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Le 2 mai 1778, Dominique Vivant Denon, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi (comme tel habilité, rétorqua-t-il spirituellement à Voltaire, à entrer partout), quitte Reggio à midi par un temps calme pour rejoindre Messine. Il en repartira près d'un an plus tard, après avoir fait le tour des Merveilles de Sicile. Le récit de son voyage offre une description cristalline, et parfois malicieuse, de la société sicilienne d'alors, de son apathie «sirocale», du rite des promenades nocturnes à Palerme et des discrètes escapades par lesquelles elles se concluent ; il offre aussi une topologie exacte d'un paysage souvent déserté, construit à même la lave, triste et noir par endroits, vitrifié ou figé sous des neiges de sel ; enfin et surtout, il évoque la traversée d'une contrée jalonnée de reliques et de fragments, de traces et d'inscriptions à demi lisibles, paysage qui s'offre au déchiffrement, mémoire de l'antique où Denon vient chercher les signes miraculeux d'un passé immémorial et pourtant présent. Texte à la prose admirable, où l'on retrouve toute l'acuité du regard et l'esprit de finesse de Vivant Denon, ce Voyage en Sicile n'a curieusement jamais été republié depuis sa première parution en 1788.
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