"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
" La répétition était l'essence de ce régime, elle était partout. dans les histoires individuelles, dans l'uniforme, dans le rythme de la marche militaire que nous avons intégré dès notre plus jeune âge, dans la scansion des slogans... Mais la répétition la plus soigneusement orchestrée et entretenue finit par s'épuiser. Ma vie était une redite de celle de ma mère, une redite de mauvaise qualité. Lorsque, âgée de huit ans, je suis descendue pour la première fois dans les couloirs humides du Mausolée, la discipline était plus molle. J'étais certes impressionnée par cette dépouille dans son décor baroque. mais l'odeur de formol était devenue trop forte pour que l'on puisse encore croire au miracle du socialisme. " Bulgarie 1944-1990. Un demi-siècle de communisme, de peurs et de trahisons, quand se taire devient le mot d'ordre de la survie. Gaby, sa fille Rada et sa petite-fille Milena survivent. Mais elles disent aussi leur haine du régime et rient de ses absurdités. En même temps que la peur, elles se transmettent le désir de révolte. Avec férocité. humour et tendresse. Rouja Lazarova raconte le totalitarisme à l'échelle des sans noms.
Vingt ans après la chute du Mur de Berlin, les langues semblent se délier et les victimes du communisme (ou leur descendance) commencent à témoigner de cette période de l’Histoire.
Avec « Mausolée », c’est à travers le regard d’une femme, Milena, que nous découvrons la vie quotidienne des Bulgares de la fin de la Seconde Guerre Mondiale à nos jours.
En suivant l’évolution de trois générations de femmes (Milena, sa mère Raga et sa grand-mère), nous apprenons ce que furent les existences sous ce régime.
Nous, occidentaux, sommes effarés de voir que tant d’individus ont vécu de la sorte pendant plusieurs décennies : endoctrinement, arrestations arbitraires, peur de l’autre, privations, culte du groupe au détriment du « moi »…
La vérité sur les horreurs du communisme éclate enfin et la peur de la dévoiler s’efface peu à peu.
L’épisode où Milena relate son séjour à Paris, son altercation avec un français qui évoque innocemment les symboles du communisme comme des emblèmes « à la mode » suffit à nous faire comprendre que nous ne pourrons jamais mesurer pleinement ce qu’a été la vie de tous ces gens.
Un style concis, simple mais juste qui égrène avec exactitude la complexité des sentiments et des contradictions des personnages.
Un « roman d’apprentissage » pour nous qui avons vécu de « l’autre côté », et qui ne pourrons que rester observateurs de cette triste époque…
D’abord intriguée par la citation sur le bandeau du livre, cette histoire m’a parue compliquée et embrouillée au départ : nombreux personnages, sauts dans le temps, nombreux liens familiaux à retenir entre les personnages….mais au bout d’une cinquantaine de pages, la magie a opéré et j’ai été happée par cette histoire, certainement largement autobiographique pour l’auteur, dont le récit devient par ailleurs plus linéaire.
Par certains côtés, ce roman m’a rappelé « un brillant avenir » de Catherine Cusset : on y vit aussi une saga familiale à travers la vie et le regard des femmes de 3 générations successives…mais les thèmes sont en fait a l’opposé l’un de l’autre : Avec C .Cusset, on suit l’évolution d’une famille qui a réussi à quitter l’Europe de l’est et son régime écrasant pour se reconstruire aux Etats-Unis alors que dans Mausolée, on suit cette fois une famille qui reste en Bulgarie et subit le totalitarisme du « Parti ».
Rouja Lazarova nous montre comment la vie et les choses n’évoluent pas dans cette société depuis 1945 mais aussi, même si ça paraît paradoxal, comment les états d’esprit ont changé, petite touche par petite touche : comment certains ont subi tout en montrant à leur échelle leur haine du « Parti » qui régente tout, qui interdit toute initiative, qui fait régner la peur et la méfiance comme fondements de la société bulgare… on voit comment, malgré le manque cruel de liberté, ils ont réussi à résister à l’embrigadement commencé dès le plus jeune âge et à faire petit à petit bouger les choses.
En s’attachant à nous faire partager les détails de la vie quotidienne de ses personnages, Rouja Lazarova parvient à nous faire ressentir ce qu’a pu être la vie (la survie !) de millions de familles opprimées, écrasées par ce régime. Le texte se révèle précis, incisif, souvent émouvant et surtout porteur d’espoir et d’enthousiasme puisqu’on y vit aussi la fin du régime…C’est un hymne à la liberté d’autant plus appréciée à sa juste valeur (inestimable) ceux qui ont fait l’expérience de son absence totale.
Je retiens plus particulièrement une phrase à la fin du livre qui permet de comprendre un peu mieux « l’essence » du récit : « Raconter ces histoires trace une frontière avec le passé, l’éloigne comme une rive d’embarquement…Mais ça reste. Cet arrière goût que laissent des événements anodins. Des flashs du communisme aveuglants. Des piqûres de rappel. »
Mausolée est un témoignage historique remarquable. On découvre sur une période allant des années 60 à nos jours la vie bulgare sous la dictature communiste en suivant trois générations de femme (Gaby, Rada et Milena).
Ce livre nous fait sentir toute l’abnégation, le silence et l’écœurement du peuple bulgare soumis dans leur vie quotidienne aux délations, frustrations et obligations devant le pouvoir politique. On sent que l’auteure a dû prendre du recul pour raconter.C’est un livre très bien écrit, émotionnel et sensible, et j’ai surtout apprécié le témoignage historique et humain de Rouja Lazarova
Le titre peut effrayer, de même que les 330 pages.
Le Mausolée, symbole de la dictature socialiste en Bulgarie, renferme la momie de Dimitrov, chef du parti mort en 1949. Sa visite est une excursion obligatoire pour tous les écoliers bulgares.
Ce roman dépeint le quotidien de trois femmes la grand-mère, Gaby, la mère, Rada, et la fille Milena, âgée de 20 ans en 1989, année qui voit la chute du régime. Si on a lu beaucoup sur lAllemagne ou la Russie, on découvre en revanche le revers de cette époque pour la Bulgarie.
Le récit nest pas violent, ni sanglant, mais il est sans complaisance. Et lon sattache très vite à ces femmes qui ont, à leur manière, refusé ce régime et tout ce quil imposait. La violence était essentiellement psychologique, dans les privations, les suspicions.
Jai vraiment accroché, jai aimé dès les premières pages cette plongée dans un monde inconnu, bien que pas si lointain. Écrire, et lire, permet aussi de se souvenir, de faire en sorte que cela ne se reproduise pas.
Cest le quatrième roman de la Bulgare Rouja Lazarova ; elle vit en France depuis 1991, et écrit en français, dans une intéressante alternance de première et de troisième personne du singulier. On ne peut que saluer dautant plus la prose douce mais franche, sans artifices, de cet auteur prometteur, dont le parcours nest surement pas tellement éloigné de celui du personnage de la jeune Milena.
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