"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
J'ai découvert Claire Léost avec son roman précédent "Le passage de l'été" que j'avais beaucoup aimé mais je me suis dit que j'avais peut-être été influencée par mon attachement à la Bretagne qui se trouvait être le personnage le plus important de ce roman. D'ailleurs ce roman a obtenu le prix Breizh 2021.
J'ai voulu savoir si ce dernier roman de Claire Léost me plairait autant; en fait, il m'a emballée, embarquée dans cette histoire de deux mondes proches géographiquement mais aux antipodes socialement et qui se côtoient mais s'ignorent complètement.
En août 2022, une prostituée trans, péruvienne de 36 ans est retrouvée sauvagement assassinée dans le bois de Boulogne. Il s'agit de Laura Fuentes, né Luis Elias. Obligée de quitter le Pérou où des trans étaient régulièrement assassinés, elle finit par s'exiler à Paris où elle se prostitue dans le secret espoir d'acheter une maison à sa mère au Pérou.
Tout près d'elle, mais dans le XVIème huppé, vit Alexandre Vladi, avocat d'affaires, appartenant à la très haute bourgeoisie. Par un jeu de rencontres inattendues, Alexandre prend conscience de ce monde violent, précaire, pauvre, interlope, qu'il ignorait et va se retrouver lié au destin de Laura.
Ce roman s'inspire d'un fait réel : l'assassinat de Vanessa Campos, prostituée trans, dans le bois de Boulogne la nuit du 16 au 17 août 2018. On sent bien que Claire Léost a été touchée par ce drame; on sent l'empathie pour ces femmes exilées, qui se vendent pour survivre, victimes de violence, méprisées, mais qui s'entraident autant qu'elles le peuvent, dans une sorte de sororité du malheur.
Ce roman décrit la rencontre de deux mondes au travers du personnage d'Alexandre qui se retrouve propulsé dans la vie réelle, lorsqu'il découvre l'envers du décor du XVIème. C'est aussi la rencontre du monde du jour (les sportifs, les familles qui se promènent dans le bois de Boulogne...) avec celui de la nuit (les prostituées, les vols, les viols...). L'alternance des chapitres entre les beaux quartiers et le bois de Boulogne la nuit rend cette rencontre encore plus percutante.
Claire Léost change totalement de registre ce que j'apprécie particulièrement; elle nous livre une peinture sociale réaliste, sans misérabilisme et donne une dignité et une humanité à tous ces laissés-pour-compte dont la vie consiste à survivre jusqu'au lendemain.
Un bien beau roman qui fait réfléchir tout en offrant un superbe moment de lecture.
#Denullepartlesoiseauxsurgissent #NetGalleyFrance
C'est un été particulier pour Hélène.
Dans une petite ville du centre Finistère une nouvelle professeur de français, Marguerite, venue s'installer avec son mari célèbre écrivain lui révèle la poésie et lui ouvre d'autres horizons.
Elle vit un premier amour, peu convaincue.
Les étrangers sont mal vus ici, même ceux des villages voisins, c'est pour dire.
Alors des parisiens, c'est pire que tout.
Et pourtant, Marguerite est à la recherche de sa mère et pense trouver des pistes ici.
Pas facile de tout comprendre au début.
Les sauts dans le temps et dans les personnages déstabilisent et je ne savais souvent plus qui était qui, d'autant qu'on remonte sur trois générations.
C'est un peu le défaut, à mon goût de bien des romans contemporains,.mais c'est cependant une belle histoire.
Le caractère fermé des bretons vis à vis des « étrangers », étrangers à leur ville ou à leur village est à peine caricaturé.
J'adore la Bretagne, j'y vis une partie du temps, mais il est vrai qu'on s'y sent étranger si on n'est pas du cru.
L'intrigue est intéressante et j'ai beaucoup aimé les personnages.
Le tout est bien écrit et la description de la Bretagne super belle et réaliste.
Ecriture claire , directe pour cette saga bretonne .
Magnifique portrait de trois générations de femmes .
Destin lié ,secrets , vertige du désir , douleur de la perte , tout est émotion .
Se lit d'une traite .
Finistérienne d'adoption et de cœur, je ne pouvais passer à côté de ce roman qui se déroule dans le Finistère de l'intérieur, celui des monts d'Arrée, celui qui attire peu de touristes, celui des légendes, celui de l'authenticité et de l'âpreté, celui qui se mérite.
« le passage de l'été » met en scène trois femmes très différentes dont le destin dramatique va se nouer dans le petit village du Bois d'en Haut. Nous sommes en 1994, en été.
Hélène, 16 ans, se prépare à devenir institutrice comme sa mère, a épouser un gars du coin et à passer le reste de sa vie au village.
Odette, fille de l'ancien médecin du village, résistant et communiste pendant la deuxième guerre mondiale, qui a été fusillé sans que qui que ce soit dans le village ne l'ait aidé, est partie à Paris, en 1944, bien décidée à ne plus revenir au milieu de ces gens qu'elle déteste. Elle a été embauchée comme bonne dans une famille bourgeoise. Mais le mal du pays la fait revenir en 1949.
Marguerite, brillante professeur de français dans un prestigieux lycée parisien, vient faire un remplacement, accompagné de son mari, écrivain connu et de sa fille adoptive, Lilly. Elle est à la recherche de sa mère biologique. L'arrivée de ces étrangers déclenchent rumeurs, jalousies, secrets dans ce village replié sur lui-même, jusqu'au drame.
Le portrait des trois femmes est particulièrement attachant. Hélène est propulsée violemment hors de l'enfance par le deuil, les premiers émois interdits et le rêve de quitter ce village étriqué, d'un ailleurs plein de promesses. de belles pages décrivent son attachement à son père. Odile n'a pas été épargnée par la vie qui l'a rendue aigrie, vindicative et qui va être l'artisan de son propre malheur. Enfin, Marguerite, est émouvante, en quête de ses racines, de son identité, rejetée, jalousée, perdue. Elles ont un point commun : l'émancipation par l'éducation, l'ouverture au monde par la littérature, l'envie d'aller plus loin, plus haut par la lecture.
Mais le personnage le plus important et le plus beau portrait, c'est celui de la Bretagne profonde. On pourrait penser que ce roman rassemble tous les poncifs sur la Bretagne (la bonne bretonne à Paris, les militants pour la reconnaissance de la langue bretonne, la druidesse….) sauf que l'auteur, Claire Léost, est originaire de Bretagne. Ce qu'elle évoque est une des réalités de l'histoire bretonne avec l'attachement au village, aux traditions, la pérennité de la langue bretonne, les légendes très présentes. On sent une certaine fierté, une tendresse pour cette région rude.
Un bien beau roman qui a reçu le Prix Breizh 2021.
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