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L'autofiction est une projection de soi sur le papier. Mais de nombreux écrivains à la première personne ont accepté, choisi ou revendiqué de se projeter sur des écrans, qu'il s'agisse de cinéma, de vidéo ou de télévision. C'est à eux qu'est consacré cet ouvrage, qui invite à un voyage inédit au coeur de la littérature et de ses liens avec l'image en mouvement.
Même si le terme « autofiction » n'a été créé qu'en 1977 par Serge Doubrovsky, Élise Hugueny-Léger débute sa réflexion avec les Nouveaux romanciers, Alain Robbe-Grillet en tête, et Marguerite Duras. En effet, ces derniers ont fait de leur vie la matière première de leur écriture et se sont laissés tenter par l'aventure cinématographique, réalisant eux-mêmes plusieurs films.
D'autres, comme Sophie Calle ou Georges Perec, ont mis au centre de leurs oeuvres écrites et filmées les figures de la filature ou de la disparition.
C'est plutôt la quête de soi et de ses origines qui semble animer tant les livres que les documentaires d'Emmanuel Carrère, sans que le romanesque soit jamais loin.
Certaines comme Annie Ernaux (dont l'apparition chez François Busnel le 4 mai dernier est évoquée) ou Christine Angot, sans prendre elles-mêmes la caméra, ont vu leurs textes adaptés à l'écran.
Et d'Amélie Nothomb à Delphine de Vigan, de Jean-Philippe Toussaint à Chloé Delaume, d'autres passent outre le mépris intellectuel pour l'écran de télévision afin d'en faire le lieu d'élaboration de leur personnage autofictionnel, prenant ainsi part à la société du spectacle selon des modalités qu'ils définissent eux-mêmes.
Autant de manières, donc, de questionner la notion d'identité, entre mots et images.
Cet ouvrage érudit nécessite un temps d’adaptation pour entrer dans le sujet, mais à partir du moment où les exemples sont analysés, la compréhension s'affine.
Afin de donner une définition claire des termes concernant la projection de soi, l’autobiographie et l’autofiction (mot né en 1977, officialisé en 1982-84) et d’en préciser l’évolution, l’autrice étudie en parallèle écrivains et écrivaines qui ont, d’une manière ou d’une autre, utilisé les médias (écrans télé-visuels (photographie et télévision)), cinématographiques ou documentaires (films ou émissions) pour créer une image d’eux ou d’elles-mêmes en lien avec leurs œuvres.
Depuis la seconde moitié du XXe siècle principalement jusqu’à nos jours, cette notion a progressé entre un effet (assumé ou non) de réel et un jeu identitaire complexe. Ce qui relevait auparavant du pacte d’un « moi unifié » (contraint par des règles de sincérité, au langage cohérent, qui fixe la mémoire) s’affiche aujourd’hui comme un exposé fragmentaire instable et parfois fantasmé, incarnant de multiples facettes.
J'ai apprécié cette analyse pratiquée sur des exemples concrets et contemporains.
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