"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Paris. Septembre 1994. Tandis que la France se prépare à enterrer les années Mitterrand, Louise, jeune fille sage débarquée de sa banlieue, fait son entrée à Sciences-Po, certaine d'avoir rendez-vous avec son destin.
Dans le hall de la rue Saint-Guillaume, où l'on débat du marxisme et du libéralisme sous un épais nuage de fumée, elle se lie avec une bande d'élèves. Il y a Lucas, le militant d'extrême-gauche romantique. La sublime et pétillante Finette. Katel, d'origine africaine, passionnée par Bourdieu. Max, le chiraco-gaulliste solitaire. Et Stan, qui se destine à la présidence de la République. Trois filles et trois garçons promis à un brillant avenir, et que ces années à Sciences-Po vont lier à jamais.
Ensemble, ils découvrent tout : l'engagement et le combat politique, les tourments de l'amitié et de l'amour. Mais quand les espoirs romantiques de leur adolescence se heurtent à l'injustice et à la violence, tous se retrouvent confrontés à leur incapacité à changer le monde. Les années passent, et ils porteront le poids des secrets, des fautes et des regrets nés de cette époque. Vingt ans plus tard, en pleine effervescence macronienne, le temps sera venu d'affronter ou d'être rattrapé par les fantômes de ces trois années.
Le Monde à leurs pieds restitue ce moment si particulier où l'on découvre que grandir c'est renoncer, et que toute réussite a un prix. Il explore le mystère de ces fils invisibles qui nous relient, et que le temps attaque sans parvenir à rompre.
https://leslivresdejoelle.blogspot.com/2019/04/le-monde-nos-pieds-de-claire-leost.html
Paris septembre 1994, c'est la rentrée à Sciences-Po pour les élèves de première année. Se côtoient dans cette école qui forme l'élite de la France des enfants de la haute bourgeoisie et des jeunes issus de milieux modestes. Six jeunes font connaissance, Louise débarquée de sa banlieue, Katel seule noire de l'école, Finette jeune fille sublime certaine de ses atouts, Lucas étudiant de deuxième année à la tête du syndicat l'Incontrôlable, Max électron libre acquis à la cause de Chirac et Stan qui se destine à la présidence de la République. Dans cette école, véritable mare aux crocodiles où on débat du marxisme et du libéralisme, tous découvrent l'engagement et le militantisme politique et ont l'impression d'avoir le monde à leurs pieds.
Les deux premières parties du livre se déroulent entre 1994 et 1997, fin des années Mitterrand avec la campagne électorale des présidentielles de 1995. Les six amis évoluent dans un monde des idées et des débats, certains perdent leurs repères, ceux qui étaient "de gauche, de cœur, par filiation plus que par réflexion", se rendent compte que ce qui concerne la banlieue ne les intéresse plus, certains découvrent l'ambition, certains restent idéalistes, d'autres sont déjà cyniques et opportunistes. Entrer dans le monde des dominants, se laisser griser par la perspective du pouvoir n'est pas sans conséquences...
La dernière partie se situe vingt ans plus tard quand les amis se retrouvent au moment de l'arrivée au pouvoir de Macron, on découvre alors ce que chacun est devenu. Que sont devenus leurs rêves de jeunesse, leur rêve de changer le monde? Certains ont trahi leurs idéaux pour l'argent, d'autres appartiennent à la classe dominante... Entre désillusions et renoncements, chacun a construit sa vie et a dû accepter son incapacité à changer le monde.
Ce récit à plusieurs voix retrace la vie politique française depuis 1994 à travers le regard de six amis, cette vie politique s'entremêle avec la vie amoureuse de ces six jeunes qui agrémente le roman avec les péripéties qui jalonnent leurs vies amicales et amoureuses. Des jeunes à l'amitié "sinueuse mais indestructible". Les personnages sont bien campés et même si chacun a un positionnement bien tranché, aucun n'est caricatural, nous avons l'opportuniste prêt à n’importe quelle compromission pour atteindre l'objectif qu'il s'est fixé, l'idéaliste pétri d'idées de gauche, l'africaine qui refuse d'être réduite à sa négritude... L'auteure nous livre une vision sans concession d'un certain microcosme parisien, un monde de rapports de force et de réseaux. Son regard sur ceux qui se sont engagés dans une carrière politique n'est pas très tendre. Ce premier roman à l'écriture sans prétention est bien construit et plaisant à lire, il illustre que "grandir c'est renoncer" et que "toute réussite a un prix".
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