"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le retrait soviétique de l' "étranger proche ", de la Mongolie, à la suite de l'effondrement de l'Empire, fut pour ce territoire au passé prestigieux comme un tsunami qui aurait tout emporté sur son passage : la Tradition, les structures sociales et l'ordre.
Tout sauf cette petite voix, comme une étincelle, un murmure grandissant dans la tête de Yusegeï, qui l'a poussé à devenir médecin.
Une nouveauté de cette maison d’éditions qui apporte le plus grand soin à la présentation des écrits qu’elle publie.
Une couv’ classe avec rabat qui vous offre un marque-page (à découper) avec une reproduction du fonds personnel de l’éditeur, des écrits sur un papier de haute qualité, le tout, fait de ces livres de beaux objets, à l’heure où sur les étals de nos libraires certaines jaquettes flirtent avec le racolage, cela fait une différence.
Jean Louis Lozac’hmeur va vous entraîner dans une réflexion sur la place de l’humain dans la vie dite civilisée.
Un petit village dans les steppes mongoles, 200 âmes environ, qui sont empêchées de mener la vie nomade selon leurs traditions, se trouvent confronter à une mystérieuse épidémie où les plus faibles meurent, les nouveau-nés arrivent avec des malformations et sont appelés « enfants patates ». Village mis en quarantaine et isolé par des rouleaux de barbelés. La peur rôde, envahit tout. Seul le chaman Qorchi « était écouté parce qu’en peu de mots il permettait aux uns et aux autres de percevoir une sorte de miroitement d’eux-mêmes, comme s’il avait absorbé toute la transparence du lac, et même les maisons de bois, les barques et les choses profondes qui s’y reflétaient, et se servait du monde qui l’entourait comme d’un prisme. »
Dans ce village deux jeunes s’aiment, Alan Qo’A 14 ans, elle-même victime du mal mystérieux et Yesugei, fils du maire qui lors de l’épidémie à pris en charge la lecture pour les enfants, déscolarisés à la mort de l’instituteur. Yesugei a pris conscience qu’il voulait aider les autres.
Quand enfin Yesugei et son père sortent du village pour aller se réapprovisionner ils sont confrontés à l’image du chaos qui secoue le monde.
Les échos de la ville la plus proche parlent de la chute du mur, de nouvelles élections, d’une possible démocratie, certains affûtent leurs armes et leurs discours…
Toujours est-il, que privés de leurs moyens d’existences, ces hommes libres vont finir par peupler, les banlieues d’Oulan-Bator.
Les jeunes et ceux qui sont restés, arriveront-ils à préserver l’héritage de leurs ancêtres ?
Cette lecture a fait resurgir en moi des souvenirs d’enfance de la France rurale, où les vieux n’étaient pas cantonnés dans des maisons de retraite, l’hiver ils le passaient au coin du « cantou » en égrenant leurs souvenirs et aux beaux jours sur un banc, où les enfants les interrogeaient, les adultes au travail leurs demandaient conseils. Ils étaient respectés et restaient pour tous la « mémoire ».
Je n’ai rien contre le progrès » mais je regrette le temps où les gens simples n’avaient pas honte de leur travail, où l’entraide était un art de vivre et la parole une façon de transmettre.
Ces peuples lointains ne retrouveront pas ce qui est perdu, reste à espérer qu’ils n’aient pas tout perdu.
Une belle réflexion sur les traditions, notre héritage à tous, ce qui différenciait un pays d’un autre, ce qui en faisait la richesse.
La voix des chamans, ne s’élèvera-t-elle, uniquement dans les stages très prisés de ceux qui croient entendre parler les arbres, lors de quelques jours passés autour d’un feu à courir après « son développement personnel ? »
J’aurai souhaité que l’auteur développe davantage et situe de façon plus précise géographiquement et historiquement sa fiction. On sent chez lui une véritable attirance pour la richesse de cette peuplade, donc j’ai trouvé le livre un peu court alors que son écriture est fluide et nous emmène vraiment vers d’autres dimensions.
Chantal Lafon-Litteratum Amor 19 août 2018.
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