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Ilia Répine est le peintre russe le plus célèbre du XIXe siècle. Représentant insurpassé du courant réaliste, il nous a laissé à la fois une oeuvre d'une qualité constante, entièrement réévaluée aujourd'hui alors qu'elle avait souffert de la comparaison avec des courants plus « modernes » comme l'impressionnisme, et un témoignage irremplaçable sur la vie russe d'avant la révolution.
Ami de Tolstoï durant trente ans, Répine est le peintre qui a le plus contribué à la diffusion de son image dans le monde entier. On trouvera ici réunis pour la première fois en français ses souvenirs sur Tolstoï et ses lettres adressées à l'écrivain et à sa famille. Précieux éclairage sur la vie du grand écrivain, ces lettres inédites en français nous renseignent également le travail du peintre.
Le comte Léon Tolstoï, on ne le présente plus, et le peintre Ilia Répine, membre de ce que l'on appelle les Ambulants (groupe de peintres réalistes) et académicien de l'Académie impériale des Beaux-Arts. Il est l'une des figures du réalisme russe et selon Vladimir Stassov, l'œuvre de Répine est ainsi une « encyclopédie de la Russie d'après l'abolition du servage ». C'est encore Stassov qui est à l'origine de la rencontre entre les deux grands hommes après une première entrevue fortuite en 1880.
Si la relation des deux hommes peut-être objectivement et justement cernée puisque cet ouvrage, ne contient uniquement des lettres écrites par le peintre lui-même en grande partie à sa fille Tatiana Tolstoï, sa femme, la comtesse Sophie et une paire d'autres à l'écrivain lui-même, il n'en demeure pas moins qu'il en ressort un immense respect et une profonde admiration du peintre envers son l'auteur, son aîné de seize années. Les deux hommes se sont trouvés à un moment différent de leur vie, là où Tolstoï s'était retiré de la vie sociale et créative, se consacrant aux travaux manuels et à aider ses concitoyens plus malchanceux, Répine lui se trouvait en plein épanouissement artistique, il lui est d'ailleurs arrivé d'aller jusqu'à Tolstoï et sa famille pour les mettre en portrait. Ce qui les réunissait était sans doute ce goût de la nature et du réel et de l'Art. Ces lettres mettent en exergue une entente relativement harmonieuse entre deux hommes qui vivaient selon deux conceptions de la vie différentes : Tolstoï, devenu prédicateur, venait de traverser une crise existentielle et de s'isoler dans une certaine austérité alors même que pour Répine, la richesse de la vie sociale ne pouvait se désolidariser de la vie individuelle, sinon celle de la vie d'artiste.
Bien naturellement, la première de couverture est la reproduction d'un tableau du maître Promenade à travers champs. Choisie à bon escient puisque à cette époque-là Léon Tolstoï s'est retiré du monde littéraire, ne se consacrant qu'à une vie proche de la nature et des paysans, très loin de toute agitation sociale. Nous retrouverons d'autres reproductions, dont des membres de la famille Tolstoï au centre. Avant cela, nous disposons d'une introduction rédigée par la traductrice Laure Troubetzkoy, puis viennent les lettres en elle-même et enfin deux textes de Répine : le premier Mes impressions et souvenirs personnels, le second Souvenirs de mes échanges avec Léon Tolstoï. L'introduction nous agrémente d'un fond historique très bienvenu, notamment sur cette société des expositions ambulantes, qui a pour but de faire connaître le nouvel art russe. Puisque les lettres dénuées de tout contexte auraient pu paraître un peu sibyllines. C'est aussi l'occasion de présenter, également, les quelques noms qui apparaissent de façon récurrente dans ces échanges postaux unilatéraux. Je pense ici à celui de Vladimir Stassov, critique d'art, "ardent défenseur de l'art national en peinture comme en musique".
Malgré le fait qu'il n'y ait pas les lettres en réponse aux missives envoyées par Ilia Répine, ce qui peut rendre parfois un peu obscur la teneur des échanges entre le peintre et la famille Tolstoï, ces échanges donnent une autre vue sur la vie de l'auteur russe, son intimité, bien loin des cercles littéraires de la société russe. C'est une autre perspective de l'auteur, celle de ses dernières années de vie, dévouées aux autres, indigents et autres malheureux, au labeur physique des champs. Ce que le peintre a pris soin de retranscrire à travers les portraits ou paysages qu'il en a peint tels que Tolstoï dans un champ de labour (1887).
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