Des anges commence dans des circonstances étranges : un mystérieux tribunal condamne le personnage principal à devenir un ange, avant d'examiner son parcours. Le personnage s'ouvre à la vie et se construit dans les années 1965-1980, période idyllique où désir et plaisir sont maîtres, période d'expérimentations hasardeuses et de découvertes, période avant le Sida et les cancers mutants, période d'insouciance où la vie est belle et se croque avec délice. Son ton pince-sans-rire évite à ses confessions d'être une fastidieuse galerie de portraits d'amants et de maîtresses.
Puis le récit bascule du côté de la face obscure de l'époque contemporaine, où la maladie fait son apparition et en devient le reflet. Le personnage découvre qu'il souffre d'un cancer. Le traitement le rend impuissant, puis incontinent, lui qui, tel un personnage vieillissant de Philip Roth, ne vivait que pour l'épanouissement de ses érections. Il y a les visites pénibles au psychiatre tortionnaire, le spectacle du vieillissement des autres gens, en miroir de sa propre décrépitude.
La vie à pleines dents, à pleins désirs pour les uns, les unes et les autres. La vie libre, comme une génération a pu la vivre au siècle dernier, une vie débridée, dépensée sans compter. La joie du corps, Sex & Drugs & Rock & Roll, avant la chute, l'autre vie du corps, la vie du corps malade, privé du corps des autres... Une vie ! Intense, unique, mais qui touche au plus profond de la conscience de tout lecteur, tant l'excès résonne en l'intime de chacun.
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