"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Carvin, la trentaine, est ouvrier mécanicien dans une usine du Nord. Sa femme Chantal, lasse de la dureté de cette vie, le quitte avec leur fille. Anath est la DRH de l'usine. Quand l'usine est brutalement fermée par des actionnaires américains, la tempête qui se lève unit les destins de Carvin et d'Anath... C'est dans la lutte pour une nouvelle vie qu'ils vont apprendre à se découvrir.
Quelle extraordinaire fresque sociale a réussi, une fois de plus, Gérard Mordillat, en écrivant "Rouge dans la brume" ! Dans ce livre, il y a tous les drames qui bouleversent notre société dévorée par un capitalisme sans scrupule, cette « doctrine économique reposant sur l’exploitation des plus faibles par les plus riches. »
"Les vivants et les morts" nous avait enthousiasmé par sa justesse et sa force mais il faut reconnaître que, dans ce roman écrit six ans plus tard, cet écrivain prolifique qui est aussi un réalisateur talentueux, a réussi une œuvre encore plus forte et plus complète.
L’action se déroule dans le Nord. Carvin en est le moteur et le héros. Comme un symbole, tout commence en pleine tempête alors que tout le personnel de Mékamotor vient de recevoir une lettre annonçant la fermeture de leur usine, courrier expédié avec un timbre de la Saint-Valentin !
Chantal, l’épouse de Carvin veut divorcer. Elle affirme : « Pas de combat, pas de lutte ! Du confort, de l’argent, de la tranquillité. » Tout l’opposé de ce qui motive son mari. L’auteur mène en parallèle les vies familiales et amoureuses de ses personnages, leur activité professionnelle et la lutte pour préserver un emploi menacé : « Leurs actions sont pilotées par la colère d’être foutus à la porte alors qu’ils font bien leur boulot et que l’usine est rentable. »
Weber, délégué CGT, demande à Carvin d’être le porte-parole des ouvriers de cette entreprise dont le groupe, trois mois auparavant, a reçu 55 millions d’euros d’aide de l’État, plus 2 000 € de la municipalité… Pour Carvin, il n’est pas question de se battre pour de meilleures indemnités : « … se mettre sur le terrain de l’argent, c’est se placer sur le terrain que les patrons préfèrent… Réclamer une prime, c’est signer notre défaite avant même d’avoir mené la bataille. » Il s’agit d’abord et avant tout de conserver son travail et sa dignité.
Toute l’histoire est d’une justesse extraordinaire. Il faudrait recopier des pages entières lorsque chacun développe ses arguments. Le mot « fatalité » doit être rayé du vocabulaire et les dirigeants ne brillent pas par leur courage, ceux qui décident étant aux États-Unis, sous le couvert d’un fonds de pension.
Régulièrement, l’auteur intercale des « Paroles de dirigeants » et c’est édifiant de lire ces déclarations authentiques signées Sarkozy, Brousse (Medef), Hamon, Estrosi, Dassault, Parisot, Copé, Woerth, Trichet, Cohn-Bendit, Lagarde, etc… Tout cela nous rappelle que nous ne sommes pas dans la fiction mais dans ce que vivent ou ont vécu tant d’hommes et de femmes, bernés par de fausses promesses et niés dans leur humanité.
Maîtrisant parfaitement le suspense et l’enchaînement des faits et des actions qui voient les ouvriers en lutte de trois usines différentes se retrouver sur le terrain malgré leurs divergences, Gérard Mordillat montre aussi le rôle joué par les médias, la police et les sociétés dites de sécurité, sans oublier de révéler ce que cachent les discours officiels faussement rassurants.
Comment peut se terminer une telle histoire vécue au plus près des dégâts commis par « une doctrine économique reposant sur l’exploitation des plus faibles par les plus riches » ? Pour le savoir, il suffit de se plonger dans "Rouge dans la brume", un livre qui, avec ses 434 pages, se dévore trop vite.
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Ce livre c'est avant tout un cri du cœur, il nous raconte l'histoire de Carvin, la trentaine, qui travaille comme ouvrier mécanicien dans une usine du Nord. Cette usine doit fermer car d'après le groupe américain qui la gère elle n'est plus rentable. 400 personnes vont se retrouver sans emploi. Carvin décide de s'engager dans un bras de fer avec ses employeurs. Mais sa femme, Chantal, ne supporte plus la vie qu'il mène, elle décide donc de partir avec leur fille de quatre ans chez sa mère. Un coup dur pour Carvin qui lui donnera d'autant plus de rage dans sa lutte puisqu'il n'aura rien à perdre. Dans son combat il va rencontrer Anath qui est la DRH de l'usine, même si au départ tout les opposent, elle va très vite s'engager auprès de lui dans cette bataille. Chacun trouvant l'un dans l'autre la force nécessaire pour avancer. Comme ils ne sont pas les seuls à subir un plan social, ils vont vite s'unir avec d'autres usines pour donner de la force à leur mouvement.
On retrouve le parfum du roman "des vivants et des morts" du même auteur dans cet ouvrage. L'auteur dénonce, avec beaucoup de talent, un système qui oppresse de plus en plus les salariés au profit des actionnaires. Avec force et courage il nous démontre l'absurdité d'un système, n'hésitant pas à mettre dans le même panier le patronat, les syndicats et l'Etat, qui abandonnent les hommes et les femmes qui vivent ses situations. Il nous donne avec lucidité un regard différent sur des faits qui sont toujours d'actualité.
Même si on peut regretter de retrouver un scénario similaire à "des vivants et des morts", l'auteur nous prouve que ces luttes sont toujours le quotidien de nombreuses personnes. Ce livre est différent et il nous offre un autre regard à travers cette fiction. Un roman à lire sans tarder...
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