"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ce volume inaugure les oeuvres de Cocteau dans la Pléiade. En commençant ainsi, nous faisons plus que satisfaire à la chronologie : nous rejoignons l'esthétique de l'auteur, pour qui les arts qu'il a pratiqués - théâtre, dessin, peinture, cinéma - ne sont que des facettes de l'Art : la poésie. Cocteau la conçoit, et cela - en filigrane - dès son premier recueil, La Lampe d'Aladin, comme une quête incessante de joyaux enfouis, de messages brouillés. Très vite, cette quête deviendra un impératif - tyrannie des muses dans Plain-chant, puis de l'ange, dont la figure s'ébauche, avec Le Cap de Bonne-Espérance, dans celle de l'aviateur écrivant ses arabesques entre terre et ciel. La poésie, lieu de rencontre toujours entrevue, toujours remise, de deux mondes, lieu d'une vérité qui ne serait, peut-être, que l'étincelle née du choc de deux incompréhensibles. Promesse pour l'annonceur - ange à son tour de l'Ange «qui étouffe les vivants et leur arrache l'âme sans s'émouvoir» -, pour ce «mensonge qui dit toujours la vérité». Le volume, qui rend aussi hommage au dessin - de Cocteau, de Lhote, de La Fresnaye -, offre de nombreux inédits «En marge» des recueils, dans les Poèmes épars et dans les poèmes de jeunesse. Enfin, dans les versions primitives données dans l'appareil critique, on voit le poète se frayer un chemin dans l'exubérance des mots, de leur musique et de leur agencement.
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