"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Deuxième étage, troisième porte à gauche.
Depuis vingt ans, la G229 est son royaume. La table en U. Le rétroprojecteur. Toute une génération d'élèves s'est assise là. Et Monsieur B d'enseigner, de s'énerver, de s'attendrir. Passeur de mots, passeur de vie. Entre ceux qui rament et ceux qui s'envolent. Les parents d'élèves, les inspections tatillonnes, le temps qui passe... Parce qu'il y a un homme derrière le prof, et tout un roman derrière le bureau...
C'est toujours avec beaucoup de plaisir que je retrouve la plume de cet écrivain. Après "Mariages de saison", son dernier roman lu récemment, je me suis lancée dans "G229" sans vraiment savoir à quoi m'attendre... d'ailleurs, je lis de moins en moins les 4èmes de couverture pour ne pas déflorer le plaisir de mes lectures à venir !
G229 est un code spécifique pour identifier la salle de classe n° 229 du bâtiment G, là où un professeur d'anglais enseigne, le narrateur de ce roman.
Jean-Philippe BLONDEL est l'homme des panels ! Il nous brosse le portrait des élèves
"[...] des adolescents plus ou moins sympathiques, plus ou moins rebelles, plus ou moins niais, plus ou moins amoureux malheureux chaleureux distants râleurs mal lunés." P. 210/211
mais aussi celui des enseignant.e.s et leur sentiment d'appartenance à l'établissement :
"Je sais instinctivement qui je suis, dix-huit heures par semaine, dix mois par an. Ce cadre-là m'est important. Ma place dans le monde. A un moment donné, pour une période donnée." P. 13
Chacun des publics présents dans un lycée y est abordé avec beaucoup d'objectivité et toujours énormément de tendresse, sans jugement aucun. L'écrivain nous dévoile les rouages de cette micro-société et permet d'humaniser chacun.
"Parce qu'avant tout, dans un lycée, on vit." P. 206
Je me suis plongée avec beaucoup de plaisir dans l'univers de l'éducation nationale, histoire de me rappeler quelques souvenirs de mon adolescence (c'est certain, vous vous y retrouverez vous aussi à un moment donné !) mais aussi de m'approprier cet environnement professionnel que je ne connaissais pas de l'intérieur, c'est désormais chose faite.
Certains y verront une autobiographie, d'autres un roman. Avec Jean Philippe BLONDEL, vous ne savez jamais mais peu importe, c'est toujours un très bon moment de littérature.
Je n'ai pas trop aimé ce livre. On a l'impression tout le long que ça vie de prof est une déception, qu'il est là où il est, dans une petite ville, par dépit, que tout ce qu'il cherchait en voulant devenir prof, ce n'était pas de vivre et d'apprendre avec ses élèves, mais simplement voyager, de changer de pays. Si ce n'est vers la fin, où il nous dit que finalement il est heureux de ce qu'il a, j'ai eu envie de lui dire : Mais si t'avais pas envie de faire ce métier, change.
Enfin voilà, j'ai été un peu déçu, surtout que j'ai beaucoup aimé son dernier livre "Un hiver à Paris"
G229 est le numéro de la salle où ce professeur d'Anglais donne ses cours depuis plusieurs années. Il évoque les réformes de l' Éducation nationale, les rengaines de son métier, les incohérences du système.
Mais le récit reste à l'état de constat qui peut, certes, intéresser des lycéens ou des professeurs mais qui semble anecdotique pour un lecteur classique.
Je trouve le ton de l'auteur très désabusé. je comprends qu'après tant d'années d'enseignement, un professeur soit quelque peu blasé mais j'aurais aimé un peu plus de chaleur dans le texte, un peu plus d'espoir pour les élèves.
Les quelques cas personnels évoqués ne suffisent pas à donner suffisamment d'humanité au récit.
L'auteur explique tout de même la raison pour laquelle il est devenu professeur, ce qui explique sa nostalgie et son amertume.
Car quelque soit le milieu, le temps passe irrémédiablement.
JP Blondel rêvait d’un poste d’enseignant en Equateur mais il restera fidèle à la compagnie de la salle G229.
JPB retrace avec beaucoup d’émotions l’itinéraire d’un professeur qui donne sa vie à ses classes.
Son métier est une chance mise à mal par des soucis d’adaptation aux cascades de réformes, à l’empilement des directives : comment digérer le passage du notionnel/fonctionnel à l’actionnel en passant par le PRL (a découvrir dans le texte).
Il est dur d’être quitté à chaque fin d’année scolaire. Le temps d’analyser sa vie et voilà que la carrière est presque finie sans avoir eu le temps de creuser ses relations de travail.
Au delà de cette amertume, JP Blondel témoigne à chaque page de son affection pour ses élèves et son amour pour son métier. Le surplace n’est qu’apparent car il aura réussi ses deux projets : enseigner et écrire. La survie d’un temps haché et cadencé cache de belles leçons de vie.
Une observation toutefois : un peu plus de personnalisation avec l’usage du je à la place du on eût été apprécié.
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