"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Raisonnons un peu.
Nous sommes tous enclins à considérer comme impénétrables les êtres que nous ne comprenons pas. C'est le cas en Chine. C'est le cas ici. Rien que l'aspect suffit à nous abuser. Ils ne s'habillent pas comme nous, donc ils sont différents. Mais est-ce bien certain ? Si je commence par débarrasser ces inconnus de leurs oripeaux - caftans, djellabas, burnous -, et si je donne aux personnes et aux choses de simples noms de chez nous, tout aussitôt paraît moins compliqué.
Un taleb, c'est un étudiant, la medersa le collège, et attarine peut se traduire par épicier. Je me trouve alors en présence de personnages dont je connais les réactions. Un petit provincial qui prépare sa licence a remarqué, par la fenêtre, la femme du boutiquier du coin et se demande comment il pourra l'approcher sans tomber sur le mari. Il ne reste qu'à combiner un premier rendez-vous à la fontaine Médicis, qui s'appellera bassin de l'Aguedal.
Le procédé est vulgaire, mais il rapproche de la vérité. C'est tout cet orientalisme de bazar qui nous trompe. La guitare en coulisse, l'esclave noir aux aguets, l'odeur de jasmin. Ils s'aiment, voilà tout, et notre ignorance seule nous pousse à embrouiller leurs sentiments.
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