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Pour secourir Sigismond de Hongrie dont le royaume est menacé par les Turcs, une immense armée franco-bourguignonne précédant ses alliés quitte Dijon le 30 avril 1396. Les princes chargés du commandement font assaut d'ostentation tant par leurs armes, armures et vêtements que par leurs richesses entassées dans d'innombrables chariots.
Le jeune chevalier Gui de Clairbois, au service du maréchal Jean le Meingre, dit Boucicaut, figure parmi les croisés. Sa mémoire lui restitue parfois, outre celle de sa mère, l'image décevante d'Alix, prématurément disparue ; celle de Marie, la paysanne de Wizernes qui lui avait inspiré une compassion profonde, et enfin celle d'Héloïse, la fille d'un armurier de Tours qu'il a décidé d'épouser dès son retour de Turquie.
Mais en reviendra-t-il ? La présomption des grands capitaines dont il subit peu ou prou l'autorité ne cesse de le consterner. Un inguérissable pessimisme le gagne. Son unique satisfaction est d'avoir secouru et sauvé une jeune Turque, aidé par son "compain" Yvain d'Antigny.
Les exactions, les beuveries voire les bacchanales se succèdent. Gui en tire les leçons. Cet ost dit "chrétien" et dévoyé mérite la défaite et ses grands chevaliers le déshonneur.
Le 25 septembre 1396, dans la plaine et sur les collines de Nicopolis, Bayézid le Turc surnommé " l'Éclair " ou " la Tempête ", vaincra les derniers croisés et ordonnera aux janissaires et aux sipahis survivants du massacre d'assouvir leur vengeance et la sienne en faisant exécuter, dans des conditions atroces, 3000 rescapés d'une armée réduite en lambeaux.
Capturés eux aussi et promis à un trépas terrifiant, Gui et Antigny s'apprêtent à mourir...
La longue marche vers l'Orient et sa conséquence inéluctable : l'horrible bataille de Nicopolis occupent une place réduite dans la plupart des ouvrages "sérieux" consacrés au règne de Charles VI. Pour remédier à cet inconvénient, Pierre Naudin fait cheminer les hommes d'armes du roi de France et du duc de Bourgogne vers leur ténébreux destin. Avec le talent qu'on lui reconnaît et pour la satisfaction de ses lecteurs de plus en plus nombreux, il décrit avec sa minutie et sa coutumière passion de l'authenticité ce que fut la dernière croisade. Il dénonce les " conduiseurs " dont l'impéritie fut fatale à des milliers de guerriers convaincus d'écraser des mécréants et de christianiser une Turquie dont l'expansion inquiétait alors, quand elle ne les terrorisait pas, les royautés européennes.
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