"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Georges, tu ne m'as pas enterré. Moi non plus. Il ne nous manquera, ne nous aura manqué que cela. Pas grave. Nouvelles de la mort. Notre chat Bonnot disparaît après huit ans de tendre et précieuse compagnie. Quant à moi je traîne toujours entre deux eaux avec parfois l'impression - désagréable - de m'éteindre doucettement. Georges est peut-être mort très très vieux à soixante ans. Y parviendrons-nous... ? La question sera posée. Ce serait le moment ou jamais d'écrire Demain il fera nuit. Je suis cuit à point. Je ressemble aux grands-pères que je n'ai pas connus. Ce ne serait pas un livre « d'humour et de verve ». Il serait dédié à Georges à peu près de la sorte : « À Georges au fond du jardin. Attends-moi cinq minutes. Pense à l'eau fraîche pour le pastis. René. » Mais je n'ai plus - n'aurai plus ? - le coeur ou le courage de me rasseoir face à un cahier. C'est dérisoire auprès de tout ce noir que j'ai approché... Avec Georges nous parlions en riant de la mort. Ne serait-ce que pour ce détail il m'est irremplaçable. Depuis qu'il est mort, la mort ne fait plus rire personne. Un rien de dérision sauve l'honneur de l'homme. Le Diable est ce type qui a refusé de vendre son âme à Dieu. René Fallet (extrait du Journal inédit)
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