"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Il ne sait pas encore, ce déjà vieil homme qui soliloque dans les rues d'une ville de province, ce «retraité» dont toute la vie sans doute s'est passée à battre en retraite, le plus dignement possible - il ne sait pas encore, «Coco perdu», que s'il se parle à lui-même c'est qu'il n'a déjà plus personne à qui parler. Et que personne ne lui répondra désormais. Il a accompagné sa femme au train de Paris. Une brève absence ? Un court voyage ? Non, bien davantage : après deux jours d'angoisse inavouée, le narrateur s'aperçoit que «Fafa» est partie pour toujours. Il découvre sa solitude finale, sans doute irrémédiable.Tout est parole, et rien n'est dit, dans ce récit où le lamento prend subtilement les apparences du bavardage «de fil en aiguille», où les bâtons rompus cachent un coeur brisé. La détresse, le courage quotidien, l'humour familier et le désespoir silencieux, tapi derrière les paroles qui se donnent l'air, par politesse, d'être paroles en l'air : Coco perdu témoigne une fois de plus du très grand art pudique de l'auteur du Sang noir.
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