"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« J'étais devenu un fantôme. Une sorte de mort-vivant. J'ai trouvé un ultime sursaut d'énergie pour avaler une poignée de tranquillisants avec un fond de vodka. Je me suis assis dans mon fauteuil club et j'ai regardé une série sur HBO. Je me suis réveillé en pleine nuit. Non. Le cauchemar était bien réel. Joséphine n'était plus amoureuse de moi. » Pour survivre à sa rupture avec Joséphine, son amoureuse définitive de Dos au mur, Nicolas Rey lui écrit. De lettre en lettre, il revit leur histoire et tente de la reconquérir, en pure perte.
Après Dos au mur, Nicolas Rey, au sommet de sa grâce, poursuit sa mise à nu. Ce premier roman épistolaire, tout à la fois désespéré et drôle, impressionne et bouleverse.
Si l'amour est la plus forte, la plus dangereuse et la plus répandue des addictions, voici le roman de l'impossible désintoxication, le roman du chagrin d'amour.
Voilà maintenant plusieurs années que je lis, année après année, roman après roman, la vie chaotique du Nicolas Rey de ses romans. L’année dernière avec Dos au mur, tout laissait à penser que Nicolas, avait enfin découvert le bonheur dans les bras de Joséphine, mais c’était sans compter avec la rupture que connaît tout grand amour romanesque.
Lettres à Joséphine, à un côté romantique du XIXe siècle, où romantique adolescent, où l’amour ne peut être vérace que dans la souffrance de la séparation, Nicolas Rey reprend Marcel Proust et explique que « ce n’est pas l’amour qui fait souffrir : c’est la souffrance qui fait aimer. Quitte-moi, et alors seulement, je me dirai que tu étais tout pour moi. Quitte-moi et enfin je serai persuadé que tu es la plus belle âme que le monde ait bercée dans ses bras. La formule de Proust n’est pas si compliquée : pour t’aimer, il faut que tu me manques, pour que tu me manques, il faut que tu sois loin, et pour que tu sois loin, il faut que tu sois vraiment parti avec quelqu’un d’autre. Il n’y a pas qu’en perdant son amour qu’on peut transformer la banalité d’une aventure en souvenir vivant, abouti, et se mettre, enfin à aimer l’autre pour de bon. »
En lisant, Lettres à Joséphine, je me suis souvenu de ces années où ado, j’aimais me pourfendre dans la douleur amoureuse, un véritable romantique dans l’âme…
L'autre facette que j’ai adorée de ce roman est la capacité de l’auteur pour avoir un vocabulaire hyper cru et pourtant rester dans ce cadre romantique. Et lorsque je dis cru, c’est cru, bien loin des non-dits et de la poésie romanesque, ou comment appeler un chat, un chat.
Nicolas Rey fait partie de ces auteurs que j’aime lire et tente dans la mesure du possible de suivre son activité livresque.
Joséphine a quitté Nicolas. Nicolas souffre. De cette histoire banale qui arrive à des centaines de couples, Nicolas Rey tire un court roman, dense.
Sous forme de lettres qui ne seront jamais envoyées à leur destinataire, ce roman revient sur leur histoire d’amour et disséque la douleur du quitté.
Nicolas Rey joue sur la corde sensible de l’abandon avec beaucoup de dextérité, la maîtrise de la dépression et de la tristesse ne lui étant manifestement pas inconnue.
Ce roman est primitif, animal dans ce qu’il exprime du couple.
Toutefois, trop de détails crus ont fini par me gêner, pas tant par leur crudité que par leur répétition. Cela donne l’impression que si Nicolas est malheureux c’est plus d’avoir perdu une partenaire sexuelle qu’une femme brillante, ce qu’il nous laisse apercevoir en filigrane. Et je trouve cela un peu réducteur.
De l’avis de Joséphine sur cette rupture nous ne saurons rien, puisque les lettres ne lui parviennent pas et qu’elle n’y répond donc pas.
Toute la narration est donc centrée (auto-centrée) sur Nicolas et ce qu’il ressent, sur son incompréhension de ne plus être aimé par Joséphine, lui qu’il l’aime plus que tout.
Assez court, ce livre se lit d’une traite, comme il semble avoir été écrit, comme dans l’urgence d’exorciser la douleur. Comme une thérapie contre la souffrance. Ou comme le besoin de se plaindre et d’utiliser la fin d’un amour comme base littéraire ?
Des lettres ! Quelle manière originale pour parler d’amour. Mais attention pas n’importe qu’elles lettres, des lettres à une femme en particulier, une certaine Joséphine, le personnage clé de l’histoire du roman épistolaire, donc des lettres intimes. Le ton est donné, Nicolas Rey nous embarque dans son univers passionnel comme si l’on y était.
(...)
Les lettres sont touchantes, sensuelles, marquées par des notes érotiques particulières (ce qui en font l’originalité)
http://leslecturesdelaeti.eklablog.com/lettres-a-josephine-a161178852
«Ma Joséphine. Mon petit ventre tendre, moelleux et ravissant. Nous y sommes. Après cinq ans d’amour, tu viens de me quitter. Je te connais. Je sais que tu me quittes définitivement.»
Depuis "Les liaisons dangereuses" et Choderlos de Laclos, on sait que le roman épistolaire, surtout quand il parle d’amour, de passion et de trahison peut être une forme littéraire redoutablement efficace. Elle offre en effet au lecteur un large pan de liberté, celui d’imaginer par exemple la réaction du destinataire des courriers.
Il n’en va pas autrement dans ce nouvel opus signé Nicolas Rey.
Même si cette fois, nous n’avons droit qu’aux lettres de l’amoureux transi à celle qui vient de le quitter, la belle Joséphine Joyeaux, le registre n’en est pas moins très riche.
Si comme moi, vous êtes amateur de collections, je vous propose une petite liste non exhaustive de ces missives qui dessinent sur la carte du tendre un itinéraire des fluctuations du sentiment amoureux, qui va de l’incrédulité à la colère, du fol espoir au désespoir le plus sombre.
Commençons la tentative rationnelle de comprendre ce qui arrive à l’amoureux qui se retrouve désormais seul. Pour ne pas sombrer dans la dépression, l va voir un psy qui lui explique qu’il devra passer par cinq étapes, le déni, la colère, le marchandage, la dépression et l’acceptation. Facile à dire, surtout quand on applique la chose à son cas personnel. Le déni passe encore, mais la colère se dirige non pas à l’encontre de l’être aimé, mais vers l’auteur qui «n’a pas fait le maximum» pour garder «sa» Joséphine. Du coup, toutes étapes suivantes sont forcément biaisées. Le marchandage et la dépression feront bien partie du lot au fil du livre, mais l’acceptation…
Quand on «aime jusqu’à l’infini, comment peut-on accepté que cette passion si intense ne soit pas partagée. D’autant qu’avec toute la mauvaise fois dont on peut être capable dans ces moments-là, on va accumuler toutes les preuves que cet amour ne saurait mourir.
Avec l’aide de Françoise Sagan, de Richard Brautigan, de Francis Scott Fitzgerald, de Romain Gary, de Marcel Proust, il va trouver dans les livres les échos de son mal-être et les raisons d’y croire encore. Ou plutôt d’imaginer ce qui aurait pu ou dû – de son point de vue, cela va de soi – se passer pour que cette rupture ne soit pas définitive.
Après Pierre-Louis Basse et Je t'ai oubliée en chemin, voici une nouvelle version, plus obsessionnelle et plus crue de la rupture amoureuse: «Joséphine. Mon amour. Mon délice ultime. Ma cyprine blanche au goût merveilleux qui parfois coulait en fin de journée de ta chatte pour finir entièrement dans ma bouche.»
Une fois de plus, le mâle doit rendre les armes. Mais fort heureusement pour nous, «tout le reste est littérature». Un bel hymne à l’absolu.
https://urlz.fr/91UT
Comme ce roman est bouleversant et touchant, il est écrit avec justesse, même si parfois les textes sont un peu crus. Mais lire cet homme qui se livre sans retenu sur son amour perdu ne me laisse pas indifférente. Si j’étais Joséphine j’en aurai certainement assez de le lire puisqu’elle l’a quitté.Mais elle le garde quelque part en elle ,pour moi le signe d’une passion amoureuse.
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