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On va revoir les étoiles

Couverture du livre « On va revoir les étoiles » de Emmanuel Serot aux éditions Philippe Rey
Résumé:

C'est un voyage ni prévu ni voulu qui attend le narrateur lorsqu'il place ses parents dans une maison de retraite. Puisque sa mère ne sait plus où elle est et que son père commence à se perdre dans les méandres de son fleuve intérieur, il les éloigne pour toujours de leur demeure provençale, le... Voir plus

C'est un voyage ni prévu ni voulu qui attend le narrateur lorsqu'il place ses parents dans une maison de retraite. Puisque sa mère ne sait plus où elle est et que son père commence à se perdre dans les méandres de son fleuve intérieur, il les éloigne pour toujours de leur demeure provençale, le rêve de leur vie. Visite après visite, il puise auprès d'eux ce qu'ils ont été, des parents vaillants et solides. Dans le village où plus rien ni personne ne l'attend, il recherche son enfance aux étés gorgés de soleil, et des réponses à cette question lancinante : « Pourquoi n'avons-nous rien vu venir ? » Malgré son chagrin et son désarroi, il trouve dans ce lieu de vie de la délicatesse et du dévouement, du réconfort pour ce qui n'est plus, des baisers, de l'amour aussi.

Dans ce premier roman à l'écriture limpide et poétique, Emmanuel Sérot montre avec beaucoup de sensibilité comment, à partir des difficultés quotidiennes du vieillissement, les mots peuvent faire surgir une souriante humanité : celle des soignants, des enfants devenus adultes et pétris de nostalgie, des parents eux-mêmes dont la fragilité touche profondément le lecteur. Car c'est lorsqu'on pense aborder ses toutes dernières longueurs que la vie peut réserver bien des surprises...

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Avis (3)

  • Magnifique livre ; un sujet grave décrit avec beaucoup de poésie et de délicatesse

    Magnifique livre ; un sujet grave décrit avec beaucoup de poésie et de délicatesse

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  • Il m’est très difficile de parler de ce premier roman d’Emmanuel Sérot tellement j’ai été bouleversée et touchée au plus profond.
    Le narrateur raconte avec une grande mélancolie poétique le départ de ses parents, octogénaires, en maison de retraite, qui ne pouvaient plus rester chez eux, de...
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    Il m’est très difficile de parler de ce premier roman d’Emmanuel Sérot tellement j’ai été bouleversée et touchée au plus profond.
    Le narrateur raconte avec une grande mélancolie poétique le départ de ses parents, octogénaires, en maison de retraite, qui ne pouvaient plus rester chez eux, de façon autonome ainsi que leur éloignement progressif de la vie, son père étant atteint d’un probable Alzheimer même si la maladie n’est jamais nommée précisément et sa mère étant dépendante et aphasique depuis plusieurs années.
    Le roman est tellement vrai, tellement proche de ce que chacun a pu vivre ou va vivre, qu’il en devient un récit universel. La peine de voir ses parents devenir vulnérables, fragiles alors qu’ils étaient nos rocs lorsque nous étions enfants, voire adultes remue le cœur et les tripes. C’est avec des larmes au bord du cœur qu’on les voit doucement s’éloigner de nous et d’eux-mêmes. L’auteur compare souvent ses parents à des enfants et il évoque une boucle qui nous ramène de la vieillesse à l’enfance.
    Les mots sont tellement justes et poétiques à la fois lorsque l’auteur parle de petits renoncements successifs, de rétrécissements imperceptibles qui conduisent nos parents à un repli sur eux-mêmes, qui limitent leurs interactions sociales. La perte de raison de son père est joliment nommée « la navigation sur son fleuve intérieur ».
    Et pourtant sur le chemin de la mort inéluctable, de la perte de ceux qui nous sont les plus chers, scintillent, comme des étoiles, de petits moments de bonheur que l’auteur enferme bien au chaud dans son cœur comme le goût frais de morceaux de pruneaux dégustés ensemble, un échange de sourires, le retour pour une journée dans la maison familiale. Ce roman est baigné d’un amour très doux d’un fils pour ses parents au point d’essayer des les rejoindre dans leur monde et non de les faire revenir à lui.
    Ce livre est également un hommage au personnel dévoué, attentif et humain des EHPAD, essayant d’apporter confort, soutien, voire tendresse à chaque résident.
    Aucun pathos, aucun sentimentalisme, juste une infinie tendresse pour ceux qui ont permis à l’auteur de devenir l’homme qu’il est aujourd’hui et qui s’éloignent sans retour possible. Ce texte aide à moins redouter ces moments et éclaire d’une lueur moins sombre cette épreuve de la fin de vie de ses parents.
    Je remercie Notre Temps et les éditions Philippe Rey que je ne connaissais pas, pour m’avoir offert ces moments d’émotion et de tendresse ; ce roman restera longtemps en moi comme une petite musique apaisante.

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  • « Quand cela a été mon tour, le premier soir où j’ai laissé mes parents, j’ai enfoui mon visage dans l’épaule de ma mère qui m’arrive à peine à la poitrine. J’ai mélangé mes yeux mouillés au parfum de ses cheveux un peu en vrac. Puis deux aides-soignantes souriantes ont pris chacune mes parents...
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    « Quand cela a été mon tour, le premier soir où j’ai laissé mes parents, j’ai enfoui mon visage dans l’épaule de ma mère qui m’arrive à peine à la poitrine. J’ai mélangé mes yeux mouillés au parfum de ses cheveux un peu en vrac. Puis deux aides-soignantes souriantes ont pris chacune mes parents bras dessus, bras dessous pour les emmener dîner, leur premier repas dans ce lieu que j’avais tant redouté pour eux. »
    TZnt redouté, mais devenu réalité. Les parents du narrateur ne sont plus autonomes, ne sont plus capables de vivre sans assistance. Sa mère est à l’hôpital, l’Alzheimer de son père n’est plus une douce fantaisie, mais bien une vie parallèle. « Je le laisse partir dans ses fameux méandres. Je l’accompagne même autant que je peux et j’attends de pouvoir le récupérer quand il reviendra vers mes rivages. Là où nous pouvons parler de la vraie vie, de mes enfants, mon métier, sa maison de pierres et de tuiles marseillaises, des menues tâches que j’y accomplis, les formalités administratives du moment. Mais Vite, ne perdons pas de temps dans ces instants volés, il repart si facilement de l’autre côté du miroir. »
    Il faut désormais prendre la direction d’un établissement spécialisé et laisser derrière lui la maison familiale, témoin de toutes les vies qui ont grandi là. « Le vrai problème, c'est l’absence. Pas la disparition, elle est réservée aux morts. Mais l’absence. Ces personnes âgées qui n’ont pu rester chez elles sont entrées en absence. Elles se sont absentées de leur maison. La nuance, de taille, c’est qu’il s’agit d’une absence à vie. Tout le monde le sait, sauf elles parfois. En quittant leur chez eux, conduites le plus souvent par leurs enfants vers leur nouvelle maison, elles se sont retirées. D’ailleurs, cette nouvelle maison s’appelle «maison de retraite». Mais on devrait dire «maison de retrait». Car ceux qui sont là ont été retirés de la vie normale. Ils n’y font pas une retraite, non, ils sont mis en retrait. »
    Ligne après ligne, dans un style élégant et pudique, Emmanuel Sérot va nous raconter les jours, les semaines, les mois qui vont défiler jusqu’à une issue que l’on pressent, que l’on sait inéluctable, que l’on redoute. Il va aussi se souvenir de son enfance, des épisodes marquants de la vie familiale jusqu’à ce jour où le chauffe-eau des toilettes est brusquement tombé, provoquant une inondation importante, mais n’émouvant pas plus que ça son père, «étrangement absent». Et comme sa mère, totalement sourde, n’a rien entendu il a bien fallu conclure que le couple ne pouvait plus continuer à vivre dans ce domicile sans mettre leurs existences en danger.
    L’auteur trouve de très jolies formules pour dire sa peine, n’occulte rien de cet étrange sentiment qui l’habite, entre culpabilité – n’y avait-il pas d’autre solution? – et auto-persuasion – ils seront bien traités dans cet établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD): «Placer ses parents en maison de retraite est une somme de déchirures qui mettent à vif les plaies familiales, une redistribution totale des rôles où les enfants deviennent les parents et où les lignes bougent dans la fratrie. C’est un abandon, de soi et des autres. On inscrit ses parents dans l’absence. On débute un deuil, on s’abandonne soi-même dans cette infinie tristesse, d’autant plus qu’on est un acteur de cette histoire. […] C’est une immense culpabilité. C’est un moment où l’on n’a souvent que les larmes pour dire les choses et aussi, parfois, que les mots pour canaliser la douleur. »
    À l’image de ses sentiments qui font comme les montagnes russes, on passe d’instant drôles – l’humour est aussi présent dans les EHPAD – aux moments d’angoisse comme quand le personnel explique, par exemple, qu’il est quasi impossible de gérer les fugueurs. On passe des moments de doute – peut-on se permettre de réaménager la maison sans en référer à ses parents? – aux (re)découvertes lorsqu’on ouvre un carnet qui traîne ou un livre.
    Et puis viennent ces initiatives un peu folles, l’idée de reconduire ses parents pour un après-midi dans leur maison, de prendre la voiture et d’imaginer «un road-movie du quatrième âge». Je n’oublierai pas de mentionner les fort belles pages sur le personnel de ces établissements qu’on ne remerciera jamais assez pour leur dévouement.
    On le voit, ce récit sensible – dont l’épilogue vous surprendra – touche au cœur. Et ce d’autant qu’il pose une question qui, un jour ou l’autre, nous touchera de près.
    https://urlz.fr/95e6

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