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Engagé volontaire pour cinq ans, Valentin Brû, au bout de ce temps, n'est encore que soldat de deuxième classe. Il se laisse alors épouser par une mercière de Bordeaux, demoiselle d'âge mûr. Vers 1936, un héritage les amène à Paris; Valentin vend des cadres pour photographies, tandis que sa femme se met à exploiter secrètement des dons, plus ou moins authentiques, de seconde vue sous le nom de Mme Saphir. Mais Valentin n'est-il pas lui-même un peu prophète? Il attend la guerre pour le lendemain, et la guerre finit par arriver; elle le surprend dans des circonstances bizarres et c'est dans des circonstances non moins singulières qu'il retrouve son épouse après l'exode. C'est à propos de la peinture hollandaise et de ses scènes de «naïve gaieté et de joie spontanée» que Hegel parle de «dimanche de la vie», et il ajoute:«Des hommes doués d'une aussi bonne humeur ne peuvent être foncièrement mauvais ou vils.»
« Le dimanche de la vie », publié en 1952, est le roman le plus philosophique de Raymond Queneau, le titre étant emprunté à une expression de Hegel citée lors d'un de ses cours sur l'esthétique, au sujet de la peinture flamande du XVIIème siècle.
Queneau se sert de la « Phénoménologie de l'esprit » pour illustrer une histoire finalement assez banale mais aux personnages au caractère bien trempé.
Julia Ségovie, commerçante d'un certain âge, s'éprend d'un jeune soldat (Valentin Brû) dont elle ignore à même le nom et fera tout pour retrouver la trace et se marier avec. Elle finira par arriver à ses fins et vivra avec jusqu'à la mobilisation militaire de celui-ci.
L'évolution du protagoniste Valentin Brû se passe en trois étapes dans ce qui est une sorte de cheminement initiatique. Tout d'abord, il est inconscient de lui-même et donc c'est pour cette raison qu'il n’apparaît pas dans le registre de l'armée. Il obtient une existence à partir du moment où Julia porte un regard sur lui mais ne restant pourtant qu'un jouet entre ses mains, ne faisant qu'obéir à tous ses désirs selon la dialectique maitre-esclave de Hegel. Puis, Valentin commence à apprendre le métier de commerçant et passe à l'étape de l'auto-conscience.
Dans la dernière partie du roman, il arrive enfin à une sorte de sagesse ainsi qu'à une connaissance de l'humanité et du monde et c'est pour cette raison qu'il passe presque pour un prophète, car il parvient à prédire l'imminence de la guerre alors que personne n'y croit vraiment. Ces trois étapes peuvent également se situer à un niveau social : Le simple soldat inconscient devient un mari, devient un commerçant et ensuite part faire la guerre.
Il y a également cette fascination angoissante du temps qui passe, Valentin n'arrêtant pas de scruter les aiguilles de l'horloge, cherchant à surveiller le temps s'écoulant inexorablement.
Le style de Raymond Queneau, facilement reconnaissable, est toujours aussi plaisant et agréable à lire, n'oubliant jamais de verser dans le second degré malgré l'actualité sulfureuse de l'époque à laquelle se situe l'histoire du livre.
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