"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
13 février 1981. Un soir de permission, un jeune appelé disparaît mystérieusement au bord d'une nationale morne et glacée des Argonnes.
Du côté des autorités, personne ne prend cette disparition au sérieux. Ni la police qui refuse de lancer une enquête. Ni l'armée qui le déclare déserteur, un de plus parmi les 6 000 qu'on dénombre chaque année.
Jocelyne ne croit pas à une désertion. Son fils, elle le connaît comme sa poche. Pourquoi fuguerait-il à trois mois de la quille, alors même que sa fiancée adorée attend un enfant de lui ?
À mesure que les jours défilent et qu'on commence à craindre le pire, vient s'ajouter à la détresse de cette famille, l'humiliation de se sentir inaudible et désavouée par les institutions. Les laisserait-on tomber si c'était le fils d'un ministre et non d'un ouvrier ?
Mais Jocelyne ne cède pas. Elle se fait une promesse que seul le coeur d'une mère peut comprendre : elle ne lâchera rien, jusqu'à ce qu'il soit retrouvé, jusqu'à revoir une dernière fois le doux visage de son fils.
Tombés pour la France est librement inspiré de « l'affaire des disparus de Mourmelon », non résolue en raison du suicide du principal suspect au 2e jour de son procès d'assises en 2003. Entre 1981 et 1987, huit jeunes hommes, tous âgés d'une vingtaine d'années et pour la plupart appelés du contingent avaient disparu aux abords de la nationale 77, à proximité du camp militaire de Mourmelon. Seuls deux corps furent retrouvés.
« Les disparus des Argonnes » est un livre très intéressant à découvrir. Son écriture est très visuelle. Ce qui n’est pas surprenant quand on sait que son autrice est par ailleurs scénariste. On imagine d’ailleurs très bien une adaptation sur grand ou petit écran du livre. Inspiré d’une histoire réelle qui a défrayé la chronique entre 1982 et 2003, le roman est très intelligemment construit. Il met tout d’abord l’accent sur la famille de l’une des victimes ; son incompréhension puis sa détresse et son isolement. Ainsi il permet de mettre en avant de manière glaçante l’indigence des autorités, à la fois militaires et policières, qui com nt complètement failli à leur mission et à leurs devoirs. La dernière partie est plus originale puisqu’elle met le lecteur dans la peau de la sœur de l’accusé et renverse totalement le point de vue. Ce qui apparaissait comme une juste de quête de vérité est alors vu comme de l’acharnement judiciaire. Ce qui ne peut à nouveau pas laisser le lecteur indifférent. Un livre très réussi !
Librement inspiré de l'affaire des disparus de Mourmelon, ce roman nous replonge dans une affaire judiciaire terrible. Dans les années 80, de jeunes appelés disparaissent alors qu'ils commencent une permission. C'est le portrait des familles qui gravitent autour des disparus que l'auteur choisit de mettre en avant. Les mères sont rongées par la détresse, la douleur. Ces familles pauvres à qui les autorités ne vont pas répondre : enquêtes bâclées par une gendarmerie qui refusera longtemps de s'occuper de cette affaire, une armée qui ne déroge pas à sa règle : rester la grande muette. Julie Peyr sait aussi dépeindre des milieux sociaux modestes où l'amour des siens est souvent le bien le plus précieux.
L'auteur nous emmène à la suite de Jocelyne au début, mère courage, des autres ensuite, de leur combat pour retrouver un signe, un corps peut-être. A la fin, le dernier regard sera pour Dominique la soeur du principal suspect décidée à le défendre malgré ses doutes.
Le point de vue est original. Ici on raconte les victimes, les proches des drames, leur vie bouleversée. Ce n'est pas si courant dans la littérature. Comme une tentative de réhabiliter ceux qui ne sont pas dans les boxes au procès mais enfoncés dans leur douleur sur les bancs d'une cour d'assisse.
« Les disparus des Argonnes » est une fiction qui s'inspire d’un véritable fait divers ayant défrayé la chronique dans les années 80 : les disparus de Mourmelon.
Gilles Veyrades, vingt ans, effectue son service militaire et disparaît lors d'une permission. Sa mère, Jocelyne ainsi que le reste de sa famille s'inquiètent très rapidement et ne croient pas à une désertion comme le pense les autorités. Le service de Gilles touchait à sa fin et sa copine était enceinte. Face à l'inaction de la gendarmerie, Jocelyne remue ciel et terre pour essayer de retrouver son fils. Elle mène l'enquête pour tenter de comprendre ce qui a pu se passer ce jour du 13 février 1981. En interrogeant, les amis du garçon à la caserne, Jocelyne apprend que la voiture de Gilles était en panne et qu'il avait décidé de faire du stop sur une route nationale. La famille met en place une battue près du chemin emprunté par le jeune homme mais elle ne donne rien. Alors que Jocelyne se désespère du silence radio et du mépris de l'armée et de la gendarmerie, d'autres jeunes hommes qui effectuaient leur service dans le même secteur géographique que son fils, disparaissent après voir fait du stop.
Dans ce roman, Julia Peyr met en scène deux personnages principaux : La mère de Gilles ainsi que Dominique, la sœur du suspect. Elle donne ainsi la parole aux oubliés, aux familles qui n'ont pas été écoutées. A travers ce récit, elle met en exergue le dysfonctionnement de la justice et le mépris de l'armée pour les familles qui sont seulement des gens ordinaires et non des notables.
L'écriture de l'auteure est fluide et très agréable. J'ai apprécié la sensibilité et la sobriété de sa plume. Elle ne cherche pas à faire de sensationnalisme, les dialogues sont très justes. La psychologie de ses personnages est particulièrement travaillée. « Les disparus des Argonnes » est un roman noir d'atmosphère qui se lit d'une traite et qu'il est difficile de lâcher.
Cette lecture m'a donné envie de découvrir le roman précédent de l'auteure « Anomalie ».
Julie Peyr est également scénariste et a collaboré avec Arnaud Desplechin sur plusieurs films (Jimmy P, Trois souvenirs de ma jeunesse etc.).
« Les disparus des Argonnes » a fait partie de la première sélection du Prix de La Closerie des Lilas 2022.
Les disparus des Argonnes ne vous disent surement pas grand chose mais les disparus de Mourmelon peut-être. C'est grâce à cette affaire que Julie Peyr revient avec un roman noir sous forme d'enquête qui donne toute sa force aux victimes collatérales laissés sur le bord de la route par la justice.
Rétrospective : 1981, Gilles quitte son régiment pour quelques jours de permission. Mais, au bord d'une nationale des Argonnes, Gilles disparait. Sa mère et son père l'attendent durant la soirée, puis quelques heures, quelques jours.. Jocelyne, sa mère donne l'alerte à la gendarmerie puis à sa caserne, mais il n'y a pas de doute : les jeunes déserteurs c'est très courant, il doit se cacher quelque part, pas de raison de paniquer. Cependant, Jocelyne connait par coeur son gamin..
Les jours se suivent et se ressemblent, aucune nouvelle. Jusqu'au moment où une autre mère cherche aussi son fils disparu en quittant cette même caserne.. La liste commence à se faire longue et l'affaire prendre de l'ampleur.. que se passe-t-il sur cette route et dans ce régiment ?
Virage à 180 degrés pour Julie Peyr après son premier roman "Anomalie" en 2018. Changement de registre tout en gardant la sensibilité et la subtilité que j'avais tant aimé dans le premier roman.
Julie Peyr donne la parole aux oubliés, à la difficile confrontation entre les familles et la justice qui ne semble pas bouger, à la non réception de la douleur de la disparition ; tout en nous plongeant dans une atmosphère prenante et maitrisée où les personnalités sont ciseler au couteau ce qui démultiplie les sentiments.
Roman policier, roman d'atmosphère, c'est à vous de vous faire votre propre idée, mais c'est une nouvelle fois une très belle réussite pour Julie Peyr.
http://leslivresdejoelle.blogspot.com/2022/02/les-disparus-des-argonnes-de-julie-peyr.html
Ce roman est une fiction inspirée d'un fait réel : l'affaire des disparus de Mourmelon dans les années 1980.
13 février 1981, Gilles, 20 ans, doit passer son week-end de permission dans sa famille. Ses parents restent sans nouvelles de lui. La gendarmerie refuse de prendre la déposition de sa mère et de sa fiancée, Gilles est majeur donc libre d'aller où il veut. A la caserne, la famille a toutes les peines du monde à être reçue par un officier, un militaire qui ne rentre pas de permission est considéré comme un déserteur.
Les Argonnes sont connues pour leurs nombreuses casernes parmi lesquelles celle de Maillance. Dans les années suivantes d'autres jeunes, tous incorporés dans ce même régiment, disparaissent mystérieusement, ce sont principalement des appelés du contingent qui ont fait de l'autostop à la sortie de la caserne
Il faudra attendre 1983 pour qu'une enquête soit ouverte.
Un récit intéressant et très fluide. L'auteure met en évidence les manquements des autorités militaires qui refusent de prendre en compte les disparitions en les classant comme des désertions, les négligences de la gendarmerie qui mettra deux ans pour ouvrir une enquête. L'auteure nous fait ressentir le désespoir des familles qui se sentent complètement abandonnées et centre le début du récit sur Nicole la mère de Gilles, le premier militaire disparu. Cette femme a consacré sa vie à la recherche d'un fils dont le corps n'a jamais été retrouvé empêchant tout deuil possible. L'auteure se focalise ensuite sur Dominique, la sœur de l'homme accusé des crimes, elle a toujours cru en l'innocence de son frère. J'ai trouvé intéressante l'idée de faire le parallèle entre le combat de ces femmes, deux personnages féminins très forts, dont la vie a un jour basculé.
« Les disparus des Argonnes » s’inspire d’une réelle histoire de disparitions, celle des disparus de Mourmelon. Mais Mme Julie Peyr ne nous offre pas un énième « Faites entrer l’accusé », car dans son roman on s’intéresse moins au parcours du criminel qu’aux victimes, et aux familles traumatisées par une disparition. C’est ce qui fait sa réussite.
Son ouvrage nous montre l’impuissance des familles des disparus face à la Grande Muette, qui préfère croire à des désertions plutôt que sérieusement s’inquiéter du sort des appelés. Et nous y trouvons des moments réellement poignants, comme cette ironie tragique et macabre, où un père fossoyeur apprend que l’inconnu qu’il a enterré récemment était certainement son fils disparu, mort maintenant. J’ai apprécié les réactions des familles, leur courage, leur façon de se battre. Jocelyne, la mère de Gilles, une mère courageuse, la tête sur les épaules, qui ne mérite pas ce destin terrible, est un personnage très fort, parfaitement mise en valeur. Tous les personnages le sont d’ailleurs, et j’ai beaucoup aimé l’admirable sens de l’attention portée aux personnages de cette romancière.
Avec un style sobre, précis, réaliste et parfaitement au service de cette histoire, Mme Julie Peyr parvient avec une construction classique à nous offrir des peintures subtiles de la détresse, des non-dits et du destin des familles frappés par le drame.
Au final, un très solide et très recommandable roman sur la douleur immense et inimaginable de la perte d’un enfant.
Un gros coup de coeur pour ce roman sombre, glaçant, profond. Librement inspiré d'un fait divers très connu et médiatisé, "Les disparus de Mourmelon", Julie Peyr nous propose un récit terriblement proche de l'original, avec les dates, le nombre de disparus, le contexte militaire, l'auto-stoppeur étranger, le profil du suspect.
Outre, les éléments factuels sur les disparitions, ce roman donne la parole aux familles, notamment aux femmes, les mères et soeurs des disparus, avec leur terrible angoisse qui grandit jour après jour, l'espoir, l'abattement.
Il est impossible de ne pas penser à l'affaire des disparus de Mourmelon, tant les deux histoires se calquent l'une sur l'autre, notamment avec l'incroyable légèreté et le mépris dont les autorités militaires et de gendarmerie ont traité ces disparitions, comme de simples désertions d'appelés. La grande muette n'a jamais aussi bien porter son nom. Il faut certes connaître le contexte de l'époque avec le service militaire et les cas fréquents de désertion mais qui aboutissaient souvent à des retours à la caserne.
Ce roman est aussi un magnifique roman social sur des familles d'ouvriers souvent modestes avec des conditions parfois difficiles et précaires. Des familles moins influentes et moins écoutées. Des familles ordinaires avec des enfants ordinaires, bref comme la plupart des familles. Julie Peyr réussit parfaitement dans son écriture à faire revivre quelques bouts de vie des jeunes disparus à travers des souvenirs ou des lettres, des jeunes gens plein de vie et de projets.
Certains passages du roman traduisent parfaitement le contexte des années 1980, notamment sur le fait de faire du stop et qu'il était inutile de mettre en garde les jeunes hommes contre les dangers car comme le dit un personnage "On n'est pas des gonzesses".
Une superbe lecture qui nous happe pour ne plus nous lâcher.
Les faits divers nous fascinent tous, au moins un peu. Ne dites pas le contraire. Je vous vois suivre avec passion l’affaire Dupont de Ligonnès, je vous vois écouter attentivement la radio quand un nouvel élément d’enquête vient nous rappeler le meurtre du petit Grégory presque 40 après. Et les disparus de Mourmelon ? vous souvenez-vous de cette affaire qui ne fait certes plus la une aujourd’hui mais a marqué les esprits dans les années 1980 ? Julie Peyr s’est inspiré de cette histoire pour écrire « Les disparus des Argonnes ». Les lieux, les noms ne sont bien sûr pas les mêmes, nous sommes dans un roman, dans un roman tout en finesse bien loin des pages sensationnelles de Détective.
1981, Gilles fait son service militaire. Un week-end de permission il disparait. Sa famille l’attendait pour le repas, il n’arrivera jamais. Ils signalent sa disparition mais pour l’armée, pour la police, c’est une désertion. Pas de quoi lancer des recherches. Jocelyne, sa mère, elle, sait que Gilles n’est pas un déserteur, elle sait qu’il est arrivé quelque chose à son garçon. Les mères savent. Mais on ne l’écoutera pas. Mais elle ne lâchera pas.
Quelques mois plus tard, par hasard, elle découvre l’appel à témoin d’une autre mère qui cherche son fils, également disparu un soir de permission. C’est le début d’une longue liste.
L’autrice nous fait entrer dans l’intime de ce fait divers. Derrière l’affaire, il y a des familles. Ces petites gens qui sont inaudibles, humiliés par l'armée qui condamne les disparus, des gosses d’ouvriers, et cherche à étouffer l'affaire. Mais il y a aussi la famille de celui qui sera désigné coupable…
Julie Peyr a écrit un roman qui est tout à la fois un roman d’atmosphère, une fresque sociale et un roman policier. On suit le combat des proches et on s’agace des dysfonctionnements de la justice et du comportement irresponsable d’un système qui préfère soigner les apparences plutôt que de protéger.
Un livre difficile à poser tant qu’on ne connaît pas le fin mot de l’histoire.
J’avais déjà beaucoup aimé le précédent roman de l’autrice, « Anomalie », qui n’a à priori rien à voir avec celui-ci, si ce n’est que l’on retrouve la capacité de Julie Peyr à creuser les personnalités et à maîtriser l’émotion.
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