"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ce livre, c'est un peu comme un secret que je vais dire à tout le monde. L'histoire d'un engagement que j'ai pris enfant et que je n'ai jamais oublié.
Nous sommes dans les années quarante. J'ai six ans et je n'ai jamais vu ma mère. Un dimanche de juillet, elle arrive dans une belle Citroën noire et m'emporte en dix minutes. Ma nourrice court dans la poussière blanche soulevée par la voiture et jette son tablier noir sur sa tête. Je grimpe contre la lunette arrière et je lui dis en moi-même : Je te retrouverai, je te le jure. »
http://leslivresdejoelle.blogspot.fr/2017/04/et-si-tu-nexistais-pas-de-claire-gallois.html
Ce court roman nous plonge dans les souvenirs d'enfance d'une petite fille durant la deuxième guerre mondiale.
Arrachée par sa mère biologique à Yaya sa mère nourricière la narratrice va devoir intégrer sa famille sans que rien ne lui soit expliqué. Elle n'a alors que six ans. Alors qu'elle était très heureuse auprès de Yaya, elle va grandir en rejetant sa famille et avec pour seul objectif de retrouver sa nourrice.
Dans sa famille qui habite dans les beaux quartiers elle va devoir respecter les règles de bienséance d'un monde feutré qu'elle découvre, un monde dans lequel les sentiments ne doivent pas être exprimés. Sa mère biologique est une femme froide qui attend de sa fille un comportement irréprochable.
Malgré les différents souvenirs évoqués, on ne saura pas pourquoi elle a été abandonnée et confiée bébé à une nourrice ni pourquoi finalement ses parents la reprennent au sein de la famille. J'avoue que j'aurai aimé comprendre...
Ce court roman sans chapitres m'a mise mal à l'aise car j'ai trouvé sa lecture désagréable et laborieuse tellement le récit était confus, je n'ai pas réussi à le décrypter, la narratrice passant souvent du coq à l’âne au gré de ses souvenirs. Pour moi l'ensemble a un côté superficiel et donne une impression de fouillis. Le sujet aurait pu être intéressant mais j'ai également déploré le fait qu'aucune émotion ne transperce dans le récit.
Cette lecture aura été une grosse déception...
"Ce livre, c’est un peu comme un secret que je vais dire à tout le monde. L’histoire d’un engagement que j’ai pris enfant et que je n’ai jamais oublié."
C'est ainsi que la quatrième de couverture présente Et si tu n'existais pas le dernier ouvrage de Claire Gallois paru en Janvier 2017.
« J’étais sa vie, elle était la mienne. Je ne le savais pas encore. »
Ce court roman autobiographique (juste 140 pages) à la fois doux et amer relate les deux vies, si je peux m'exprimer ainsi, de la petite Claire. Tout d'abord, en début d'opus, celle qui fut agréable, belle, tendre, aimante avec sa mère nourricière Yaya. Claire y apprend la vie, grandit dans la simplicité, les valeurs authentiques et surtout la chaleur, la bonne humeur de la campagne.
« Entre Yaya et moi, il manquait quelque chose, quelque chose qui nous unissait en secret et nous éloignait en même temps : nos propres mères. Nous l’ignorions, bien sûr. Yaya avait perdu la sienne quand elle avait six ans, j’allais découvrir la mienne au même âge. Nous ne le savions pas encore »
Tout se passe bien dans le meilleur des mondes jusqu'à ce qu'un jour, sa mère biologique débarque à l'improviste et l'arrache sans explication à ce monde merveilleux.
« […] j’appris beaucoup plus tard combien mon retour chez eux relevait du même état d’esprit. Sauver les apparences »
Ce sera un changement de vie drastique ! Terminé la simplicité, la chaleur humaine, l'authenticité... place à la haute bourgeoisie de la Rue de Courcelles, à la froideur, aux convenances et autres faux-semblants.
« Quand la reine mère entrait, de son pas net, les épaules droites, dans une pièce, il pouvait bien y avoir quatre chaises libres, elle ordonnait : Lève-toi quand Mamie arrive. »
Cette opposition entre les deux mondes est parfaitement bien restituée par l'auteur. Les descriptions sont explicites et parlantes, les codes du milieu de la Haute Bourgeoisie sous Pétain (ah Monsieur l’Évêque...) bien mis en exergue. On ressent toute la gêne et le mal être de la petite Claire dans sa "vraie" famille. Jamais sa mère biologique ne sera "sa mère" pour elle. Ce qui renforcera son besoin vital de retrouver Yaya.
« Elles me tançaient : « La mémoire, c’est l’intelligence des imbéciles ». Je l’avais. Je ne pouvais pas leur dire : « Considérez qui est Yaya et considérez qui je suis. Je ne pourrai pas être vraiment moi avant d’avoir renoué le lien qui m’a ouvert à la vie. »
La dernière partie de l'ouvrage, celle que le lecteur attend, celle des retrouvailles, a été pour moi légèrement décevante. Elle est à mon gout trop romancée et donc aurait pu être bien plus empathique.
« Parfois, je me dis que l’enfance est un destin. Tout y est inscrit, pour qui saurait la déchiffrer »
L'autre élément qui m'a perturbé est l'absence de chapitres. Les pensées de la narratrice sont livrées de manière brute, souvent de façon désordonnée. On passe parfois "du coq à l'âne". Ces sentiments de confusion récurrents, surtout en milieu d'ouvrage, font que le lecteur à du mal à s'y retrouver.
Il n'empêche, c'est une lecture plaisante, une très belle déclaration d'amour à Yaya, servi par une plume aussi belle qu'elle sait être acerbe. Il n'y a néanmoins pas de pathos, ni de propos haineux, ou autres facilités. L'écriture reste dans l'ensemble journalistique donc relativement neutre ai-je trouvé. Si cela peut paraitre dommage pour un tel sujet, cela donne le recul suffisant et assure la crédibilité du secret révélé.
Et si tu n'existais pas est un livre bouleversant et fort, même si comme je l'ai écrit je m'attendais à davantage d'émotions. Il mérite assurément d'être mis en avant et lu. Je vous le recommande.
3,5/5
https://alombredunoyer.com/2017/01/23/et-si-tu-nexistais-pas-claire-gallois/
"Et si tu n'existais pas" m'a énormément plu, bouleversée même.
Cet un magnifique livre d'amour d'une petite fille pour sa nourrice qui l'a élevée dans la simplicité et la joie jusqu'à son "enlèvement" par sa mère à l'âge de 6 ans. Tout au long de sa nouvelle vie, entourée de ses parents, de son petit frère, de ses sœurs aînées et grand-mères, elle n'aura de cesse de retrouver sa Yaya.
Elle grandit et ne change pas d'objectif.
On n'apprend pas pourquoi elle a été confiée tout bébé à cette nourrice, quel rôle a tenu tel ou tel, l'attitude ambiguë du papa ... mais cela ne m'a pas gênée, la poésie des mots et les déclarations d'amour priment. Le dernier chapitre est particulièrement émouvant
144 pages de souvenirs d'une enfance peu commune, c'est presque trop court tant la prose est belle mais il n'y a pourtant pas un mot à ajouter.
Un roman délicat et sensible qui a l'intelligence d'éviter tout pathos alors qu'il y aurait de quoi renier père et mère !
La mère, dans ce roman, est devenue sourde à la naissance de la narratrice, et s'est débarrassée du nourrisson auprès d'une nourrice. Au retour de la mère "indigne", la vie change pour la gamine qui passe d'une enfance comblée à la campagne au cercle étriqué de la bourgeoisie parisienne.
Dans un texte sans chapitres qui semblent égrener des souvenirs, Claire Gallois dissèque deux mondes que tout oppose et défait les liens familiaux : une mère peut-elle ne pas aimer son enfant, et en miroir, une mère par procuration (adoptive) peut-elle être celle qui dispense le bonheur et l'amour ?
Le roman, hors cette question d'amour maternel et des liens du sang, évoque en filigrane les secrets de famille et ce qu'ils peuvent peser sur la vie d'un enfant (quel est le rôle réel de ce Monseigneur ? est-il le géniteur ? et cette grand-mère omnipotente qui se pose en régente ? quel est le vrai lien entre Yaya la nourrice et le père de Claire ?).
Il dessine aussi un portrait de la haute bourgeoisie parisienne sous l'Occupation et tous ses petits accommodements "raisonnables.
Une écriture très douce-amère (comme on comprend la colère de cet enfant !) pour ce roman très réussi !
Merci aux Editions Stock et à NetGalley pour cette lecture qui m'a touchée !
Récit d'une enfance volée, ce roman allie la force des souvenirs heureux et une dénonciation des injustices humaines. Âpre mais drôle aussi, il se lit d'une traite et avec respect car l'auteure ne se cache pas de l'autobiographie des faits.
(chronique complète : http://wp.me/p5TWg9-MM)
ET SI TU N’EXISTAIS PAS DE L’AUTEUR CLAIRE GALLOIS 142 PAGES EDITIONS STOCK SORTIE LE 2 JANVIER 2017
Résumé :
Ce livre, c’est un peu comme un secret que je vais dire à tout le monde. L’histoire d’un engagement que j’ai pris enfant et que je n’ai jamais oublié.
Nous sommes dans les années quarante. J’ai six ans et je n’ai jamais vu ma mère. Un dimanche de juillet, elle arrive dans une belle Citroën noire et m’emporte en dix minutes. Ma nourrice court dans la poussière blanche soulevée par la voiture et jette son tablier noir sur sa tête. Je grimpe contre la lunette arrière et je lui dis en moi-même : Je te retrouverai, je te le jure. »
Mon avis :
Un roman court, doux, amer…
Savoir le « pourquoi de notre abandon », à une étrangère… L’attachement à celle-ci…
Le jour où on vous récupère sans crier gare alors que vous êtes heureuse, que vous aimez tendrement cette mère de remplacement… Le monde s’effondre lorsque votre propre génitrice vous délaisse, vous ignore… Reprendre un enfant que l’on n’aime pas ! Que de questions sans réponse … L’héroïne retrouvera-t-elle sa nounou tant aimée ? Saura-t-elle le fin mot de sa propre histoire ?
J’ai apprécié ce roman même si l’émotion n’a pas été au rendez-vous. Je pensais être submergée vu le sujet… C’est un bon livre mais il m’a manqué des sentiments plus intenses.
En revanche, on passe un moment sympathique en lecture donc il ne faut pas s’en priver !
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