"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
En 1941, à la suite des Juifs et des Tsiganes, les Chinois d'Italie sont internés dans la région des Abruzzes, au pied de la montagne du Gran Sasso.
Quelques 116 Chinois vont ainsi passer trois ans, confinés en semi-liberté, comme une masse indistincte, sans comprendre réellement les raisons de leur internement, si ce n'est l'immense folie de Mussolini. Oubliés de tous, ils seront incarcérés jusqu'en 1943.
Né en 1976, Thomas Heams-Ogus est enseignant-chercheur en biologie. "Cent seize chinois et quelques" est son premier roman.
Ce premier roman (de 140 pages environ) sorti lors de la rentrée littéraire de septembre 2010 est assez réussi dans son ensemble.
Dans les Abruzzes, en Italie, près de Teramo sont internés 116 chinois devenus des ressortissants d'une nation ennemie lorsque le Japon entre en guerre. Le plus étonnant est l'abnégation et le silence de ces derniers qui, résignés acceptent leur sort malgré eux : "Les Chinois […] s'assiéraient encore, le temps qu'arrive le repas du soir. L'air de rien en effet, c'était la manière de supporter la violence de ce lieu. Ils mangeaient et déposaient à leurs côtes leurs petits paquets de questions […] On ne leur demandait rien. Ils étaient. Après le repas expédié, ils regagnaient à leur rythme, en fonction de leurs forces ou de la couleur de leur désespoir , leur place dans le dortoir pour y affronter le grand silence de la nuit" (pages 47-48).
Antoine Tchang, un missionnaire, tente de les convertir au catholicisme : "les plus assidus du groupe, une quarantaine, demandèrent à être baptisés. En l'apprenant Tchang fut d'abord incrédule" (page 59).
Bien que très documenté et bien écrit, on peut cependant regretter l'absence de dialogues qui auraient rompu la monotonie du récit. Un livre court mais prenant qui permet découvrir un épisode (authentique) mal connu de la seconde guerre mondiale.
Improbable ce roman ? Jugez-en ! Et un, peu banal l’épisode du confinement de cent seize Chinois et quelques – des commerçants pour l’essentiel – dans un village perdu des Abbruzes sous prétexte que leur pays est en guerre contre le Japon lié à l’Allemagne nazie et à l’Italie fasciste, le triangle fondateur de l’Axe opposé aux Alliés durant la seconde guerre mondiale. Et deux, étonnante la fascination et l’obstination de Thomas Heams-Ogus, jeune ingénieur agronome vierge d’écriture qui déniche l’étrange affaire, se documente, enquête sur le terrain, creuse, place dans son contexte, met en forme et rédige avant d’envoyer son manuscrit à l’encan par la Poste… Le Seuil l’édite dans sa précieuse collection Fiction & Cie. Et trois, surprenante la lecture où éclate la maturité de l’écrivain débutant qui fait montre d’un style expressionniste affirmé au travers d’une écriture pleine et déliée d’où sourd une langue poétique riche de symboles et chargée de sens.
Le livre est retenu dans le dernier carré des prétendants au prochain prix Goncourt du jeune roman. Que voilà un probable lauréat !
Ps : le hasard (favorisé par la confrontation de quelques critiques) fait que j’ai un avis sur quatre des sept romans nommés par le jury de la place Gaillon : avis personnel concernant Le Confident (Hélène Grémillon), Le Réprouvé (Michaël Hirsch) et le ci-devant, avis conjugal pour La fille de son père (Anne Bérest). Ma préférence va à la Chine !
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