"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Anton Lizavine, chercheur littéraire, retrouve dans les archives de la petite ville de Netchaïsk le dossier d'un philosophe local, Milachévitch, disparu dans les années trente. Milachévitch ne disposait en guise de papier que de papillotes pour enrober les bonbons, sur lesquelles il griffonnait des pensées très fragmentaires, presque " présocratiques ", qu'Anton, fasciné, va tenter de reconstituer. Bribes philosophiques ou triviales, paradoxes liés à l'actualité, simples mots à réutiliser, Milachévitch accompagne de ses rébus une intrigue mouvementée, mi-fantastique, mi-policière, mais qui recèle aussi tout le tragique de l'époque stalinienne. Que penser si notre organisation de l'esprit n'est pas la seule possible et si la succession des nombres est conventionnelle? Entre la montagne de papillotes du philosophe et la montagne des faits et gestes qui créent une vie, ou une époque, Anton devine un lien mouvant et secret. Bientôt, les lignes des destins du Maître de la Philosophie et de son disciple se croisent et s'entrecroisent: ici quête d'une femme mystérieuse, rentrée d'émigration, et enfermement dans une de ces villes hallucinées par la famine où, en 1933, on ne laissait pas entrer les morts vivants venus de la campagne; là recherche d'une autre femme, la fille de Prokhor Menchoutine, la muette, devenue fille de salle à l'hôpital, dérision des hommes, et qui échouera sans doute chez les fous.Nous sommes à Moscou ce que Jérusalem est à Rome, dit une autre des papillotes. Tous les chemins mènent à nous. Paris? c'est à quelle distance de nous? Cinq mille verstes? Dieu, quelle province! Maître du leurre stylistique, Kharitonov rénove en virtuose la tradition gogolienne et, dans son croisement de filigranes mystérieux, pose les questions des fins dernières de l'homme, " ce mince écoulement d'encre, cet assemblage de lettres ".Né en 1937, traducteur de Thomas Mann et d'autres auteurs allemands, Kharitonov est sorti sous les feux de la rampe avec l'attribution du premier Booker Prize russe, qui lui a été décerné, en décembre 1992, pour la Mallette de Milachévitch. Déjà parus chez Fayard: Prokhor Menchoutine et Netchaïsk, suivi de Ahasvérus.
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