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Faire une photo m'a toujours arrachée à mes angoisses en me confrontant à quelque chose qui me dépasse. Je me demande même si l'expérience de ce dépassement ne compte pas plus que l'image à mes yeux. Je ne suis jamais la même lorsque je range mon appareil, mon flash et mes objectifs avant de prendre congé. L'impression que quelque chose d'irréversible a été accompli. New York, 1971, une nuit d'été.
La chaleur est étouffante. Dans sa salle de bains, une photographe s'apprête à réaliser un autoportrait. Il lui faut trouver le cadre idéal, caler son Leica, choisir focale et vitesse d'obturation, préparer le déclencheur souple... Cette photographe, c'est la grande Diane Arbus qui, en s'intéressant aux inconnus dans la rue et aux personnages hors normes, travestis, prostituées, nains, handicapés, a révolutionné la photographie.
Cette nuit-là, Diane semble à bout de forces. Comme si elle reculait l'échéance, elle tarde à accomplir son projet. Bientôt il fera jour. Mais auparavant, elle se sera confiée à ce miroir dans lequel elle scrute son visage au bord de l'épuisement, revenant sur son enfance, son parcours, ses rencontres, ses amours, sa sexualité et sa peur, viscérale, de l'abandon... Avec une sensibilité à fleur de peau et une manière très intime de parler de la photographie, Sandrine Roudeix se glisse au plus près de Diane Arbus.
Dans cette salle de bains qui ressemble à un dernier refuge, lentement, patiemment, elle l'accompagne au bout de sa nuit et livre d'elle un portrait inédit.
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