"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Les lecteurs qu'ont séduits les deux précédents livres de Wilcock publiés en français, La synagogue des iconoclastes et Le stéréoscope des solitaires, trouveront exposée ici, dans le récit qui donne son titre au recueil, la philosophie qui fournit sans doute une clef pour toutes ses autres fables. Un prince, nain, atteint de strabisme, mais à un seul oeil car il a perdu l'autre, paralysé des jambes, sourd, et qui n'a que deux doigts à la main droite et trois à la gauche, a pour seule passion la quête métaphysique. Après maintes expériences philosophiques et mystiques, il reçoit la révélation du vrai : c'est que l'empire du chaos est absolu. Il va donc fonder la religion du chaos, l'organiser. Et, pour ce faire, donner des «fêtes chaotiques» de plus en plus folles dans son palais. Ce sera pour constater à la fin que peu à peu la fête perpétuelle, l'état de folie permanente sont devenus l'état normal. La preuve est faite que l'ordre du monde et le chaos ne font qu'un : ordre nouveau, ce n'est que le chaos vieilli, pris en habitude. S'il n'est pas rare que l'on rie à la lecture de Wilcock, il ne se peut guère que ce ne soit d'un rire «nerveux». Il se peut à l'inverse que certains lecteurs sensibles se sentent quelque peu traumatisés par l'un ou l'autre de ces récits, tel ce Chaos, grandiose caricature, en forme de cauchemar, de l'intellectuel au pouvoir.
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