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Poète, essayiste, romancier, Andrès Trapiello (né en 1953) est l'une des figures-clés de la scène littéraire espagnole contemporaine. De ses cinq romans publiés à ce jour, un seul a été traduit en français (D'un vaisseau fantôme, La Table Ronde, 1994). Lauréat en 2003 du prestigieux Prix Nadal pour une savoureuse
parodie de roman noir (Los amigos del crimen perfecto à paraître chez Buchet/Chastel), Andrès Trapiello est également éditeur.
Construit comme une recherche historique menée par l'auteur, Le Journal de Justo Garcia se présente comme un vrai journal retrouvé relatant des faits vieux de 40 ans.
Le narrateur, Justo García, jeune typographe de 22 ans, fait partie de l'armée républicaine en déroute lors des derniers mois de la guerre civile espagnole. Isolée du reste des troupes, sa compagnie erre de villages en villages dans le nord de l'Espagne, une Espagne qui en est à sa quatrième année de guerre civile et où tout n'est plus que désolation, pauvreté et ruines.
Le récit de ce jeune homme modeste s'attache à un quotidien épouvantable où la cruauté et l'horreur de la guerre sont banalisées. On se bat pour un morceau de pain, on trahit pour une veste un peu plus chaude. La seconde partie du roman, celle de la défaite, s'articule autour de l'ouverture de la frontière française sous le regard narquois des troupes fascistes qui voient arriver des milliers de réfugiés, soldats, civils, femmes, vieillards et enfants crevant de faim et de froid. Tous seront conduits dans les camps de St Cyprien, Argelèssur-Mer où le nom de « camp de réfugiés » revêt sa réalité la plus cruelle : celui des barbelés face à la mer.
Succèdent quelques épisodes pittoresques, avant l'embarquement de nos personnages dans un bateau affrété par les sociétés de charité anglaises pour l'Amérique latine. Le récit de Justo García se clôt sur la description
des journées de traversée où la souffrance des hommes devient l'unique centre d'un futur anéanti à jamais.
On peut penser que ce roman provoquera un choc dans le lectorat français, à l'image de La question d'Henri Alleg dans les années 70. Si la souffrance est un thème universel, ce roman aborde moins la dimension métaphysique que la description d'éléments concrets, perceptibles par tous.
Le style de Trapiello traduit merveilleusement ces origines modestes qui n'entravent en rien une compréhension de la défaite de millions d'Espagnols qui ont perdu la guerre, une guerre qu'ils n'ont pas voulue, ce que nous
avons tendance à oublier.
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