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Lorsque, en avril 1915, Guillaume Apollinaire partit pour le front, il reçut d'une jeune femme inconnue, charmant poète qui signait ses livres du pseudonyme masculin d'Yves Blanc, le quatrain suivant : Vous allez compléter la geste de vaillance Des héros polonais au sol de nos aïeux Emportez pour braver les destins ténébreux Ce quatrain espérant d'une femme de France. Ces petits vers le ravirent, et il écrivit à leur expéditrice qu'ils seraient toujours pour lui un talisman qui le protégerait des blessures. Une correspondance de marraine à filleul de guerre s'établit alors entre les deux poètes. C'est une correspondance de tendre amitié et de confiance. Il n'y a point d'amour. Quand Guillaume risque un madrigal, sa marraine l'en gronde aussitôt. À bâtons rompus Apollinaire entretiendra Yves Blanc de ses goûts, de ses préférences poétiques, de ses impressions de guerre, du passé et de l'avenir. La légèreté voulue du ton, malgré les accès de tristesse, la culture et l'érudition profonde, l'observation finement ironique montrent son esprit si vif et son don de conteur. Ces lettres sont d'une lecture délicieuse, car ce n'est pas seulement Apollinaire poète qu'on y trouve, mais aussi le spirituel chroniqueur de la Vie anecdotique du Mercure de France.
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