L'autrice coréenne nous raconte l'histoire de son pays à travers l’opposition et l’attirance de deux jeunes adolescents que tout oppose
Quand mon père est mort, je n'ai pas hérité de boîtes pleines de documents et de lettres. Ses cendres ont été jetées à l'eau. Ses biens ont été donnés, détruits à la hâte. Sur les photos, il avait cette allure virile et négligée caractéristique des années soixante-dix. Il ne pouvait pas se mettre à table sans son couteau de poche et du pain. Il disait «il» à ceux qu'il aurait dû vouvoyer, parce qu'il refusait de se soumettre à leur supériorité de classe. Il était drôle et colérique. Il était sensible. Il fumait, il buvait; il n'a pas laissé grand-chose derrière lui. Je crois qu'il avait commencé à disparaître de son vivant déjà. Quand on a soulevé son corps, j'ai vu la légère empreinte qui creusait le drap, là où était posé son crâne. Puis elle s'est effacée, et le drap est redevenu lisse.
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