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« Je suis la femme que je suis quand je me connais vraiment. »
Fernando Pessoa. Le livre de l’Intranquillité
Aux hommes accomplis.
« Le vin de Vénus », le sang féminin conjugué avec délicatesse.
Les règles en apogée, sans tabou, majuscules de ce récit engagé et brillamment sociologique.
D’une contemporanéité hors norme, le récit est le corps et l’esprit d’une féminité d’excellence et assumée.
Les règles sont le déclencheur, le sang : la vaste humanité faite femme.
Viviane raconte, se raconte. Elle démonte un à un les diktats et la représentation des règles dans une société et au cœur d’une chambre à coucher. Elle parle en son nom, mais sa parole devient politique et résolument intime aussi.
Intergénérationnel, clairvoyant, ce récit est phénoménal, puissant et rassurant. Ici, c’est une jeune femme qui annonce le corps en poésie, en pudeur exaltante. Le sang est démystifié et d’aucuns (es) trouveront la même approche et la même vision.
« Le vin de Vénus » est certes un emblème mais c’est aussi le fleuve cosmopolite. Il en devient universel et personnel. L’intimité est un buvard gorgé de sang.
L’incipit donne le ton : « Parce que tu trouves qu’un évènement vécu près de quatre-cent-cinquante fois dans ta vie ne compte pas assez pour en faire une trame ?...Parce que tu as su, toi, endurer plus de six années d’apnée sociale, personnelle et intime ? »
« Chaque nouvelle maternité signe la défaite d’une autre femme en amont, dépassée, dépossédée, oublieuse volontaire parce que coupable d’office. Non, en matière de menstruation, je préfère saigner, par inadvertance, comme j’ai appris à vivre. »
Georges, son mari, aime ce sang, cette douceur veloutée. « Mais il était mon mari. » « Sexe originel par la meilleure des voies. »
Elle écrit pour briser cette attitude, cette obsession de son mari Georges pour les jours sans. Elle devine en lui, ce qui se tait à la face du monde.
Le récit est le cheminement de la vie de Viviane. Les règles pour calendrier. Les hommes de sa vie auront une histoire avec cette pavlovienne venue du sang chaque mois et plus encore lorsqu’elle va avoir un cancer de l’utérus.
« La vie comme de l’eau entre mes doigts : je ne connais rien de plus vrai. »
« Les hommes ne devraient pas habiter autant leurs sexualité. »
« C’est difficile à raconter de manière crédible toute cette apparence de normalité d’un coupe qui pourtant dérive. »
« Tout un tas de femmes, oui, comme un charnier. »
« Le vin de Vénus » est le microcosme féminin. Il étire son arborescence jusqu’aux ombres des antres familiaux. L’intime vu sous un prisme d’une haute intelligence et d’une passation de ressentis, sans secret. Ici, tout est affranchi, authentique et excelle la sincérité. Les relations avec les hommes de sa vie, sa fille Olga, et nous, qui, conséquemment nous nous sentons libérés (es).
« Droit dans les yeux pour ne pas subir les symboles de sa démarche de western fuyant vers l’horizon. »
La plus emblématique : « Lorsqu’un homme au singulier humilie ou brutalise une femme, ce sont des générations qui pleurent. »
Magnifiquement écrit par Olga Voscannelli. D’utilité publique. Stimulant, pour elles et eux, et nous.
Un pas de côté éditorial fabuleux et nécessaire. Publié par les majeures éditions SANS ESCALE.
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