"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Sonia est une mère. Sonia n'est plus qu'une mère. Enfermée dans ce rôle qu'elle a choisi et qu'elle compte incarner à la perfection. Sonia maîtrise tout. Tout, sauf ce qu'elle ne maîtrise plus. Elle n'a plus de corps, même son reflet lui échappe, elle n'a plus de place en elle pour autre chose que ce devoir qu'elle s'impose et qui la piège. Le mieux est l'ennemi du bien, Sonia perd pied. Dans un style vif, plein d'humour, Alma Brami nous entraîne dans un vertige maternel universel et terrifiant.
Sonia est mère de deux enfants. Mais elle n'est malheureusement plus que ça : une mère. Elle veut exercer parfaitement ce rôle qu'elle a choisi, trop parfaitement peut-être... le mieux est parfois l'ennemi du bien. Et on ne peut pas tout contrôler. Alors, petit à petit, Sonia perd pied...
Un roman perturbant qui risque de décontenancer plus d’un lecteur mais qui raisonnera tout particulièrement chez certaines mamans qui sauront apprécier le sujet de la maternité abordé de manière pas toujours politiquement correct
Sonia est maman de deux enfants. Son problème c'est qu'elle est une mère et rien d'autre !
Elle veut absolument tout maîtriser, veiller sur eux, les protéger, leur donner tout ce qu'elle n'a pas reçu...
C'est vrai qu'elle n'était pas vraiment désirée et que Milou, sa mère, ne s'est pas occupée d'elle, ne lui a pas montré son amour. Encore aujourd'hui, la bise sur le front, quel horreur... Milou se défend, lui dit qu'elle lui a donné son indépendance... Aujourd'hui, elle veut l'aider car elle se rend compte que la charge mentale est trop forte pour Sonia, qu'à force de vouloir tout contrôler, elle va finir par craquer, pèter un plob, aller droit dans le mur.
"Il ne faut pas avoir d'enfants si on veut tout maîtriser, planter des tomates c'est mieux."
Être une mère parfaite pour réparer son enfance c'est ce que nous décrit Sonia mais à force, elle les étouffe ses enfants.
Le style d'Alma est parfait pour nous faire ressentir les choses. L'usage du "je" crée beaucoup d'empathie. Les phrases sont courtes, les énumérations provoquent et traduisent à merveille le sentiment d'essouflement de Sonia. Les verbes à l'infinitif, la forme nous font ressentir que la narratrice perd pied.
Humour, tension, la vie quoi, un vrai sujet de société. Un roman qui nous fait réfléchir sur la performance et la recherche de perfection qui use.
Ma note 9.5/10
Les jolies phrases
Il ne faut pas avoir d'enfants si on veut tout maîtriser, planter des tomates, c'est mieux.
Paye-t-on pour tout ce qu'on a fait endurer à sa mère en devenant mère soi-même ?
Ils sont moi, je suis eux. J'aurai dû être ma mère, je me serais bien occupée de moi. Être la fille de mes enfants.
Je suis leur servante. Ils veulent peut-être juste une maman... Je suis tout ça, et bien plus.
Les épargner de tout. Pour eux, leur bien, leur avenir, leur bonheur.
Le meilleur est loin, ça n'était pas brillant, mais ça restera le meilleur. Si j'avais su, je m'en serais contentée.
Je supporte tout, je suis une mère. Les mères supportent tout, même ce qu’elles ne peuvent pas supporter, même ce qui est insupportable.
Mes enfants entourent mes chevilles, comme du lierre coriace. Ils me tiennent ancrée dans leur vie. Mais la mienne de vie, où est-elle ?
Tes gosses ne t'appartiennent pas, leur chemin, leur expérience pour se construire, tout ça. Vivre c'est apprendre, souffrir, tomber.
https://nathavh49.blogspot.com/2023/10/ils-sont-moi-je-suis-eux-alma-brami.html
C’est la première fois que je lis un roman d'Alma Brami qui, pourtant, selon mes recherches, en a déjà quelques-uns à son actif. Avec "Ils sont moi, je suis eux", l’auteure nous plonge sans préambule dans la vie d’une maman solo, et de son alter ego critique, Bukowski.
Sonia est mère de deux enfants. Mais elle n’est plus que ça, une mère. Elle veut exercer parfaitement ce rôle qu’elle a choisi, trop parfaitement peut-être... Le mieux est parfois l’ennemi du bien. Et on ne peut pas tout contrôler. Alors, petit à petit, Sonia perd pied...
Cette dernière phrase résume à elle seule la trame de cette œuvre touchante et dramatique. Alma Brami a effectivement choisi un sujet très actuel et très intéressant, la charge mentale que subissent les parents, d'autant plus forte lorsqu'ils sont seuls pour incarner cette mission, et les conséquences parfois inéluctables (dépression, burn-out,...) qui en découlent. C'est un thème qui me touche particulièrement.
D'emblée, j'ai été happée par l'histoire de cette mère et j'ai lu ce court roman presque d'une traite, la gorge serrée.
Je trouve que l'auteure a extrêmement bien mis son style au service du sujet. Elle utilise en effet des phrases courtes, des énumérations d'adverbes ou de verbes à l'infinitif, dont la succession insuffle un rythme particulier, et donne au lecteur l'impression de perdre son souffle, de perdre pied presque, en même temps que le personnage principal.
Je me suis sentie très rapidement en empathie avec cette maman dépassée - malgré que je ne sois pas moi-même maman - sans doute grâce à la narration à la première personne, narration qui semble légère au premier abord, mais qui cache finalement un profond mal-être. J'ai beaucoup aimé la construction des personnages, que ce soit l'héroïne, sa maman Milou, ou les enfants, bien sûr ; chacun présenté avec ses parts d'ombre et de lumière.
Bref, ce roman ne remportera peut-être pas le prix - comme le disaient également d'autres membres du jury - mais je l'ai apprécié. Il est bouleversant et bien écrit. L'auteure arrive à provoquer de fortes réactions émotionnelles chez son lecteur qui assiste impuissant à une véritable descente aux enfers. C'est un livre "choc" qui ne laisse pas indifférent, surtout la fin que je ne divulguerai pas mais qui est terrible...
Une œuvre magistrale, une écriture rythmée, une tension dramatique adoucie par l'humour de l'auteur.
Alma Brami nous plonge dans l'intimité de Sonia qui cesse d'être une femme pour devenir une mère totalement dévouée à ses deux enfants.
Un récit à la fois poétique et tragique d'un quotidien qui finit par emmurer cette maman si attachante.
A lire!
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !