"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
À travers le Pays basque, dans la vallée du Baztán, des églises sont profanées. Alors qu'elle vient de donner naissance à son enfant, l'inspectrice Amaia Salazar est chargée d'enquêter discrètement sur cette affaire. Avec son équipe, elle doit aussi s'occuper d'une série de crimes conjugaux qui ont tous en commun d'horribles mutilations. Á chaque fois, le meurtrier s'est suicidé en laissant derrière lui une étrange inscription : TARTTALO. Pourquoi tous ces hommes laissent-ils ce même mot? Que signifie-t-il? Et pourquoi semble-t-il destiné à la jeune inspectrice?
La vallée du Baztán recèle encore de bien terribles secrets qu'Amaia devra affronter pour espérer enfin y vivre en paix.
Le couloir des âmes
L’action du roman commence un an après le gardien invisible (je conseille vivement de lire en premier) : le procès de Jason Medina s’ouvre au tribunal de Pampelune et l’inspectrice Amaia Salazar y assiste, comme il se doit. Mais juste avant qu’il soit amené dans le box des accusés, Jason Medina se suicide en laissant un mot adressé à Amaia : « Tarttalo ». Dans la mythologie basque, le tartalo (orthographe exacte) est un cyclope géant, considéré comme violent, cruel et … anthropophage. Amaia est déconcertée car Jason Medina était incontestablement coupable du viol et du meurtre de sa belle fille mais en revanche, il avait toujours nié avoir coupé le bras de sa victime, post-mortem, bras d’ailleurs qui réapparait dans un tas d’ossements dans une grotte située près d’Elizondo.
Trois mois plus tard, Amaia reprend son travail après avoir mis au monde un petit garçon, Ibai. Elle est à nouveau envoyée dans son village natal pour y enquêter sur la profanation d’une église. Une enquête qui lui parait revêtir une importance toute relative au regard de celle qui l’occupait, la disparition d’une femme vraisemblablement tuée par son compagnon… Mais les apparences sont trompeuses et Amaia assistée de Jonan Etxaide va s’apercevoir qu’elle n’en a pas terminé avec la sombre vallée de Baztàn.
Situé à nouveau en février, le roman ne montre pas cette région sous un jour très propice au tourisme : il fait froid, il pleut, l’humidité s’infiltre partout, il pleut tant et plus que la Baztàn finit par déborder … Et tandis que l’eau monte, inexorablement, l’intensité dramatique va crescendo…
Second volet de la trilogie de Baztàn, ce roman est encore mieux que le précédent et je l’ai dévoré (le mot est peut-être mal choisi…) en deux jours !
Dolores Redondo est une virtuose : elle parvient à faire passer des émotions d’une force incroyable ! J’ai été totalement happée par l’intrigue qui, à nouveau, mêle habilement l’histoire familiale douloureuse d’Amaia à l’enquête policière proprement dite (très réussie) sans oublier le contexte historique de la région et les surprenantes légendes basques qui donnent une dimension toute particulière au récit.
Je termine ce livre le cœur en mille morceaux…
Ce n’est pas cette enquête sur des profanations dans une église qu’on lui confie à son retour de congé maternité qui excite la curiosité d’Amaia Salazar. Non, ce qui sème le trouble dans son esprit (hormis la difficulté qu’elle éprouve à se séparer de son nourrisson), c’est l’étrange point commun qu’elle relève entre plusieurs meurtres de femmes. Depuis quelque temps, des femmes sont tuées par leur conjoint violent dans toute la région du Batzan (jusque-là, malheureusement, rien de nouveau) mais leur cadavre est mutilé post mortem : un bras coupé net qui disparaît. Les maris, qui ne se connaissent pas entre eux et sont de tous les milieux sociaux, se donnent tous la mort à la suite de leur crime et tous laissent comme dernier message : « TARTTALO ». Amaia ne le sait pas encore, mais cette enquête va la toucher encore de plus près que celle du Basajaun, et ce n’est pas peu dire…
« De Chair et d’Os », deuxième tome de la Trilogie du Baztan, prends directement la suite du « Gardien Invisible ». Même si, j’imagine, on doit pouvoir lire ce roman sans avoir lu son prédécesseur, j’ai du mal à imaginer qu’on le fasse sans bien réussir à appréhender tous les aspects du roman (concernant notamment l’enfance d’Amaia, et l’histoire complexe de sa famille). C’est un peu le problème d’une trilogie comme celle du Baztan, les romans sont tellement liés intimement qu’ils constituent un bloc qu’il est délicat de couper en morceaux. « De Chair et d’Os » commence doucement et dans une certaine confusion : 3 intrigues sont menées parallèlement : celle des profanations, celle des bras coupés et une troisième va intervenir, trait d’union entre les deux, mettant en scène directement la famille Salazar. Tel un entonnoir, tout finit par se rejoindre pour donner corps à une histoire cohérente, de plus en plus passionnante au fil des chapitres, et assez crédible pourvu qu’on soit un petit peu indulgent. En effet, les mythologies navarraises et basques, les créatures mythiques, les apparitions, l’ésotérisme et la divination, tout cela est plus qu’une simple toile de fond au roman. Il faut accepter une certaine part de magie et d’irrationnel dans les polars de Dolores Redondo, si on est allergique à cela mieux vaut éviter de persévérer : j’ai l’impression que c’est encore plus présent que dans « Le Gardien Invisible ». Ici, il est question de violences machistes (un véritable fléau en Espagne) et Amaia, de par sa position de chef d’une équipe entièrement masculine, est bien placée pour savoir que le machisme imprègne profondément la société espagnole. Du côté de sa famille aussi, il aurait mieux valu qu’elle soit un homme. Il est ici davantage encore question de sa mère, détraquée et dangereuse. Si elle était évoquée dans le roman précédent, à présent elle est un personnage en tant que tel et que ce soit en flash back ou au présent, abominable et terrifiante. Le roman se termine sur une interrogation qui peut tout laisser supposer, après des chapitres de fin forts en suspens et en émotion. Même si les ait découverts par l’intermédiaire de l’adaptation Netflix (et donc que les rebondissements ne me surprennent pas autant qu’ils le devraient), j’aime beaucoup me laisser embarquer dans l’univers sauvage de la vallée du Baztan où la modernité vient se heurter au mur des croyances millénaires, où la nature sauvage ne vous fait aucun cadeau, où il ne fait pas bon, décidément, naître fille.
Je m'étais récemment régalée avec 'Le gardien invisible', et j'ai donc été ravie d'emprunter les deux tomes suivants juste avant la fermeture pour rénovation de ma médiathèque !
J'ai été ravie de retrouver, dans ce deuxième tome, les personnages découverts précédemment autour de l'inspectrice Amaia Salazar. Ses terreurs d'enfance resurgissent quand une entité qui semble paranormale rôde autour d'elle, signant les suicides de tueurs de femmes et approchant sa propre mère.
Sur fond de secrets de famille qui refont surface trente ans après, avec les esprits des lieux qui, dans ses rêves, orientent son enquête, on sent le poids des croyances ancestrales sur ces forêts profondes des Pyrénées basques.
Une écriture toujours sèche et rapide, des seconds rôles attachants et bien campés, j'ai beaucoup apprécié la lecture de ce roman ... mais je vais attendre un peu avant de me plonger histoire de rester un peu plus longtemps avec eux avant de découvrir l'adaptation cinématographique de cette trilogie, récemment diffusée par Arte
Au tribunal de Pampelune, la mère de Johana Marquez attend que soit jugé celui qui a assassiné sa fille. Mais Jason Medina a décidé d'échapper à la justice en se tranchant la gorge avec un cutter dans les toilettes du tribunal. Dans sa poche, une enveloppe adressée à l'inspectrice Amaia Salazar, à l'intérieur un seul mot : ''Tarttalo''. Pour la policière qui vient de donner naissance à un petit Ibai, ce n'est que le début d'une périlleuse enquête. Des femmes originaires de la vallée de Baztan meurent sous les coups d'un mari ou d'un amant abusif, leurs corps est amputé d'un bras qui reste introuvable et les assassins se suicident en laissant derrière eux la même signature, celle du Tarttalo, ce cyclope légendaire, anthropophage cruel et monstrueux. Entre deux tétées, Amaia se met à la poursuite du monstre, tout en s'occupant de l'église d'un petit village, victime de profanations à répétition. Un lien pourrait exister entre celles-ci et les Cagots, une communauté de parias, victimes d'une terrible discrimination durant des siècles. Une lourde charge de travail pour la jeune maman qui peine concilier enquêtes et vie de famille.
Si c'est toujours un plaisir d'embarquer pour le pays basque avec Dolores Redondo, ce deuxième tome de la trilogie du Baztan souffre de la personnalité agaçante de l'inspectrice Salazar qui n'en finit pas de sombrer dans sa triste histoire familiale tout en se démenant pour être une mère parfaite, activité peu compatible avec la vie trépidante de chef de la brigade spéciale des homicides de Pampelune. Au four et au moulin, Amaia en devient pleurnicharde et injuste envers un mari, parfait lui pour le coup, qui tente de lui faciliter la tâche et ne reçoit en contrepartie que silences renfrognés et récriminations. La famille d'Amaia reste d'ailleurs au centre de cette nouvelle enquête, sa terrible mère n'ayant jamais fini de nuire, même du fin fond de l'hôpital psychiatrique où elle est enfermée. Mais si l'on passe outre ce défaut, De chair et d'os est encore une fois un fabuleux voyage dans la mystérieuse vallée du Baztan, entre nature sauvage et croyances ancestrales. Le basajaun, gardien de la forêt, laisse ici la place au Tarttalo, qui, selon la légende, se régalait d'agneaux, de bergers et de tout être humain passant par là, n'hésitant pas à entasser les ossements de ses victimes devant sa grotte, histoire d'impressionner le voisinage. L'occasion pour l'auteur d'évoquer les ''instigateurs'', ces criminels qui incitent au meurtre par leur pouvoir de persuasion, sans y participer activement. Et ce n'est pas là le seul intérêt de cette longue et passionnante intrigue puisqu'il y est aussi question des Cagots. Surtout connus dans le Sud de la France et l'Espagne, ils vivaient en marge des village, accusés de tous les maux, condamnés à vivre entre eux sans pouvoir se mêler au reste de la population. Pas suffisamment exploité par l'auteur, ce sujet méconnu mérite qu'on s'y attarde et qu'on le creuse par des recherches personnelles.
Bref, un polar intéressant par ses aspects culturels, doté d'une intrigue qui tient la route, mais qui mériterait d'être allégé des tourments maternels de l'enquêtrice. La suite est d'ores et déjà dans les librairies, on veut bien se laisser tenter...
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