"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dans le transsibérien qui la conduit à Irkoutsk, tandis que défilent les paysages, Anne songe à l'amitié qui la lie à une vieille dame, Clémence Barrot, laissée à Paris. Elle lisait à cette ancienne modiste la vie de femmes libres et courageuses telle Olympe de Gouges, auteur de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne... Et partageait avec elle des souvenirs tendres et douloureux : ceux des amours passées... Le dixième livre de Michèle Lesbre est un roman lumineux sur le désir, un texte limpide sur le bonheur de vivre.
A Paris, Anne a pris l’habitude de faire la lecture à Clémence, sa voisine du dessous. La vieille dame l’attend, sagement assise au fond d’un couloir, sur son canapé rouge. Sa mémoire s’effiloche mais elle se délecte des biographies de femmes fortes que lui lit Anne. Une amitié complice s’installe entre les deux femmes qui partagent le même sens de la liberté, le même amour de l’amour. Quand Anne quitte la ville pour un long voyage vers Irkoutsk et vers Gyl, un amour de jeunesse parti pour les rives du lac Baïkal et dont elle n’a plus de nouvelles depuis quelques mois, elle emporte dans son cœur l’image de la vieille dame sur son canapé rouge. Au fil des paysages qu’elle traverse, des rencontres éphémères avec les autres voyageurs, Anne se plonge dans ses souvenirs, évoque ses amours, ses idéaux de jeunesse, ses liens avec Gyl, ses angoisses, son amitié avec Clémence et lit Dostoïevski et Jankélévitch.
C’est un voyage en transsibérien, beau et mélancolique, que nous propose Michèle Lesbre. Peu importe la destination, c’est ici le cheminement qui compte, la lenteur du trajet en train qui permet la réflexion. L’auteure nous raconte des vies de femmes : Clémence en fin de vie, Anne, plus assez jeune pour ne pas penser à la vieillesse et à la mort. Elles ont aimé, rêvé, pleuré. Elles sont différentes mais partagent des expériences communes. Comme Clémence qui parcourait toutes les rues de Paris dans les pas d’un amour trop tôt disparu, Anne va parcourir les plaines russes à la recherche d’un homme qu’elle a aimé il y a vingt ans de cela. Mais que cherche-t-elle vraiment ? Le Gyl installé près d’une rivière à Irkoutsk ou celui qui vivait à Paris avec elle au temps des rêves, des espoirs en une vie meilleure pour tous ? En cherchant cet homme, c’est elle qu’elle trouve, avec ses désirs, ses peurs, son passé et ses interrogations sur l’avenir. Et n’est-ce pas cela finalement le but d’un voyage : se confronter à l’inconnu pour apprendre à mieux se connaître soi-même..?
De beaux parcours de vie, une écriture délicate et poétique et un voyage pour les amoureux des mots, de la littérature et de l’amour.
Comment garder l’envie, l’envie de vivre, l’envie d’être vivant, l’envie d’être dans la vie ?
Elle va la trouver dans sa rencontre avec Clémence, vieille dame assise dans son canapé rouge :
Clémence, à la sortie de l’adolescence, aurait pu être broyée par la mort de Paul, son amour. Mais s’il l’a toujours accompagnée, cet amour disparu ne l’a pas empêchée de vivre joyeusement.
Clémence et la narratrice vont aussi partager cette envie à travers la vie de femmes combattantes, amoureuses : Olympe de Gouges, Marion du Falgouët, Milena Jesenkà. Des destins de femmes que Clémence va découvrir, qui vont la réjouir et éclairer sa propre vie.
Un roman formidablement joyeux et revigorant. Un hymne à la vie, à l’amour, à la liberté.
Ce livre est touchant, l'écriture posée, avec de belles images, le trajet traîne en longueur, c'est que pour arriver jusqu'au lac Baïkal, il en faut, du temps... Le temps de rêver, de regretter, de s'attendrir, de s'intéresser aux autres qui, peut-être, tourneraient le regard vers soi, avec de grands moments de solitude qui rendent triste. Un long voyage, parsemé de lectures, pour tuer le temps...
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