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Le 28 novembre 1969, le romancier péruvien José Maria Arguedas se donne la mort devant un miroir. Il était l'une des figures majeures du mouvement indigéniste latino-américain, un écrivain connu pour son engagement révolutionnaire et ses prises de position anti-impérialistes. Anthropologue, universitaire et intellectuel militant, Arguedas a pris cette décision en pleine conscience. Mario Vargas Llosa s'interroge ici sur le sens de cet acte et, trente ans après les faits, nous offre une analyse de l'homme et de l'époque. Au coeur de ce drame, se trouve le piège de l'utopie indigéniste : le rêve d'un retour au monde mythique des Incas, aux temps d'une société traditionnelle, magico-religieuse, parlant quechua et fidèle à ses valeurs communautaires. Vargas Llosa dénonce les limites de ce rêve passéiste qui hante encore la pensée révolutionnaire latino-américaine. Le cas d'Arguedas lui permet de montrer comment cette utopie a été vécue par la conscience déchirée d'un romancier qui y a cru avec ferveur et a fini par succomber à ses contradictions. À la croisée des chemins entre biographie, histoire et critique littéraire, L'utopie archaïque est un livre exemplaire : il dévoile les mécanismes idéologiques qui transforment souvent la peur de l'avenir en une quête dangereuse du passé.
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