"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
De la conférence des nuages ou, à l'ombre du marronnier emprunté à 1984, le monologue du brave petit soldat devenu "vieux petit soldat" qui livre sa dernière bataille dans une guerre dont nul ne sort jamais vainqueur, celle de "la destruction des cellules, des métastases, des cheveux blancs". Celle de la mémoire aussi pour que l'histoire qui fut l'histoire de sa vie signifie encore quelque chose. Il a porté toutes les armes, des plus archaïques aux plus sophistiquées, traversé toutes les guerres, les plus anciennes, les plus intemporelles comme les plus contemporaines, à la poursuite de son ennemi unique. Soliloque têtu, morcellement des souvenirs, incertitude de l'identité oscillant entre tu et il, dramaturgie des trêves
et des corps à corps composent un poème ironique et cruel pour dire "cet absurde combat qui est le sens même de la vie". Peu à peu tous les pauvres mots d'espoir : trêve, compromis, promesses, redditions perdent leur sens. Se répandent et se banalisent ceux de prises d'otages, tortures, kamikazes. Finissent par se confondre dans une nébuleuse des pluriels le petit soldat et son ennemi, "les guerriers et les civils". De la conférence des nuages, c'est un texte bref à l'émotion retenue, l'esquisse en épure d'une silhouette, souvent comique par ses exagérations et sa naïveté, celle du petit soldat qui n'en finit pas de marcher, d'arpenter sa vie.
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