"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Richard Powers embrasse un sujet aussi vaste que l'univers : celui de la nature et de nos liens avec elle.
Après des années passées seule dans la forêt à étudier les arbres, la botaniste Pat Westerford en revient avec une découverte sur ce qui est peut-être le premier et le dernier mystère du monde : la communication entre les arbres. Autour de Pat s'entrelacent les destins de neuf personnes qui peu à peu vont converger vers la Californie, où un séquoia est menacé de destruction.
Au fil d'un récit aux dimensions symphoniques, Richard Powers explore ici le drame écologique et notre égarement dans le monde virtuel. Son écriture généreuse nous rappelle que, hors la nature, notre culture n'est que " ruine de l'âme ".
" Si Powers était un auteur américain du 19e siècle, qui serait-il ? Il serait probablement Herman Melville, et il écrirait Moby Dick. " Margaret Atwood
Chaque histoire a son arbre. Tout est lié entre l’humain et cette ramifiante nature.
Il y a tout d’abord le titre « l’arbre monde » qui nous ouvre tout un univers, ensuite la couverture du livre avec ces troncs gigantesques qui s’élancent vers la lumière à travers la canopée, et puis le thème si vaste de l’arbre, bien-sûr. Il n’en fallait pas plus pour me donner envie de m’enfoncer dans cette forêt littéraire.
Au-delà du thème de la protection de la nature, il y a le militantisme de Richard Powers qui s’exprime au travers ses neuf personnages. Tous vont partir vers la Californie pour sauver un immense sequoia qui doit être abattu comme ses congénères. Á travers cet arbre symbolique, c’est le destin des forêts primaires d’Amérique qui se joue. Tous ces personnages sont différents et complémentaires, on trouve parmi eux un artiste, un ancien vétéran, un informaticien, une étudiante un peu paumée et une garde forestière spécialiste en sylviculture. C’est l’amour des arbres, la prise de conscience écologique qui les a réunis et leurs histoires vont converger vers le sequoia où va se jouer leur destin
L’histoire suit le schéma de l’arbre puisqu’il y a quatre chapitres : racines, tronc, cimes et graines. C’est aussi le prétexte pour nous raconter la spécificité de chaque arbre, et leur histoire mêlée à celle de l’Amérique.
J’ai beaucoup aimé les descriptions poétiques des arbres, par exemple lorsque l’auteur dit du hêtre noir qu’il est « élégant, avec ses branches solides qui ressemblent tant à des bras et dont les pointes s'élèvent comme des mains en offrande »
Richard Powers nous explique la portée de l’arbre et du vivant dans notre vie d’adulte. Il se sert de la fiction à travers une fable écologique pour nous faire prendre conscience de l’importance des forêts et de l’enjeu qu’elles représentent. Il affirme même que l’arbre fait partie de notre famille : « Vous et l'arbre de votre jardin êtes issus d'un ancêtre commun et aujourd'hui encore vous partagez avec cet arbre le quart de vos gènes. »
On sort secoué de ce roman, et on ne regardera plus jamais les arbres de la même manière, ce qui n’est que justice au vu de tous les bienfaits qu’ils nous apportent. Alors, tous militants pour sauver les forêts ?
Hélas ! Un roman ne saurait suffire, mais c’est déjà une petite graine qui ne demande qu’à germer.
L’écriture de Powel peut être hardue, la vie humaine liée à la nature, leur évolution parallèle. Un arbre planté pour une naissance se meurt à l’envol des enfants.
Une lecture qui me donne envie d’avoir a un arbre à entrelacer
De Richard Powers j'avais déjà lu La chambre aux échos et je me rappelle d'une lecture qui n'avait pas été simple. L'arbre-monde me conforte dans cette idée que la plume de monsieur Powers n'est pas des plus faciles à suivre. Pour autant, globalement, j'ai trouvé cette lecture envoutante.
Nous suivrons ici neuf personnages, très différents les uns des autres, liés entre eux de manière plus ou moins proches. Si nous rentrons dans le roman par la présentation presque exhaustive oserais-je écrire de chaque personnage, le roman prend sa véritable dimension dans les deuxième et troisième partie, j'ai d'ailleurs beaucoup aimé cette dernière qui m'a semblé être la substance-même du récit. Une ode à la nature, une ode aux autres, à l'Humain dans ce qu'il a de plus noble mais aussi de plus détestable.
Je ne suis pas certaine d'avoir saisi toute la porté symbolique ou philosophique de ce livre mais j'en ai par contre apprécié la beauté.
Je terminerai en disant que mon bijou préféré est un pendentif en forme d'arbre, un arbre tout simple, banal, marron et vert. Quand je l'ai vu dans la boutique, je n'ai pas pu l'oublier et suis retournée me l'offrir. A une époque, je ne portais que lui, le gardant nuit et jour. J'avais l'impression qu'il me protégeait. Ce fut un déchirement la première fois que je l'ai enlevé pour mettre un autre collier qu'on venait de m'offrir. Comme si je connaissais déjà la puissance bénéfique et énergétique de l'Arbre.
En résumé, un livre dont la prise en main n'est pas des plus simples mais qui vaut le coup de s'y attarder même si la lecture peut être ralentie par la complexité de l'écriture et de l'univers de l'auteur.
Nicholas, Mimi, Adam, Ray et Dorothy, Douglas, Neelay, Patricia, Olivia : neuf débuts de vie plus ou moins proches de la nature et des arbres, au cours du vingtième siècle. La lutte contre la surexploitation forestière et pour la préservation des forêts primaires réunira cinq d'entre eux : des actions non violentes, brutalement réprimées, qui déboucheront sur la violence, jusqu'au drame.
Mais la vie ne s'arrête pas là. Chacun, ou presque, continuera son bout de chemin, toujours plus ou moins marqué par les arbres, jusqu'à ce que les erreurs du passé ne rattrapent certains d'entre eux...
Un livre dont l'arbre est l'acteur principal, le héros ! Sans doute pas une première en littérature adulte (je pense par exemple à L'homme qui plantait des arbres de Jean Giono), mais pas loin...
Dans un style rédactionnel et avec des options narratives très différents, on pense immanquablement à Le gang de la clé à molette d'Edward Abbey : un sujet en danger (le désert pour l'un, les grands arbres pour l'autre) ; un groupe d'individus plus ou moins liés qui agissent, ou croient agir, pour sa sauvegarde, en n'hésitant pas pour cela à basculer dans la violence.
J'arrêterai là la comparaison, car il y a aussi de notables différences. La forme narrative, le style d'écriture et le vocabulaire d'Abbey donnent à l'épopée de son gang un côté Don Quichotte un peu loufoque. Powers reste dans un registre plus classique : il raconte des vies, qui vont ou pas se croiser, autour d'un même thème, l'arbre en tant qu'être vivant indispensable au maintien de la vie sur Terre. Ses personnages, avec leurs fractures, nous paraissent beaucoup plus proches de nous. Leur histoire pourrait presque être celle d'un parent ou d'un voisin.
Roman ou récits de fiction ? Peu importe ! L'essentiel est dans le message écologique porté, et en miroir, dans la vanité de certains aspects des modes de vie du vingt-et-unième siècle. Un essentiel qui ne se laisse pas toujours capturé facilement : il faut prendre le temps de la lecture et de l'assimilation. Cela n'est pas instantané, mais le plaisir de lecture est bien réel.
Un hommage brillant aux arbres, à déguster en prenant son temps.
http://michelgiraud.fr/2020/06/24/larbre-monde-richard-powers-cherche-midi10-18-brillant-hommage-aux-arbres/
Des destins qui s'entremêlent comme les racines des arbres. Des voix qui nous rappellent que la vie est partout même là où nous ne la voyons pas. Quand certains se débattent pour protéger des arbres vieux comme le monde, d'autres les abattent sans relâche pour l'argent. C'est dans la symphonie du vivant que Richard Powers nous entraîne jusqu'à l'évidente tragédie que nous autre humain nous en avons perdu l'harmonie.
Qui des arbres ou des hommes à besoin d'être secouru ?
On a presque peur d'oser un chronique sur l'Arbre-monde de Richard Powers, sachant qu'on n'a pu percevoir qu'une toute petite partie de la richesse qu'il contient. La force de ce roman dépasse le petit d'Homme que nous sommes, trop souvent empli de croyances sur notre capacité à dominer la nature alors que, d'un arbre, nous ne voyons qu'une toute petite partie, ne connaissant ni ses racines, ni son passé, son présent et surtout la promesse d'avenir qu'il nous offre. de là à croire qu'on est capable de maîtriser le langage et les interactions entre les tous les vivants de la nature, il y a bien plus d'un pas et nous nous surestimons à nous croire capable de les franchir d'un bond banal.
Richard Powers nous propose une réflexion sur l'Arbre, plutôt les arbres, chacun dans leur unicité, participant à l'équilibre du monde. Son récit, doté de quelques très belles présentations des essences mises en scène, s'intéressent surtout à un panel de personnages, tous plus étonnants les uns que les autres, qui ont, consciemment ou non, bâti leurs vies en s'adossant à l'arbre qui les a fait grandir.
Ces humains, plutôt atypiques, finiront par croiser leurs destins, leurs engagements et ce récit ouvre au lecteur une porte sur de multiples interrogations : qui sommes-nous ? Sur quoi fondons-nous nos vies ? Quel est la place du respect dû aux vivants, arbres compris ? Notre économie de croissance et de surproduction a-t-elle seulement un sens, un avenir ? A travers cette approche des grands mythes des arbres fondateurs, ce sont nos fondements de vie qui attendent d'être validés, ou pas.
L'écriture qui nous emmène dans des cultures, des lieux et des temps différents n'est pas toujours simple à suivre. J'avoue m'y être quelques fois perdu, à tout le moins égaré. Peut-être faut-il simplement se laisser bercer par le chant des arbres plutôt que de vouloir en analyser et comprendre la moindre feuille. Ce roman, construit en quatre blocs distincts (racine, tronc, feuillage et fruits) nous fait découvrir l'importance du monde des racines qui nourrissent, du tronc qui charpente et du feuillage, aussi volumineux que celui des racines, qui finira par donner du fruit et un à venir. Que serait un corps sans son pied, son bras, son oeil ou sa main ? Il en est de même pour l'arbre. Nulle partie ne peut revendiquer être le tout, chacune complète l'autre. Et, en élargissant, que serait le monde sans l'arbre, la pierre, le vent ou l'homme ? Nulle partie ne peut revendiquer d'être le tout… Un roman qui nous invite à reprendre la place qui est la nôtre dans ce tout où rien ne nous appartient, même si, souvent, nos actes font croire le contraire. Une belle, très belle découverte.
Ce livre était sur ma pile depuis l'été dernier… l'envie de poursuivre ma participation au défi de Madame lit l'a ramené en haut de la pile. J'en suis heureux !
Cet "Arbre Monde" est avant tout un roman, choral certes, avec toutes les contraintes du genre, mais un roman, émouvant et parfois haletant. Plus que dans l'air du temps c'est un livre militant, qui peut de temps à autres vous tomber des mains. Ce n'est pas bien grave car vous le retrouvez toujours avec beaucoup d'envie et de plaisir.
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