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La vie que nous menions, paresseuse, indolente, se calquait sur la topographie de Venise, du moins sur ce qu'elle donne à voir, d'étale et d'abandonné. Il n'y avait rien d'autre qu'à faire l'amour et encore faire l'amour, errer dans les rues. Quand l'exclusion du monde me devenait insupportable, je quittais Léa quelques heures, et j'allais au devant de Venise. Alors je découvrais la gaité de Venise. Elle me sauvait du désastre comme elle sauve la ville. Mais Venise revenait toujours à l'enfermement, comme moi je revenais toujours à l'enfermement, à sa nature de spirale, comme moi je revenais à Léa après mes errances, en captif. J'aimais les mélanges de l'air marin, tonique, qui quelquefois soufflait ici en rafales, entrait dans notre chambre, l'air d'Orient, porté par la mer, et aussi cet air confiné où nous résumions dans l'amour, dans ce désir d'amour, insatiable.
Alain Vircondelet, vénitien de coeur, est l'auteur de romans et de récits, notamment Amore veneziano, Maman la Blanche, La vie la vie.
Universitaire, il a par ailleurs écrit plusieurs biographies et essais consacrés à Pascal, Huyslmans, Marguerite Duras et Saint-Exupéry.
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