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Par désir de paraître,déni du passé,pour cause d'inertie, de lâcheté,quelquefois par désespoir ou générosité,des gens ordinaires empruntent ces Passages d'enfer générés par l'ordre social.Didier Daeninckx, caustique, sensible et drôle, épingle les démissions et les copromissions de la folie quotidienne. Son insolence dynamite les leurres, les impostures et les illusions que nourrissent notre société et nos aliénations.
Dans Passages d'enfer, Didier Daeninckx nous offre vingt-et-une nouvelles dont le point commun comme le titre l'indique est la traversée par des êtres, souvent, somme toute assez ordinaires, de moments impitoyables générés par notre société.
Dans ce recueil, où, presque chacune des nouvelles présente un grand intérêt, quelques-unes m'ont particulièrement frappée. C'est le cas par exemple de la première intitulée "Le salaire du sniper" qui débute par cette phrase tellement parlante "Il n'y a rien de pire qu'un conflit qui s'éternise". Quelque part en Europe de l'Est, deux journalistes français couvrent un conflit armé depuis quatre mois, lorsque leur directeur du service étranger les appelle de Paris. La part d'audience du journal baisse et même s’ils tentent de lui faire comprendre "qu'on ne va pas faire exploser l'audimat avec un conflit aussi enlisé que celui-ci ! Il faut être là au cas où ça pète parce que les éclats arroseront l'Europe entière...", ce dernier leur demande de trouver une solution... Et voilà nos hommes partis à la recherche d'images chocs qui coûteront la vie à un innocent.
Un texte fort et ironique sur la manipulation de l'image pour des spectateurs assoiffés de toujours plus de sensationnel. Paru en 1999, ce livre est toujours criant de vérité !
Dans "Détour de France", Didier Daeninckx nous conte l'histoire de ce fils qui pour offrir un dernier cadeau à son père mourant va prendre un risque qui lui sera fatal. Une histoire délirante, pleine d'humour et tellement bouleversante.
Une troisième nouvelle m'a particulièrement touchée, c'est "Zigzag men". Le sujet choisi est la guerre d'Algérie et plus précisément les tortures qui ont pu avoir lieu durant celle-ci, l'occasion pour l'auteur, par l'intermédiaire d'Amar de poser la question : "attendre cinquante ans pour dire la vérité ?"
Toutes les nouvelles ont un thème différent et dans chacune sont évoqués des gens discrets confrontés à la réalité sociale de l'époque. Elles sont à la fois ironiques, acides, époustouflantes, caustiques et tellement émouvantes et bouleversantes !
Réussir en quelques pages à construire une histoire à l'intrigue palpitante dans un contexte social fort avec une chute à chaque fois stupéfiante et inattendue, c'est ce qu'a réalisé Didier Daeninckx dans Passages d'enfer.
À noter que la dernière nouvelle porte le nom de Passage d'Enfer où elle se déroule, une voie du 14ᵉ arrondissement de Paris située entre le boulevard Raspail et la rue Campagne-Première.^
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
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