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Cette présentation générale de Pétrarque veut avant tout donner un tableau simple et cohérent de sa vie et de ses oeuvres, mais elle est aussi animée par l'ambition de mettre fin à une vieille position schizophrénique : celle qui reconnaît en Pétrarque le plus grand intellectuel de son temps et le « père » de l'humanisme européen, et qui en même temps renie tout cela et le limite à l'activité d'un poète concentré exclusivement sur son expérience amoureuse et sur les tourments d'un être faible, égoïste et vaniteux. Cet essai contribue à corriger cette image fausse en montrant que le grand intellectuel n'est pas différent du grand poète. La pensée de Pétrarque a non seulement, plus que toute autre, ouvert la voie à la modernité, mais elle a nourri en profondeur sa poésie ;
D'autre part sa sensibilité et sa minutieuse expérience des sentiments ont donné aux thèmes de sa pensée, et disons même à sa philosophie, une vibration et une vérité tout à fait neuves.
Pétrarque a jeté les fondements d'un « sentiment du temps » destiné à révolutionner, pendant les siècles suivants, toute l'expérience lyrique européenne ; il a lutté longuement contre la philosophie scolastique, imposant le culte de Platon à la place de celui d'Aristote et substituant à saint Thomas le modèle de saint Augustin ; il a réaffirmé la primauté de l'éthique et a élaboré une notion de la philosophie comme « mode de vie », anticipant en quelque sorte l'enseignement de Pierre Hadot ; il a conçu une idée de l'individu comme témoin de sa propre histoire, et de son droit au bonheur qui en soi ne coïncide pas du tout avec le développement des connaissance scientifiques et n'est pas garanti par le pouvoir politique, etc. Sa connaissance du monde antique et son activité philologique ne définissent pas un champ d'érudition qui a en lui-même sa propre fin, mais font partie d'une oeuvre « civilisatrice » que l'Europe réclamait et pour laquelle elle était mûre : il a été le seul à le comprendre et donc à pouvoir répondre aux profondes tensions de son époque. Il a été, en outre, un précurseur de génie là même où n'arrivaient pas ses connaissances : comme les hommes de son temps, il ignorait le grec mais a tout misé sur Platon et a gagné ce grand pari ; il a été le premier à vouloir à tout prix faire traduire Homère, que tout le monde prétendait admirer comme le roi des poètes mais que personne ne se souciait de lire. Et la liste est encore longue.
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