"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Au jeu des Sept familles, je demande la famille silence. Le grand-père secret. La grand-mère mystère. La mère mutique. Le père motus. La fille bouche cousue. Une seule règle du jeu : pas de question. » Une jeune femme veut rejoindre sa grand-mère qui vit ses dernières heures à l'hôpital, mais elle en est empêchée. Pour lutter contre cette inhumanité envahissante, elle remonte le fil de la vie. Les souvenirs peuplent sa solitude : la Maison familiale, la lumière chaude de l'enfance, les livres de contes, le marronnier aux branches basses comme des caresses... Et les étreintes de sa grand-mère, qui rayonne de vie.
Pourtant une ombre recouvre le tableau. Sa mère refuse de franchir le seuil de la Maison, le mutisme ne quitte pas un instant cette femme lunaire. « Le soleil a rendez-vous avec la lune, mais la lune n'est pas là... » Cette rengaine familière, il n'est plus temps de la fredonner lorsque, les années ayant passé, la mort frôle. Les heures, les minutes de vie sont comptées, la jeune femme ressent l'urgence de comprendre. Que s'est-il passé dans la Maison ?
Le jour où Anne, sa mère qui par ailleurs lui parle si peu, lui téléphone, c'est pour lui annoncer une très mauvaise nouvelle.
Sa mère vient d'être hospitalisée et c'est sans doute désespéré.
Elizabeth n'a alors qu'une obsession, se rendre au chevet de sa grand-mère à l'hôpital. Mais c'est la période dramatique où un certain virus a contaminé tout le pays, les malades et les morts doivent être isolés, aucune visite n'est possible.
Cependant, Elizabeth sait que seule sa voix et sa main dans la sienne pourrait garder grand-mère en vie, la retenir encore un peu auprès de sa petite-fille qui a tant besoin d'elle pour comprendre.
Comprendre quoi ? Les silences, la rupture, le manque d'amour, la fuite des parents à travers le monde, laissant Anne encore enfant au bon soin des autres, le retour à la maison familiale, le mur érigé entre une mère et sa fille pourtant toutes deux si semblables.
Comprendre pourquoi un jour elle a dû choisir, entre l'amour et les bras d'une mère et les vacances chez les grands-parents, braver les interdits et découvrir la chambre sous les toits, les cahiers et les crayons, les jouets et les livres, la vie qui s'est figée à tout jamais.
Seule dans les couloirs de l'hôpital elle attend.
Elle attend de pouvoir parler, comprendre, dire, entendre, pardonner, aimer, donner.
Étrange roman qui se lit avec impatience, le cœur lourd, le chagrin en filigrane et l'incompréhension tout au long de ces enfances amputées, de ces vies tronquées et trompées.
Une belle écriture, les mots et les silences sont posés, donnent le rythme de ces jours d'attente jusqu'au dernier, celui du pardon, des mots dits, des espoirs qui enfin se transforment en révélations. Transmission et secret de famille, déni et deuil, si les questions sont posées, certaines réponses seront enfin données.
https://domiclire.wordpress.com/2023/07/17/la-maison-des-solitudes-constance-riviere/
C'est l'histoire d'Elizabeth, une jeune femme qui se rend au chevet de sa grand-mère.
Il y a de l'amour entre ces deux-là alors que la grand-mère n'a plus de contact avec sa fille, la mère d'Elizabeth.
Elizabeth, a elle, de son côté beaucoup de mal à établir un lien aimant et apaisé avec sa mère.
Bien sûr, il y a un secret qui explique ces relations compliquées ; secret que nous devinons rapidement mais cela ne gène pas la lecture.
D'une plume élégante, l'auteure brosse les ravages des non-dits, l'impensable deuil, le besoin viscéral de trouver un coupable, l'immense douleur et l'impossible rédemption.
L'émotion monte crescendo et, par petite touche, nous rentrons dans l'intimité de ces femmes jusqu'à la révélation de l'énorme sacrifice.
Une lecture poignante.
Lu dans le cadre du livre de poche 2023
Elizabeth, avec un Z, c'est important, parait-il !
L'histoire d'une fillette, devenue grande, qui se retrouve au chevet de sa grand-mère malade, mourante, atteinte de ce fameux virus innommable.
Un plongeon dans les souvenirs d'une famille traumatisée par un drame qui aura tout saccagé, les relations humaines, le dialogue, l'affection.
Elizabeth, à peu près mon âge, un amour inconditionnel pour sa grand-mère et un acharnement sans faille, tout comme moi, forcément je me suis projetée!
J'ai énormément apprécié ce roman sur un sujet lourd mais écrit avec légèreté. Un feed-back nous permet de comprendre au fil des pages que trois générations de femmes sont unies par un terrible secret mais dont l'évocation n'est tout simplement pas permise. Un traumatisme pour ces trois femmes qui va, dans un premier temps, séparé une mère de sa fille puis, dans un second temps, obliger une petite fille à se partager entre sa mère et sa grand-mère.
A lire sans hésiter
Comme cela m'arrive assez souvent, j'ai été happée, sans rien connaître de l'auteure ou de l'histoire, par la couverture avec cette porte ouverte; vers qui? vers quoi? Puis le titre m'a interpelée avec le mot "solitudes" apposé au mot "maison" ce qui va à l'encontre de mon image mentale de maison, lieu de rencontres, de retrouvailles, d'échanges, de chaleur.
Elizabeth est rentrée précipitamment de l'étranger pour retrouver sa grand-mère adorée qui se meurt à l'hôpital d'un virus virulent, jamais nommé, mais dont on connaît tous le nom. Les règles sanitaires l'empêchent de l'approcher mais elle reste dans le couloir de l'hôpital espérant pouvoir accéder à sa chambre. A la faveur de cette longue attente fiévreuse, les souvenirs affluent. Alors qu'elle fête tout juste ses 7 ans, elle découvre la maison familiale abandonnée pendant 30 ans mais aussi comprend qu'on lui cache quelque chose de grave car sa mère, Anne, après avoir été au grenier, coupe brutalement les ponts avec sa propre mère, qu'elle ne reverra plus.
Anne devient, alors, distante avec sa fille, Elizabeth, qui quêtera, sans succès, des gestes d'amour. Elle laisse, cependant, Elizabeth passer toutes ses vacances chez sa grand-mère.
Lorsque sa grand-mère meurt à l'hôpital, Elizabeth retrouve un carnet de l'année 1959 où elle consignait ses souvenirs, ses émotions. Et elle comprend enfin quel drame a détruit tout amour entre mère et fille sur deux générations.
Roman largement autobiographique, ce qui lui confère sa force, sa justesse et donne aux émotions une profondeur qui nous touche. Il traite de la douleur qui cherche un exutoire dans le rejet et la haine de la personne qu'on juge responsable de sa douleur, la douleur comme prison, enfermement, assèchement.
C'est aussi un roman sur le sentiment de culpabilité qui pousse à se faire souffrir pour expier.
C'est, enfin, un roman sur la quête éperdue de l'amour d'une mère par une enfant rejetée pour des raisons qu'elle ne comprend pas, les traces indélébiles que laisseront ces vaines tentatives sur l'adulte futur.
Très beau roman à fleur de peau, à fleur de cœur.
J’ai commencé la lecture avec réserve. Nous vivons la situation sanitaire, sa « lâcheté du quotidien transformé en rigueur morale», ses absurdités/inhumanités, quotidiennement. Y plonger dans un roman me paraissait de mauvais augure pour la gestion de la colère/du défaitisme/de la crainte que ça ne dure dure dure. Besoin de temps sûrement.
Finalement embarquée par l’écriture, happée par l’histoire j’ai voulu savoir.
Dans ce roman on
Assiste au délitement des corps
A l’absence qui dénoue mais ne soulage pas
A la mort de proches sans mains, sans corps à leurs côtés.
Une assemblée de morts en devenir sans recueil pour soulager les peines
Regrets
La mort arrivant provoque de nouveau questionnement
On veut plus
Autrement mais
Un livre habile qui tient en suspension.
Il y a le présent qui agrippe et l’avant qui se veut difficile à cueillir.
Savoir ce qui se joue dans cette famille dans cette maison dans ces relations pour que les mains se soient lâchées, les sourires décrépis, l’amour distendu.
Les silences familiaux qui ébrèchent les vies, longtemps, qui rejaillissent sur les générations suivantes.
Les trous qui ne trouvent pas à se combler.
Complexité de vivre dans la haine des siens, avec l’absence.
Coupable désigné pour alléger le fardeau, un temps.
Jusqu’à la
Dissolution/dislocation
Grandir dans les silences
Grandir avec le vide.
J’ai eu beaucoup de compassion pour cette mère, enfant délaissée, rendue coupable.
Je suis toujours du côté des enfants. Ils ne choisissent pas. Ils méritent plus. Les enfants encore en nous, méritent plus.
Un roman délicat sur la perte, la parentalité abîmée et les relations sacrifiées.
L’hospitalisation de sa grand-mère atteinte du Covid, et qui vit ses derniers jours, fait revenir à son chevet Elizabeth, la narratrice. Elle attend dans le couloir sordide de l’hôpital de pouvoir la voir, la toucher, la réconforter, lui parler tout simplement. Cette longue attente entraîne chez elle une forte introspection et fait remonter à la surface une foule de souvenirs.
Petit à petit, on va découvrir les secrets de famille qui ont longtemps semés le trouble et ont fini par séparer tous les membres. Anne, la mère de la narratrice, ne parle plus à sa mère depuis des dizaines d’années et réciproquement, et elle-même connait des rapports distants avec cette mère qui ne s’est jamais occupé d’elle, ni ne lui a jamais montré aucune émotion ni sentiment. C’est pourquoi elle a tissé avec sa grand-mère au fil du temps une relation très forte, à l’occasion des vacances scolaires passées chez elle, dans sa maison. Ce fut pour elle de vrais moments de joie, les seuls de son enfance.
Dans cette histoire, la maison de la grand-mère est un véritable personnage. Elizabeth nous la décrit comme la maison du bonheur, et elle tient une place particulière, comme un leitmotiv. Mais cette maison a son histoire propre, elle a connu le malheur, les heures sombres, bien avant la naissance de la narratrice. Constance Rivière a d’ailleurs donné à son roman le titre de « la maison des solitudes », ce n’est pas pour rien. Mais elle aurait tout aussi bien pu l’appeler « l’absente », car c’est ce que l’on ressent tout au long de l’histoire, la présence obsessionnelle de la maison mais aussi l’absence de quelque chose ou de quelqu’un.
Au fil des pages, l’histoire se révèle, avec la découverte de la chambre jaune, interdite à Elizabeth, dans la maison, grâce aux journaux intimes tenus par la grand-mère, avec la parole enfin retrouvée d’Anne sur son enfance et ses parents. Enfin par une dernière lettre d’adieu écrite par la grand-mère à sa fille, sous forme de pardon, jointe à un carnet, le numéro 13, qui donne la clé du mystère.
Avec une plume fluide, une écriture facile, contemporaine, l’auteure nous parle de mémoire, de souvenirs, de culpabilité, de perte, de douleur, de deuil, du mal, mais aussi de la maternité, du silence qui détruit, des secrets qui brisent, de famille explosée par des évènements incontrôlables. Tous les personnages sont seuls, avec quelque chose de brisé en eux, depuis longtemps, et évoluent cabossés vers leur destin. Cela parle essentiellement de solitude, de rédemption, de résilience, de transmission, de réconciliation.
La puissance de la narration fait que l’on ne quitte pas ce roman avant d’atteindre la dernière page, comme un souffle qui nous tient en haleine jusqu’au dernier moment de la grand-mère.
Une belle découverte.
Elisabeth attend, avec une volonté farouche, dans un couloir d’hôpital, qu’on lui accorde une dernière visite à sa grand-mère en fin de vie, atteinte du Covid. A la faveur de ces longues heures, de ce contexte difficile et de cette souffrance, Elisabeth revient sur le passé de sa famille, sur les non-dits, les déchirures entre sa mère et sa grand-mère, les blessures inexpliquées. Le secret de famille sera l’objet d’une révélation à la fois douloureuse et lumineuse. Un roman sur l'attachement, le deuil, la difficulté d'aimer. Très prenant, beau et dur, magnifiquement écrit, il nous renvoie à des questions d’une grande humanité. Je l'ai lu d'une traite avec beaucoup d'émotion.
Elisabeth est issue d’une famille « mutique » où, par pudeur ou par bienséance, on préfère taire les choses. Une attitude lourde de sens qui devient difficile à porter au fil des générations : « Au jeu des Sept familles, je demande la famille silence. Le grand-père secret. La grand-mère mystère. La mère mutique. Le père motus. La fille bouche cousue. Une seule règle du jeu : pas de question. » Mais lorsque sa grand-mère dont elle était si proche enfant vit ses dernières heures isolée de tous dans un hôpital, la jeune femme veut absolument obtenir des réponses à ses questions : pour quelle raison sa famille s’est-elle disloquée, ses membres jusque là soudés s’ignorant désormais totalement ?
L’héroïne, Elisabeth, est une jeune femme à la recherche de son passé, il lui manque quelque chose pour se construire sereinement, une brèche demeure grande ouverte qui n’a jamais pu se refermer : sa mère, une femme énigmatique, comédienne de profession (car elle ne peut apparemment pas s’empêcher de faire semblant) a brusquement changé de comportement vis à vis de sa propre fille mais surtout de ses parents qu’elle refuse de rencontrer. Elisabeth n’a jamais compris cette « fracture » soudaine, inexpliquée survenue au cours de son enfance. Vivre au sein de cette famille déchirée est rapidement devenu un fardeau : une mère froide, distante, dépressive, des grands-parents qu’elle ne voit qu’aux grandes vacances dans une maison de campagne où résonnent encore mille souvenirs. Que cache ce mystérieux grenier dont l’accès lui était formellement interdit ?
S’oppose à ce récit calme au ton froid et poétique parfois, cette course contre le temps pour retenir les souvenirs et tout ce qui peut l’être d’une vie troublée par un secret de famille pesant. Le côté énigmatique de ce récit m’a beaucoup plu : j’ai comme Elisabeth eu envie de connaître les raisons de cette fracture soudaine dans une famille jusque là en apparence soudée. J’ai trouvé touchant le portrait de cette famille mutique où il est si difficile pour une jeune femme de trouver sa place. L’auteure dresse également avec beaucoup de sensibilité le tableau d’une époque actuelle, de notre société qui tente de réagir face à une épidémie dévastatrice. Les relations humaines y compris avec nos proches malades ou mourants sont réduits « tout comme les cartes bancaires » au sans contact… Attendre des heures dans ce couloir d’hôpital avec obstination sera pour Elisabeth l’occasion de se remémorer des souvenirs d’enfance et de se questionner sur les relations compliquées entre les membres de sa famille. C’est avec beaucoup d’empathie que j’ai suivi l’attente d’Elisabeth à la porte de l’hôpital, impatiente de revoir une dernière fois sa « grand-mère soleil« , de lui témoigner son affection mais aussi de discuter enfin avec elle de sujets graves, de poser les questions qui importent en faisant fi de ce mutisme familial intergénérationnel pour enfin faire éclater la vérité. Ce roman offre une réflexion poignante et réaliste sur notre rapport à la vieillesse et sur le temps qui passe trop vite.
Une lecture qui sort de mon genre de prédilection et qui pourtant là encore m’a entièrement satisfaite dans les sujets abordés. Je remercie NetGalley et les Editions Stock pour ce partenariat.
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