"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Au début des années 1970, Balthazar Béranger s'installe avec sa jeune épouse, Sonia, dans une maison à la sortie d'un village. C'est un ancien presbytère, légèrement en retrait par rapport à la route, dont les belles fenêtres sont en partie cachées par un grand tilleul.
Balthazar est un jeune médecin qui entend faire de ses enfants des êtres véritables. Maintenus à l'écart d'un monde jugé néfaste pour leur développement et leur imagination, ces derniers sont initiés à la musique et à la morale pendant que leur mère ne résiste ni à la violence ni à la séduction de son mari.
Pantins impuissants soumis aux coups de leur père et à des exigences de plus en plus humiliantes, ils apprennent à se taire.
Le premier roman d'Ariane Monnier décrit une maison dont les pièces sont progressivement transformées en scène de spectacles cruels, où les portes entrouvertes laissent entendre, en sourdine, de terribles chuchotements.
Au début des années 70 Balthazar Béranger, médecin s'installe avec sa jeune femme Sonia dans un ancien presbytère. Le monsieur mélomane et musicien à ses heures a des idées très précises sur la façon dont il a envie d'élever les 4 enfants qu'ils vont avoir. Pas d'école, pervertissante, pas de télévision, castratrice, de jouets en plastique, trop laids, de foot, trop vulgaire... ils apprendront les bonnes manières, la musique, les arts, à être reconnaissants pour tout ce qu'ils ont. Ils apprendront surtout à se taire ... .
C'est l'histoire d'une famille dysfonctionnelle sous une apparence de famille parfaite. Tout l'art de l'auteur consiste à suggérer sans jamais dire, à laisser affleurer les choses à la surface des mots. Et le lecteur sidéré se demande parfois s'il a bien compris ce qu'il croit avoir compris, il assiste au naufrage d'une famille en se demandant si malgré tout à un moment donné quelqu'un va réagir, adulte ou enfant...
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Ariane Monnier est anthropologue. Et c'est avec une froideur et une distance quasi scientifique qu'elle nous plonge dans ce milieu glauque et malsain, usant de métaphores comme cette eau du lac qui monte aux yeux de Manon l'une des enfants, jusqu'à la révélation finale où même là il y a un certain détachement vis à vis de ses personnages... Néanmoins j'ai aimé cette écriture un peu chaotique qui dément l'indifférence apparente de l'auteur et qui en dépit de ce sujet qu'on pressent terrible dès le début du roman vous donne envie d'aller au bout de cette histoire...
Quel texte ! Quel roman ! Je l'ai lu d'une traite, complètement happée par l'atmosphère glaçante qui s'installe progressivement, me demandant comment tout cela allait se terminer, relisant certains passages pour être sûre de bien comprendre ce qui se tramait.
Évidemment, le sujet y est pour quelque chose (je vous en parle dans deux minutes) mais je crois que l'écriture que j'ai trouvée fascinante, notamment à travers les métaphores poétiques de l'eau ou des structures syntaxiques audacieuses, contribue pleinement à créer cette impression d'être, nous aussi, progressivement, comme pris au piège. En effet, j'ai eu le sentiment d'avancer dans l'oeuvre avec la peur de découvrir le pire, de comprendre ce que tous les sous-entendus ou les images qui disent sans dire laissent deviner à demi-mot. J'ai même relu certains passages pour m'assurer que mon esprit ne s'égarait pas, que je n'inventais rien.
Un insupportable malaise s'installe peu à peu.
Et le piège se referme sur eux… les enfants.
En effet, c'est un livre sur la violence, une violence cachée, sournoise, qui ne porte pas son nom mais qui détruit les êtres.
Le sujet ?
Balthazar Béranger, médecin, est un homme de goût : il s'installe dans un ancien presbytère avec sa femme Sonia . Pour lui, « cela fait sens d'habiter dans un presbytère », comprenez que c'est un lieu qui a une âme et ça va avec l'idée que Monsieur se fait de la vie.
Les pièces sont vastes : il a de la place pour installer son piano et son clavecin. Car Monsieur est musicien. Et puis, il aime les vraies choses, les belles choses : l'Art, la Nature, la Littérature, la Culture, la Morale.
Et les couverts en argent lorsqu'ils brillent...
Quant aux enfants, Clément, Sébastien, Manon et Alice, vous pensez bien que Monsieur désire les élever dans la Beauté, en dehors de ce monde abject qui est le nôtre. Pas de télé « qui empêche les enfants d'épanouir leurs facultés d'imagination », pas de radio, pas d'école (inutile et vulgaire), pas de sucreries (un poison pour le corps), pas de foot (idiot), pas de jouets en plastique (clinquants et de mauvais goût), bref que toutes ces horreurs demeurent hors de sa vue et de celle de ses enfants.
A la place ? De l'Art, de la musique (ils apprendront le violon), des bonnes manières (on ne parle pas à table), de bonnes fréquentations (ah, ces nouveaux amis musiciens… des gens si sensibles).
« Je me soucie de votre âme » déclare Monsieur à ses enfants, éteints. Beau programme n'est-ce pas ? Ils se doivent d'être reconnaissants, ce serait la moindre des choses, non ?
Sonia se plie à ses exigences et se tait. Elle ne va pas voir ses petits qui pleurent la nuit, non, lui dit son époux, ils deviendraient capricieux. Balthazar consent tout de même à se plier à une certaine forme de modernité en achetant une machine à laver le linge mais, ah, quand même… avant…
« Tu n'aimerais pas - Balthazar pose la question sans la regarder, un sourire vague flottant sur ses lèvres - hein, étendre les draps dans le jardin, les soirs de lune… Bien, dit-il avant de quitter la pièce d'un pas rapide et de s'éclaircir la voix, pendant que Sonia, lentement, referme les portes de l'armoire. Non, je n'aimerais pas dit-elle doucement.»
Alors, Sonia tricote de jolis gilets de laine que les enfants enfilent sur des petits cols blancs. Les gens les trouvent adorables, n'est-ce pas là l'essentiel ?
Un jour, Balthazar parle à la maison d'un jeune ado maltraité par sa famille qui pourrait venir un peu au presbytère recevoir des cours de français donnés par Sonia. N'est-ce pas Sonia ? Ils se doivent d'accueillir ce pauvre garçon, eux, « des êtres de coeur, des êtres raffinés ». Tanguy va peu à peu faire sa place dans la famille, s'occuper des enfants qui l'adorent parce qu'il apporte un peu de joie, un peu d'ouverture dans cet univers austère et rigide où règnent silence et non-dit.
Je ne vous en dis pas plus mais sachez que tout ce petit monde bien raide et bien propre sur lui va tout doucement plonger dans l'horreur, la folie. Et encore une fois, l'écriture allusive, métaphorique et très minutieuse d'Ariane Monnier exprime parfaitement la façon dont cette famille va progressivement, sans même s'en apercevoir, sombrer dans la monstruosité.
J'ai beaucoup aimé le portrait de cet être insupportable, pervers, ce despote qu'est le père avec tous ses principes rigides et son autorité tyrannique : ses gestes, ses expressions, ses tics de langage rendent très crédible ce personnage abject, dominateur, destructeur, pour qui seules les apparences comptent. Donner l'image d'une famille parfaite, quitte à refuser de voir ce qui dérange, quitte à nier l'évidence.
Un huis clos étouffant et terrifiant écrit dans une langue magnifique, envoûtante : Ariane Monnier, un auteur à suivre !
Lire au lit : http://lireaulit.blogspot.fr/
Ça n'a pas fonctionné. Du tout.
Le sujet, déjà, dérangeant puisqu'il évoque les maltraitances à l'enfant, qu'elles soient psychologiques et affectives ou sexuelles. Quatre gamins élevés dans une sorte d'idéal d'éducation, musique et arts, vie au grand air, mais des parents bien trop occupés pour s'occuper d'eux : un père toubib absorbé par la musique et une mère (à demi dingue ?) qui se déguise à longueur de journées.
Aucun de ces deux adultes ne devine ce qui se passe sous leur toit, bien plus préoccupés par leur nombril que par leurs enfants à qui, d'autres adultes proposent des jeux dont on devine qu'ils sont sexuels et contre nature, et qui finalement ne croient pas en la parole des enfants et ne les protègent pas...
Et c'est plus que le sujet, la narration qui m'a dérangée : saccadée (un certain manque de fluidité) , éludant les mots qui disent, comme retenus par une pudeur finalement gênante (chuuuut ! c'est un secret...) et qui amène le lecteur à douter (est-ce que ce qu'on imagine est bien ce qui se déroule ? ou s'agit-il d'autre chose et dans ce cas-là on n'a rien compris au bouquin ?).
Parce que si le sujet est dérangeant, immonde, patati patata, j'aurais sans doute préféré en prendre plein la poire, à la limite de la nausée, et ne pas naviguer comme ça, entre deux incertitudes...et refermer ce livre avec ce sentiment d'injustice, de mal-fini, de flou encore plus malsain.
(encore que j'imagine que ça puisse être volontaire de la part de l'auteur..)
LE PRESBYTERE DE L’AUTEUR ARIANE MONNIER 268 PAGES EDITIONS JC LATTES 23 AOUT 2017
COUP DE CŒUR <3
Résumé :
Au début des années 1970, Balthazar Béranger s’installe avec sa jeune épouse, Sonia, dans une maison à la sortie d’un village. C’est un ancien presbytère, légèrement en retrait par rapport à la route, dont les belles fenêtres sont en partie cachées par un grand tilleul.
Balthazar est un jeune médecin qui entend faire de ses enfants des êtres véritables. Maintenus à l’écart d’un monde jugé néfaste pour leur développement et leur imagination, ces derniers sont initiés à la musique et à la morale pendant que leur mère ne résiste ni à la violence ni à la séduction de son mari.
Pantins impuissants soumis aux coups de leur père et à des exigences de plus en plus humiliantes, ils apprennent à se taire.
Mon avis :
Un super coup de cœur pour ce premier roman qui est oppressant et au fil des pages déroutant. Une famille singulière vivant dans un presbytère sans télévision, ni radio, ni ballon, ni jouets en plastique etc… Les aînés ne vont pas à l’école, c’est la mère qui les éduque jusqu’à l’âge de huit ans mais comment…
Entre une mère complètement à l’ouest, singulière et un père qui les élève à la baguette… Souvent absent… Pauvres enfants…
De plus, si on fait entrer des loups dans la bergerie, euh, dans le presbytère… Des dégâts psychologiques, des casseroles à traîner toute la vie vont arriver.
Un sacré roman qui m’a chaviré le cœur. Pour une première, c’est une réussite. On n’arrive pas à le lâcher sans savoir le mot de la fin. Que de frissons dans le dos… Superbe écriture, que dire, sauf, courez très vite chez votre libraire, ce récit est vraiment top !
Deux garçons et deux filles faces à leur destin qui nous terrassent !
La quatrième de couverture m’avait prévenue : peu à peu, dans le récit familial aux apparences parfaites, des dissonances se glissent.
Je m’étais donc préparée à un secret de famille plus ou moins inavouable, mais j’avoue que je ne m’attendais pas à ce roman glauque qui ne dévoile jamais rien.
Les parents sont spéciaux et je leur aurai donné des claques : la mère qui passe son temps à se déguiser et à répéter des pièces de théâtre inventées par elle ; le père qui a des lubies plus ou moins saines et s’enferme des heures avec son clavier.
Puis apparaît le personnage de Tanguy, accueilli à bras ouverts. Mais il sera le seul dans cette famille. Bizarre.
Ensuite le couple d’amis bienveillants qui accueil le fils aîné de temps en temps au prétexte de lui faire faire de la musique. Pourquoi lui seul ?
Et puis il est souvent question de jeux, d’abord inoffensifs, puis franchement malsains.
Le style est sec mais lisible, ce n’est pas cela qui m’a dérangé. Car j’ai trouvé la première partie un peu gratuite.
La seconde partie du roman le fait enfin entrer dans la littérature avec la présence de l’eau. De belles images poétiques viennent en aide au déroulement de l’histoire.
Un premier roman dérangeant qui peine à démarrer. Mais on sent, au final, que l’auteure a su entrer en littérature et nous parler de notre vie moderne.
L’image que je retiendrai :
Celle du tilleul devant la maison baptisée par le père Le Presbytère, et qui cache le jardin.
http://alexmotamots.fr/le-presbytere-ariane-monnier/
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