"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
En 1855, dans le petit village toscan de Montechiarro, le père Baldassare gravit le chemin de la prestigieuse villa Bosca en compagnie du tout jeune orphelin Adriano Lungo. Cet immense domaine est la propriété du comte Bonifacio Della Rocca, père d'un petit garçon et abandonné par la femme qu'il aimait éperdument : la princesse Lætitia Malcessati.
En 1919, la crise économique frappe l'Italie. Agnese, la petite-fille du comte Della Rocca, se voit contrainte d'épouser un fils de notable aussi obtus que violent, Salvatore Coniglio, afin de sauver la propriété familiale.
En 1978, Lætitia, l'arrière-arrière-petite-fille de la princesse Malcessati, revient à Montechiarro, ignorant tout des cinq générations de femmes qui s'y sont battues et y ont souffert le pouvoir absurde des hommes en quête de vaines révolutions. Le Risorgimento, le fascisme, les années de plomb : chacune de ces trois périodes clés de l'histoire italienne sert de cadre à cette magnifique saga où les femmes cherchent à être heureuses et à rendre heureux, tandis que les hommes aspirent à conquérir le pouvoir et la gloire par la force, la ruse ou l'argent.
Au centre de ce tryptique dont le souffle et le charme nostalgique ne sont pas sans rappeler le grand roman de Tomaso di Lampedusa, Le Guépard, s'imposent les personnages d'Agnese Della Rocca et Sébastien Morgan, photographe et bourlingueur de l'histoire contemporaine, qui tenteront tous deux désespé-rément de mettre un terme à la malédiction qui semble peser sur ce pays et sur ses habitants.Vincent Engel est un jeune professeur de littérature à l'université de Louvain (Belgique). Son dernier roman, Oubliez Adam Weinberger, vient de recevoir le prix Sander Pierron de l'Académie royale de langue et de littératures françaises de Belgique, et fait l'objet de plusieurs traductions.
Il y a vingt ans de cela, j’avais lu Retour à Montechiarro, et j’en gardai un souvenir ébloui.
Un proche m’a offert « Vous qui entrez à Montechiarro » et, avant d’ouvrir ce volume, j’ai voulu me rafraîchir la mémoire.
Côté personnages, j’avais en souvenir Bonifacio Della Rocca et son fils Domenico, le père Baldassare, Agnese, Sebastien ; les lieux : Venise, la Toscane, m’avaient marqué au point de susciter un voyage en Toscane.
Par contre, je n’avais pas du tout gardé en mémoire la trame historique et, pourtant, celle-ci est une donnée essentielle.
Montechiarro conte le destin d’une famille toscane à trois époques tourmentées de l’histoire italienne.
1855 durant le Risorgimento, de 1919 à 1943 avec le déploiement du fascisme et la terreur qui s’ensuit et, enfin, 1978, pendant le tumulte des années de plomb.
J’ai vainement recherché mes notes de première lecture parce que je me posais la question suivante : étais-je passée à côté de la trame historique en me concentrant sur les aspects romanesques, les drames familiaux, l’héritage généalogique, la malédiction transmise de générations en générations.
Cette seconde lecture m’a donné l’occasion d’approfondir cet aspect et de découvrir l’impact d’une Histoire qui brise êtres et lieux dans ses secousses.
A propos du personnage de Salvatore Coniglio me reviennent ces propos d’Olivier Abel, philosophe et d’un ami qui, s’il me lit, se reconnaîtra : « L'humiliation a des effets plus profonds que la violence. L'humiliation engendre les guerres du futur. Il ne s'agit pas ici seulement de la loi du talion, car la revanche de l'humiliation se veut totale. L'objectif est de détruire l'autre, de dévaster la reconnaissance. »
Umberto Coniglio s’est maintes fois senti humilié face à Bonifacio Della Rocca et à d’autres bourgeois ou notables de la région, son petit-fils, Salvatore est marié à Agnese, la petite-fille de Bonifacio…pour sauver le domaine familial des Della Rocca. Son père n’a guère d’estime pour lui, sa femme lui montre son dédain…il sera un vaillant capo fachiste et causera beaucoup de mal au village et, en particulier au libraire, ami de son épouse et homosexuel. L’humiliation ressentie par deux générations devient, la bêtise aidant, une haine ravageuse et funeste.
C’est Agnese, personnage féminin lumineux de la seconde période qui sera la victime expiatoire de la haine de Salvatore.
Je ressens Agnese comme un personnage central du roman, elle porte un lourd héritage et s’efforce- en vain-d’en préserver ses filles. J’avais d’ailleurs gardé ce personnage en mémoire.
Retour à Montechiarro est un roman extrêmement bien construit, aux thèmes multiples.
Il est aussi très instructif parce richement documenté à propos de l’histoire de l’Italie.
Les ressorts du récit romanesque sont très fouillés, la psychologie des personnages solidement forgée expliquant leurs réactions aux affres de l’histoire et les rapports entre eux. Il y a aussi la transmission de générations en générations qui voit certains personnages porter la malédiction des errances de leurs aïeux.
Attention, cette histoire est marquée du sceau de la violence, lorsque l’Histoire secoue une nation, les démons sont toujours prêts à surgir.
Comment ne pas évoquer le mystérieux personnage d’Asmodée qui apporte une touche fantastique, mythique à ce récit.
Je crois malheureusement ma chronique impuissante à rendre toute la magie de cet ouvrage, c’est avec grand respect que je salue son auteur et que je vous invite à cette lecture quelque peu exigeante.
Les 23 h d'écoute de ce 1er tome du Le Monde d'Asmodée Edern (en réalité le 2ème) m'ont paru encore trop courtes et je n'ai qu'une envie, retrouver cette plume légère qui dépeint des paysages qu'on devine superbes et des personnages attachants sur fond de drame historique.
Retour à Montechiarro par Vincent Engel, lu par Philippe Caulier, VOolume, 2023 (1ÈRE édition : Fayard 2001)
Ma deuxième incursion dans le cycle toscan de Vincent Engel intitulé « Le Monde d'Asmodée Edern». Vous qui entrez à Montechiarro m’avait laissé une impression en demi-teinte ; non seulement, il me manquait des tenants et aboutissants puisque, encore une fois, j’avais abordé une série par le dernier volume mais, en outre, l’auteur m’avait souvent égarée en route : je perdais mes repères et, régulièrement, le fil du récit ; j’avais aussi du mal à m’attacher aux personnages…
Retour à Montechiarro est le second volet de la série (ne riez pas : je m’améliore !)…
Cette fois, je m’attends à retrouver Asmodée Edern, cet étrange vieil homme qui traverse les siècles dont le nom évoque un démon biblique et qui agit sur les êtres qu’il rencontre à la manière d’un révélateur.
Et j’ai éprouvé un réel intérêt pour les personnages, surtout les femmes, qui évoluent dans ce roman… En 1849, dans une Venise en ruines reprise par les Autrichiens, Asmodée Edern bouleverse la vie du comte Bonifaccio Della Rocca, venu célibataire de Montechiarro, et qui repartira en Toscane, marié à l'énigmatique Laeticia Malcessati. En 1919, dans l'Italie en proie à la crise économique, Agnese, la petite-fille du comte Della Rocca, se voit contrainte, pour sauver la propriété familiale, d'épouser le riche Salvatore Coniglio, aux sympathies fascistes déclarées. Son amitié avec un libraire homosexuel et sa rencontre avec le photographe Sébastien Morgan bouleverseront sa vie. En 1978, Laetitia revient à Montechiarro. Elle est la descendante directe de la première Laetitia, celle dont la fuite a désespéré, cent trente ans plus tôt, le comte Della Rocca… Une saga féminine donc pour traverser plusieurs générations : trois volets, trois époques.
Des contextes historiques que je maitrise mieux : la première guerre d’indépendance italienne, la dictature mussolinienne, le terrorisme des Brigades rouges…
Le monde d’Asmodée Edern me fait un peu penser à La Recherche du temps perdu de Marcel Proust… Des périodes qui se chevauchent, des personnages récurrents et des problématiques communes aux différents récits.
Pour moi, les mêmes difficultés à m’approprier les romans.
Cette fois, cela a beaucoup mieux fonctionné pour moi. J’ajoute que cette version audio, lu par Philippe Caulier, est une belle réussite.
Pour autant, je ne suis pas certaine de lire tous les romans de la série… Mais, grâce à mon partenariat avec les éditions VOolume, Le Miroirs des illusions est déjà dans ma PAL.
Une fresque historique évoquant l'histoire mouvementée de l'Italie entre 1850 et 1978 à travers trois générations d'une même famille, les Della Rocca de Venise à Montecchiaro en Toscane.
Un gros roman avec des moments super intéressants et d'autres un peu longs à mon goût.
Tout un pan de l'histoire de l'Italie ; ça ferait un magnifique film historique. De plus, les personnages sont formidables. Après ce livre, comment ne pas avoir envie de partir en Toscane ?
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