"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Jumeaux de mai, Jeanne et Paul grandissent dans les Vosges. Enfants, ils se jurent fidélité par le sang. Le Pair est le lieu favori de leurs jeux, de leurs mystères.
La guerre qui survient les délie, les sépare. Chacun sera désormais prisonnier de ses silences. Jeanne est brisée par une passion interdite, Paul disparaît pour toujours. À la fin de sa vie, Jeanne revient dans le camp du Struthof. Face au Donon, elle livre à l'âme de son frère ses ultimes secrets.
« Nos mots, sais-tu, sont posés sur la mousse Je jure de rester près de toi toute ma vie. Les cailloux brassés et roulés sont bien ceux d'autrefois Je jure de ne rien te cacher. L'eau n'a jamais fini de revenir. J'ai mouillé mon visage et j'ai bu.
Maintenant, je peux te dire. » Le Pair est un ruisseau. Il se jette dans le Rabodeau, gagne avec lui la Meurthe et la Moselle. Le Pair ainsi se mêle au Rhin.
Une fiction interrogeant sur nos réminiscence, un récit intimiste, beaucoup d'émotions, l'amour, les liens familiaux, un texte profond.
Sous le voile d’une fiction « Le Pair » est un ruisseau, fil rouge de ce récit qui va se glisser dans le Rhin, au fur et à mesure de cette histoire intime et inépuisable.
La métamorphose d’un texte bouleversant et singulier.
Les Vosges en apogée, « le bleu-vert de nos Vosges, étiré vertical - Têtes Monts Hauts Roches – vers l’est, vers le Rhin. Tu ne connaissais pas l’Allemagne. Je ne la connais pas non plus ».
la voix est douce, triste, repentante et vacillante. Jeanne conte, son jumeau Paul.
Le lien fusionnel, la connivence, les matins complices, les gestuelles mimétiques, l’effusion de la pureté. Elle clame la famille. Sans père. Une mère battante, qui veille sur les jumeaux, surveille le moindre écart de conduite comme le lait sur le feu. La ruralité qui ordonne la simplicité, le calme. Le conformisme comme une nappe des dimanches, tirée à quatre épingles.
Ils sont ici, ces jumeaux grandissants. Dans l’orée des Vosges qui font jaillir les émotions.
Jeanne rassemble l’épars. L’écueil et le vide sans Paul.
« Ce qui a violenté nos existences n’a pas terni nos voix, ni nos gestes d’enfants… maintenant je peux te dire ».
Les miscellanées s’élèvent. Paul a été arrêté. Il était résistant. Elle ne savait pas. Le croyait toujours avec Rose dans le creux des nuits et des matins pâles. Dévorée de jalousie. La guerre et ses affres et un village qui s’effondre sous le poids des non-dits. Elle qui ira dix-sept ans, sept mois, dix jours après l’arrestation si près d’elle encore, au-travers des forêts assassines, les barbelés, les miradors, les chiens fous, affronter Struthof. Chercher la réponse et la preuve de l’œuvre du mal. Jeanne pleure les rêves blessés, son frère, son double, le désespoir du silence. Elle somme l’existence au retour. Elle exulte ses regrets comme un chapelet de lumière prêt au pardon. Le crépuscule est la canopée vosgienne. Ce qui s’élève dans les derniers jours d’une vie chahutée de secrets.
Elle conte Marie, sa fille née le 14 juin 1944. Son mari Henri, un homme doux, qui sait et ne dit rien. « Henri a été bon. Toi tu ne l’aimais pas. Tu as été injuste ». Elle pleure les barbelés, les haines et les fours crématoires. Serait-ce cela une vie ?
Là où les drames emmurent immanquablement. Le sacre de l’eau , Le Pair et le vainqueur du temps. Malgré les noirceurs, les souffrances de Jeanne en deuil infini, il y a l’altitude d’une descendance, ses petits-fils, des jumeaux. Elle écrit une lettre à Paul. La rédemption, la sienne. Les conjugaisons d’une existence. « Et le soupir des peaux crevées, des estomacs béants. Le gueulement d’hiver dans le froid de la bise. Tu as fait ce que tu pensais juste. Qu’ai-je fait ? Comment savoir ? Tout est possible ».
Sans renoncer à l’ineffaçable, Jeanne est sur la rive qui se heurte aux voûtes de sa vie.
Ce livre est la prononciation de l’imprévisibilité. Les évènements qui ont toutes les cartes en main. La pesanteur des remords, sans résurrection possible.
« Le Pair » l’incantation de l’amour vrai. La tragédie humaine. Un livre que l’on serre dans nos bras. L’eau pavlovienne et insistante qui murmure la force des délivrances en advenir.
Catherine Litique a grandi dans les Vosges. Elle sait le passage de l’écluse. Elle donne la foi en ses personnages, qui sont ici, le double de tant d’êtres. C’est en cela que ce livre est beau, malgré ses tristesses. Publié par les majeures Éditions Le Réalgar.
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