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Deuxième Génération n'est pas un règlement de comptes avec l'Histoire. C'est un récit autobiographique à travers lequel Michel Kichka retrace les instantanés décisifs d'une enfance, d'une jeunesse et d'une vie passées dans l'ombre de la Shoah, du plat pays à la terre promise, entre cauchemars, souvenirs drôles, moments joyeux et actes de délivrance.
Célèbre auteur israëlien et caricaturiste majeur, Kichka n'est pas seulement un fervent partisan de la paix au Proche-Orient, il est aussi le fils d'un homme qui fut l'unique survivant de sa famille après la guerre. À 20 ans, son père est revenu dans sa Belgique natale. Il y eut deux filles et deux garçons. Et un vécu si pesant que ses enfants n'ont eu de cesse de vouloir s'en émanciper, chacun à sa façon.
Un récit touchant sur le devoir de mémoire, les traumatismes, la famille et son héritage. Henri Kichka, rescapé du camp de la mort d’Auschwitz. Un des récits les plus étonnants. La productrice Véra Belmont et le réalisateur Marc Jousset on présentés à Cannes au écrans junior une adaptation librement inspiré Les secrets de mon père, ce dernier sort dans quelques jours le 21 septembre 2022 avec les voix de doublage de Jacques Gamblin, Michèle Bernier et Arthur Dupont. Je me demande de quoi sa aura l'air .
Henri Kichka a écrit « Une adolescence perdue dans la nuit des camps », récit autobiographique décrivant l’horreur de son séjour à Auschwitz, en compagnie de ses parents et de ses sœurs. Lui seul en a réchappé. Son fils, Michel, né en 1954 à Liège, ne connaît les événements qu’à travers le récit, les anecdotes et les privilèges de son père. Michel, sa sœur et son frère sont ce qu’on appelle « la deuxième génération », des milliers d’enfants qui découvrent la bêtise, la violence, la haine par transparence. Michel ayant bâti sa vie d’adulte, loin de la Belgique, en Israël, décide de raconter, en bande dessinée, sa vie dans l’ombre de cette figure tutélaire, à certains moments tellement égocentrique que cela en devient agaçant. Le père, ou plutôt un patriarche : pas croyant pour un shekel, complètement détourné de Dieu, il oblige son fils à faire sa Bar Mitsva et lui interdit d’épouser une femme goy. La relation au père, déjà difficile en temps normal, devient une source de contradictions intellectuelles et morales. Jusqu’à atteindre l’insupportable pour Charly, le petit frère de Michel, qui se suicide.
Cette bande dessinée, en noir et en blanc, teintée d’humour malgré son propos si grave, fait écho à un article paru récemment dans le Monde qui définissait la Shoah comme un traumatisme héréditaire. Dans la famille Kichka, il semble bien que ce soit le cas, même si, à certains moments, nous sommes, en tant que lecteurs, dans une incompréhension totale. Le devoir de mémoire pourrait-il ne générer qu’une fatalité morbide, sans aucun espoir de résilience ? Michel Kichka, dont je ne connaissais que les dessins politiques, ouvre la porte de l’espoir, en clôturant son récit par un autoportrait en homme volant au-dessus d’un livre ouvert. Bien entendu, nous pensons tout de suite au « Maus » d’Art Spiegelman, mais la figure paternelle est différente, ainsi que le propos. Spiegelman voulait raconter la vie dans les camps, pour comprendre le suicide de sa mère. Kichka ne parle des camps que par ricochet, à petits rebonds, d’anecdote en anecdote (celle de son professeur de dessin est très émouvante, car très juste).
Ce qui est, par contre, frappant, c’est qu’il y a réellement un courant de l’autobiographie en bande dessinée depuis quelques années. Ici, ce qui fait la différence, ce sont les racines belges de l’auteur/dessinateur, son humour noir et parfois surréalisant par son essence absurde, et son talent de caricaturiste (le visage du rabbin à la synagogue m’a bien fait rire). Le tout sert un récit touchant – quatre longs chapitres et un épilogue - absolument pas manichéen, proposant une réflexion sur la famille, sur le traumatisme, sur la condition humaine tout simplement. Nous avons parfois le sentiment de retrouver des résonances avec « Si c’est un homme » de Primo Levi.
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