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Le grand sommeil est celui dont on ne se réveille pas. Le vieux Sternwood le sait. Ses deux filles, elles aussi, côtoient la mort au jour le jour et semblent l'apprécier. Vivian se saoule et ne se préoccupe pas de son mari disparu. Carmen, la cadette, le regard parti, pose nue dans des fauteuils et peut rire d'un homme flingué à ses pieds puis se mordre le pouce comme une petite fille. Un cadavre disparaît. Personne ne dit vraiment ce qu'il cherche... Dans cette maison de fous, Philip Marlowe n'a pas le choix : il fonce dans le tas.
Réédité en tirage limité à l'occasion des dix ans de la collection Folio Policier, le roman de Raymond Chandler est ici accompagné d'un DVD du film Le grand sommeil, magistralement adapté par Howard Hawks, sur un scénario de William Faulkner. Humphrey Bogart et Lauren Bacall, couple mythique, y livrent une interprétation électrique, en maintenant le spectateur dans une ambiance envoûtante.
Raymond Chandler (1888-1959) fut avec Dashiell Hammett l'un des fondateurs du nouveau polar, du roman noir dans lequel les frontières entre le bien et le mal sont très perméables et dans lequel l'action et la violence priment. Le grand sommeil, écrit en 1939 (adapté au cinéma avec Humphrey Bogart en Marlowe et Lauren Bacall en Vivian Regan, par Howard Hawks) est traduit par Boris Vian et publié dans la Série noire de Gallimard en 1948.
Et que dire d'autre que c'est formidable de lire un grand classique du genre ? Depuis longtemps je m'étais dit qu'il fallait que je le lise, et puis, les autres sollicitations livresques arrivant, je repoussais... Ne faites pas cela, foncez et lisez ce grand roman noir. Tout y est : les bons, les méchants qui changent parfois de place. L'alcool, la clope, le sexe, mais rien à voir avec ce qui s'écrit de nos jours en la matière, pensez donc : de simples photos de nus d'une jeune femme riche et paumée forcent son père à engager un détective !
Il y a surtout Marlowe, un détective un poil blasé, qui fonce et n'hésite pas à braver les gangsters pour arriver à ses fins. Et enfin, l'écriture relâchée de Raymond Chandler, oralisée qui garde néanmoins des traces de classicisme grâce à l'usage du passé simple et de l’imparfait du subjonctif aujourd'hui tombé en désuétude, ce qui est fort dommage. Bref, un classique, un grand classique qu'on trouve aisément. Un conseil : je ne sais pas si d'autres traductions existent, mais préférez celle de Boris Vian, ça double le plaisir. Comment résister à ce qui suit ?
"Au septième étage, je gagnai la suite de petits bureaux occupés par les sous-ordres du Procureur du District. Celui d'Ohls n'était pas plus grand que les autres, mais il l'avait pour lui tout seul. Rien sur sa table qu'un buvard, une garniture de bureau bon marché, son chapeau et un de ses pieds. C'était un homme blondasse de taille moyenne, aux sourcils blancs et raides, aux yeux tranquilles et aux dents soignés. Il ressemblait à tous les gens qu'on croise dans la rue."
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