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La vie est ironique. À quoi sert de gagner au loto quand on vous apprend que vous êtes atteinte d'une leucémie ? Née dans une petite ville industrielle que la crise a dévastée mais qu'une bande de citadins chics s'est mis en tête de coloniser, Mado voit son univers s'effondrer. Une greffe osseuse peut la sauver. Sauf que le seul donneur compatible est son frère aîné, Léon, à qui elle ne parle plus depuis longtemps. Avec intelligence, courage et détermination, Mado démontre magnifiquement que la vie est un combat que certains savent ne pas perdre.
"La sauvagine" est le troisième roman de Sophie Brocas sur les 4 qu'elle a écrits, que je lis. J'avais tout particulièrement été séduite par "Le baiser" dont le personnage principal était cette sculpture de Brancusi qui se trouve sur une tombe du cimetière du Montparnasse à Paris et qui fait l'objet de bien des convoitises. Par ailleurs, dans ses deux romans précédents, les personnages féminins imaginés par l'auteur sont des femmes battantes, courageuses malgré les vicissitudes de la vie.
La Sauvagine, c'est un quartier ouvrier qui entourait une usine de fabrication de rayonne qui a fait faillite. La plupart des anciens habitants sont partis, remplacés par des "bobos" qui ont complètement transformé l'âme du lieu, gommant ainsi ce qui en faisait son âme.
Mado, fille et petite fille d'ouvriers, y vit toujours. Célibataire, 33 ans, serveuse dans un restaurant, ne déroge pas à cette lignée. Elle gagne une très grosse somme au loto, ce qui la met mal à l'aise, elle qui galère avec son salaire de misère et trois mois après, elle apprend qu'elle a une leucémie. Seul son frère, Léon, de vingt ans son aîné, peut la sauver par un don de moelle, mais ils se haïssent et ont coupé tout contact entre eux.
Sa maladie va l'obliger à régler ses problèmes, à faire remonter à la surface les non-dits qui empoisonnent ses relations avec son frère, combattre le sentiment d'infériorité qu'elle ressent vis-à-vis des nouveaux habitants du quartier et trouver sa voie.
Ce roman aborde les relations fraternelles empoisonnées par la jalousie, la place dans la fratrie qui assigne des rôles , parfois inconscients, difficiles à assumer, les antagonismes de classe par incompréhension et méconnaissance mutuelles. Une place est également accordée au rôle des livres, de la littérature dans l'ouverture au monde et à soi.
Les personnages sont réalistes, avec leurs fêlures et la difficulté de se coltiner avec la vie et ses problèmes. le style est simple, fluide et rend ce roman très agréable à lire.
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