"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Sibérie, 2004. Tandis que résonnent les rumeurs de la guerre en Tchétchénie, un vieil homme revient sur les lieux de son passé, au goulag, où il fut interné pendant dix ans, même s'il s'était « illustré » dans les rangs de l'Armée rouge. Parmi ses milliers de codétenus, il y avait on frère, aussi idéaliste que lui-même était cynique. Mais un lien particulier les unissait : une femme, qu'ils aimaient tous deux. Et c'est au camp, à la veille de la déstalinisation, que le destin de ce singulier trio allait basculer, dans un endroit étrange baptisé la Maison des Rencontres.
Rarement, même dans la littérature russe, aura-t-on vu évoquer avec autant de puissance toute l'horreur et l'aberration du système concentrationnaire soviétique, de ses hiérarchies absurdes, de sa dimension avilissante. Vision d'autant plus saisissante que le « héros » et narrateur est lui-même intimement corrompu par le système. Mais ce qui bouleverse le plus dans ce roman dostoïevskien, l'un des plus beaux livres de Martin Amis, c'est la compassion que l'auteur, avec un lyrisme pudique, parvient malgré tout à exprimer pour tous ses personnages, victimes et bourreaux. Avec en filigrane cette question lancinante : comment rester humain ?
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