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Tandis qu'en cet hiver 1944 la guerre s'enfonce dans l'horreur, quelques jeunes gens cherchent un sens à la vie. Ils croient le trouver dans cette liberté même qui leur est refusée et se réfugient dans une révolte permanente.Un homme pourrait les sauver, le Préfet des Études, personnage ambigu, matamore et despote, mais doué d'un pouvoir de séduction peu commun. Il leur parle d'héroïsme et de vertu...Un livre irrespectueux, un livre de colère et de passion.
Hiver 1944, une famille est autour de la table du dîner et les bombes tombent sur le bassin à flots. Nous sommes à Bordeaux et Michel de Pierrefeu est un adolescent se présentant ainsi : « Je possède un grand sens de la liberté. Je tâche de toujours agir avec indépendance, en être pour qui la famille, le foyer, sont des réalités agréables et comestibles, qui vous doivent protection et confort, mais qui ne sauraient en aucun cas vous réclamer de comptes. Depuis des mois, depuis que je vais à Saint-Ignace, il me semble vivre un long cauchemar. Mais je ne suis pas à un âge où l’on peut infléchir son destin. Quelles que soient mes répugnances, il me faut respecter les décisions paternelles. »
Ainsi commence le récit d’une jeunesse à Saint-Ignace, école des pères, sous la houlette du Préfet des études, le Père de Labarthe.
Nous sommes en temps de guerre et cet adolescent vit entre les jupes des femmes et celles des pères, en effet les hommes sont au front ou prisonniers.
Mais le monde de Michel bascule le jour où il reçoit une « colle » du père Labarthe.
En contrepoint il va décider de s’occuper activement des amours de son ami Durieu.
Cela va donner des scènes très visuelles à la fois cocasses, drôles et tendres.
Cet interlude se termine par la réception de la fameuse « colle bleue » et pour lui c’est la première fois. Il en avait entendu parler avec frayeur. En fait il s’agit de se soumettre à cinq heure de dictée au rythme d’une lecture à voix haute.
« Il aurait fallu nous voir, le porte-plume en l’air, tendus comme des coureurs de cent mètres au départ. Je commence. Pan. Nous avions belle mine. Je ne sais ce que dégage cet homme, quel pouvoir il recèle : ma curiosité morte, ma frayeur balayée, un autre sentiment à son tour me dominait, la soumission. Plume en l’air, cœur étreint, j’étais prêt à foncer comme une machine, la tête vide, attentif seulement à ne point faillir. Et le Père commença.
C’est alors que je compris à quoi était due cette auréole de terreur qui entoure les colles bleues. Elle provient de l’absurdité de la chose, de son impossibilité physique. »
S’ensuit une description d’une ignominieuse humiliation tant physique que psychologique que rien ne peut excuser venant de personnes ayant autorité sur mineurs.
A partir de ce moment-là l’esprit de Michel de Pierrefeu s’échauffe et devient d’une acuité nouvelle car son regard se « décille » sur le monde qui l’entoure.
Et arrive le changement d’attitude du Père Labarthe : le temps de l’emprise.
Michel est fasciné et ses sentiments oscillent comme le balancier d’une grande horloge.
L’analyse de l’auteur sur cet état de fièvre et de sagacité est des plus fines. Un véritable rite de passage à l’âge adulte.
Un dernier chapitre époustouflant et une fin imprévisible.
Quelle magnifique réflexion sur ce chemin initiatique qu’est la vie.
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 24 juillet 2017.
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