles.
Se construire et s'épanouir deviennent alors très difficiles.
Mathilde, est très attachante. Elle nous raconte son parcours de vie en jonglant entre des lettres adressées à son frère et ses souvenirs qu'elle se remémore.
On ressent ses frustrations.
Elle souffre de ne pas avoir les mêmes souvenirs et les mêmes ressentis que sa famille, des événements passés durant sa jeunesse.
Comme un déni ! Ses parents et son frère n'acceptent pas la situation et ne veulent pas légitimer ses souffrances.
Elle se sent torturée et écartelée.
Sa propre famille serait-elle toxique ?!
Alors Mathilde décide de ne plus se taire, et choisit de raconter...
Pour peut-être enfin se libérer...
Un roman pertinent qu'il ne faut pas hésiter à découvrir.
"Permettez-moi aussi de vous adresser une prière: si vous apercevez en vous ou autour de vous, un enfant, petit ou grand, en manque d'amour, pensez que toute marque d'attention pourrait l'aider à sortir d'un cercle infernal. Juste y penser. Et surtout n'oubliez pas l'enfant en vous. Aimez-le d'autant plus fort que c'est peut-être lui qui en a le plus besoin."
https://leslecturesdeclaudia.blogspot.com/2019/03/saudade.html
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !